Un projet majeur de porcherie qui inquiète à Saint-Adelphe
SAINT-ADELPHE. Une porcherie répartie sur trois bâtiments et d’une capacité de 11 997 porcs verra le jour en 2022 aux abords du rang Price, à Saint-Adelphe. Le projet suscite de l’inquiétude chez certains résidents du secteur.
Piloté par Cultures Excel – une entreprise appartenant à Patates Dolbec – le projet implique aussi deux autres partenaires, soit Olymel et Avantis Coopérative, qui font tous deux parties de Sollio Groupe Coopératif, un géant de l’industrie agroalimentaire au Québec.
Peu de citoyens étaient au courant du dossier jusqu’à ce que la municipalité lance à la mi-septembre une invitation pour une consultation publique le 29 septembre visant à présenter le projet et recevoir les questions et commentaires du public. Invoquant des informations manquantes, le conseil municipal a finalement annulé la rencontre quelques jours avant sa tenue. Elle devra cependant être reprise par la prochaine administration qui sera élue le 7 novembre prochain.
Il fait en effet peu de doute que près de 12 000 porcs débarqueront dans les prochains mois à Saint-Adelphe, car les promoteurs ont déjà en main toutes les autorisations du ministère de l’Environnement. « Effectivement, tant qu’ils respectent les règles, la municipalité ne peut les empêcher de s’installer. On ne peut que leur demander de mettre en place des mesures d’atténuation. La consultation publique va servir à ça », a confirmé le maire sortant Paul Labranche.
Le lisier comme engrais
Rejoint par L’Hebdo, le directeur général de Patates Dolbec, Hugo d’Astous, explique que le projet vise à combler autant les besoins de son entreprise que ceux de ses partenaires.
« Olymel a une maternité à Saint-Catherine-de-la-Jacques-Cartier et ses porcs devaient être envoyés en Ontario pour l’engraissement. Il cherche à rapatrier cette étape au Québec. En établissant la ferme d’engraissement, à Saint-Adelphe, ça va leur permettre de sauver des coûts de transport. Et en mettant moins de camions sur les routes, c’est aussi gagnant au niveau de l’empreinte écologique », précise le gestionnaire.
La proximité de l’abattoir d’Olymel à Yamachiche, à environ 85 kilomètres de Saint-Adelphe, s’avère aussi un facteur non négligeable.
Du côté de Patates Dolbec, l’entreprise compte utiliser le lisier généré par les trois unités de la porcherie pour fertiliser ses champs en grande culture. « On cherche à réduire l’utilisation des engrais chimiques dans nos champs, révèle Hugo d’Astous. Nous allons installer un équipement pour séparer la portion liquide du lisier de la partie solide. La partie plus liquide sera utilisée à proximité de la porcherie tandis que nous pourrons transporter le fumier solide dans nos champs plus éloignés. »
Le directeur général de Patates Dolbec estime que l’emplacement de la future porcherie est adéquat. « Olymel cherchait un endroit assez isolé pour ne pas introduire des maladies dans les installations et suffisamment éloigné des habitations. Nous leur avons proposé ce champ que nous avions à Saint-Adelphe. »
Inquiétude du voisinage
Résidant non loin de là sur le rang Price, Véronique Bégin ne l’entend pas ainsi et a rapidement informé son voisinage de l’arrivée prochaine d’une dizaine de milliers de cochons.
« Dans notre rue, on est tous en désaccord avec le projet. On ne devrait plus permettre de créer ce genre d’entreprises au Québec », déplore celle qui a créé le groupe Facebook Contre la nouvelle industrie porcine à St-Adelphe pour mobiliser la population.
Selon elle, le problème réside beaucoup dans les règles permettant l’établissement de ce type d’installation. « Les prometteurs respectent toutes les lois, reconnait-elle. Ils n’avaient pas le droit d’être à moins de 15 pieds d’un ruisseau. Les bâtiments vont être à cinquante pieds. Ils ne devaient pas avoir plus de 4000 porcs par installation. Ils en construisent trois d’une capacité de 3999 chacune », termine celle qui est venue s’établir à Saint-Adelphe cet été avec sa petite famille justement pour pratiquer une agriculture à échelle humaine.