La forêt enchantée de Céline Mongrain

HÉROUXVILLE.  À première vue, ce sont des arbres comme les autres à la différence que certains logent de petites maisons habitées par des gnomes, surveillés par les blobs et bientôt les trolls. 

En mettant les pieds sur sa propriété du rang Saint-Pierre à Hérouxville, nous sommes accueillis par un husky… et un troll chauve, à la peau verte et aux grandes oreilles. « Il a l’air méchant comme ça, mais il est innocent », sourit Céline Mongrain qui s’est mise à la sculpture sur bois il y a cinq ans durant une longue convalescence faisant suite à une opération au cœur.   

Héritant de l’habileté manuelle de son père menuisier, cette retraitée a toujours aimé bricoler et dessiner au gré de son inspiration. « Je suis autodidacte », précise celle qui qualifie ses œuvres d’art naïf. Il y a deux ans, lors d’une marche dans la forêt, le regard de Céline Mongrain est attiré par une cavité dans un arbre.

Et si elle la recouvrait d’une porte donnant accès à un univers mystérieux?

Débordant d’imagination, elle se lance avec frénésie dans la construction de ce monde ludique où elle établit les règles et développe le scénario. Les habitants des maisons seront des gnomes, les blobs bleus au nez en forme de trompe sont de joyeux lurons protecteurs et les trolls sont aussi menaçants que naïfs. « S’ils voient une pancarte avec l’inscription  »Interdit aux trolls », il ne la franchiront pas », raconte sans rire l’artiste sculpteur.

Mené sans prétention et pour son simple plaisir au départ, le projet artistique attire rapidement l’attention de la petite-fille de son voisin. « Elle y emmène maintenant ses amis », se réjouit Céline Mongrain qui a maintenant une trentaine de personnages et maisons disséminés un peu partout le long du sentier d’un peu plus d’un kilomètre. « Quand tu le marches tranquillement, ça peut prendre environ une heure. Le temps de trouver les portes et de découvrir ce qui s’y cache. »

En déambulant dans le sentier, on y aperçoit ici et là, quelques paires d’yeux accrochées aux arbres. Un gnome au bout d’une balançoire.  Avec ses maisonnettes aux couleurs vives et reluisantes grâce à un vernis laqué, la forêt enchantée prend tout son éclat pendant l’hiver alors que la végétation est enfouie sous la neige. Céline Mongrain rapatrie au printemps celles qui ont été abîmées par les intempéries, le temps de les remettre sur pied avant qu’elles ne regagnent la forêt à l’automne.

L’artiste autodidacte compte aussi y intégrer des sculptures de plus grands formats. Un personnage (photo ci-dessus) y loge déjà et le troll vert viendra le rejoindre à la fin de l’été. « Pour les personnages de grande taille, j’ai tendance à faire des pattes courtes, mais ce n’est pas grave. Ça reste des personnages imaginaires », souligne celle qui participera à la Foire Mékinoise en novembre prochain. « Je vais apporter de mes maisonnettes, mais aussi des jouets et des casse-têtes en bois pour enfant que j’ai commencé à faire. »

Céline Mongrain compte continuer à peupler son univers ludique dans les prochaines années. Elle ne vise pas en faire une attraction publique, mais demeure ouverte à accompagner des gens qui voudraient y aller jeter un coup d’œil. Celle qui faisait du remplacement dans les garderies dans son ancienne vie verrait bien des petits enfants venir découvrir la magie de cette forêt enchantée…