De la fille de ville à la fille des champs

SAINT-SÉVERIN.  À voir aujourd’hui Audrey Vanasse Larochelle cultiver les légumes au champ et cueillir les comestibles en forêt, difficile d’imaginer que la jeune femme a grandi dans un environnement de bitume à Trois-Rivières.

« Ce n’était pas du tout une vocation, sourit la propriétaire de la Ferme La Parcelle à Saint-Séverin qui vient de compléter sa troisième saison. J’étais allée voir un orienteur à la fin de mon secondaire. J’aimais travailler en plein air et j’avais un côté science fort à l’école. En faisant les tests, c’est l’agronomie qui est ressortie. J’ai donc commencé un DEC en production maraîchère pour voir si j’aimais ça. puis j’ai complété avec un bac en agronomie. »

Sur ses terres de près de 30 acres aux abords du chemin de la Côte Saint-Louis, l’agronome cultive différents légumes qui se démarquent des productions traditionnelles comme du kale, de la bette à carde, du raviole, de la tomatille, du chou rave, etc.

« Mon plaisir, c’est de faire découvrir des légumes que les gens ne connaissent pas ou bien qu’ils connaissent, mais que je leur présente différemment. Cet été par exemple, dans les paniers que je prépare pour mes clients, j’avais fait cuire des radis. Ça enlève le petit côté piquant et c’est super bon », raconte Audrey Vanasse Larochelle.

Entre ses ventes à la ferme à Saint-Séverin et son kiosque au Marché public Kapibouska à Saint-Tite, l’agricultrice préparait hebdomadairement une soixantaine de paniers de légumes. « En 2022, j’en avais seulement 19, mais cette année, il y a eu un engouement pour mes paniers. J’ai quelques grandes entreprises dans ma clientèle qui paient une partie du coût du panier aux employés qui adhèrent. C’est une belle formule. »

Audrey Vanasse Larochelle confie que son projet entrepreneurial est aussi une affaire de famille.

« Ma famille est très présente. Mon frère, sa blonde et mes nièces viennent m’aider au champ. Mon père fait des livraisons ou tient le kiosque au marché public, tandis que ma mère m’aide pour la transformation des produits », poursuit celle qui compte aussi sur une employée pour la seconder.

Parallèlement à sa production maraîchère, l’agronome a développé une passion pour la cueillette des comestibles forestiers. « On pense tout de suite aux champignons, mais il y en a tellement d’autres que nos ancêtres mangeaient auparavant et qui sont aujourd’hui oubliés. »

Sur sa propriété à Saint-Séverin, Audrey Vanasse Larochelle dispose d’un boisé de près de 30 acres dans lequel elle cueille, à différents moments de l’année, des quenouilles (asperge cosaque), des cocottes de mélèzes (marinées), des pousses de sapins, les chatons des aulnes (poivre des dunes), le sumac des vinaigriers (limonade), feuilles de framboisiers (tisanes), etc. qui peuvent tous être employés en cuisine de différentes façons.

Les récoltes forestières de l’agricultrice trouvent rapidement preneur chez des chefs cuisiniers de tables réputées de la région comme Le Buck à Trois-Rivières et Le Presbytère à Saint-Stanislas.

Soucieuse de préserver l’écosystème de sa forêt, Audrey Vanasse Larochelle pratique la cueillette responsable, en récoltant aux bons stades de maturité et en veillant à laisser en place suffisamment de plants pour en assurer la pérennité. « Il ne faut pas aller en contresens de la nature. Il faut vraiment y aller dans le sens de ce qu’elle a à nous offrir à la base », termine l’ancienne fille de ville…