Maroquinière depuis près de 50 ans

SAINT-NARCISSE. L’artiste Guylaine Veillette travaille le cuir depuis près de 50 ans. Dans son atelier, à Saint-Narcisse, elle crée des pièces en tout genre, allant du porte-monnaie aux accessoires à cheveux.

C’est à l’âge de 15 ans qu’elle a découvert sa passion. « J’étais en troisième secondaire au Collège Marie-de-l’Incarnation, raconte Mme Veillette. C’était un cours que je pouvais prendre en option. Je me souviens l’avoir choisi parce que j’aimais beaucoup la soeur qui l’offrait. Dès la première ligne que j’ai tracée dans le cuir, j’ai eu un coup de foudre. »

Toutes les semaines, pendant plusieurs mois, elle s’est appliquée à réaliser de belles pièces pour sa famille. « Mes oncles, mes tantes: tout le monde voulait que je leur fasse quelque chose, se souvient-elle. Comme je n’avais cette option que deux heures par semaine, j’ai repris ce cours en quatrième et en cinquième secondaire. »

Au fur et à mesure que sa passion grandissait, son carnet de commandes se remplissait. « Quand j’ai terminé le cégep, j’avais tellement d’ouvrage là-dedans que j’ai continué à travailler le cuir, dit-elle. Ça faisait 10 ans que je faisais ça quand, un beau matin, j’ai réalisé que je n’avais jamais postulé pour un emploi. Ça m’a toujours comblée. C’est encore le cas. »

À ses débuts, elle était l’une des seules femmes dans le domaine, la majorité des maroquiniers étant des hommes. « C’est un travail manuel et très difficile physiquement, spécifie-t-elle. Non seulement il y avait très peu de femmes, mais j’étais aussi la plus jeune dans les expositions. J’ai commencé à faire des expositions à la fin du secondaire, dans les années 1979-1980. »

Peu de temps après, vers 1985, Mme Veillette a ouvert une boutique dans le sous-sol de sa maison. On y retrouve des centaines de pièces, dont des portes-monnaies, des bourses, des ceintures, des bracelets et des accessoires à cheveux. Une véritable caverne d’Ali Baba!

Un travail de minutie

Chaque création est faite à la main, de A à Z, de la découpe du cuir jusqu’à la finition. « Quand je commence un projet, je choisis d’abord un patron parmi ceux que j’ai dessinés. Ensuite, je sors de grands rouleaux de peaux de cuir dans lesquels je découpe les pièces, énumère-t-elle. J’utilise un cuir de tannage végétal. La peau est trempée dans une solution d’eau et d’écorce d’arbre au traitement, ce qui fait qu’on obtient un cuir plus rigide. Ce cuir-là se travaille mouillé. »

« Ensuite, je trace le dessin au crayon, puis à l’aide d’un ciseau spécial, ajoute-t-elle. Après, je martèle le cuir pour créer le relief. Les matoirs donnent du relief par l’intérieur et l’extérieur. J’ai différents matoirs pour donner différents effets. Chaque matoir a sa fonction. Ensuite, c’est la teinture à partir d’éponges ou de linges. Tout ce qui a été martelé reste beige, alors je dois rajouter de la couleur pour unifier le tout. C’est entièrement peint à la main. Après, je donne deux couches de vernis et une couche d’un produit imperméabilisant. »

Pour finir, Mme Veillette perce un à un les trous dans les morceaux de cuir avant de lacer. Tout ce travail peu prendre de trois à huit heures, selon le produit.

Un travail thérapeutique

Pour l’artisane, il y a quelque chose de thérapeutique dans le fait de travailler le cuir.

« C’est un travail manuel et de précision. Il faut tellement se concentrer qu’on oublie tout le reste, explique Mme Veillette. Le cuir, ça ne pardonne pas, ça ne se corrige pas. Si tu donnes un coup de ciseau au mauvais endroit, c’est trop tard. »

Depuis cinq ans, son mari à la retraite lui donne un coup de main. Ensemble, ils ont participé à de grosses expositions aux quatre coins du Québec et au Nouveau-Brunswick. Et bien qu’elle approche elle aussi de l’âge de la retraite, elle n’a nullement l’intention de cesser de travailler.

« Mon atelier est en face de ma chambre à coucher. Je rentre directement ici tous les matins. J’en ai fait pas mal tous les jours de ma vie, sauf quand j’ai accouché et que j’ai été opérée. C’est viscéral. Je vais en faire tant que je vais être physiquement capable et que j’aurai la passion », conclut-elle.

À noter que les gens intéressés à visiter la boutique doivent préalablement contacter l’artisane par courriel à guylaine_veillette@icloud.com ou par téléphone au 819 295-3454.