Ce que raconte Trudeau dans des balados est un avant-goût de la campagne électorale

OTTAWA — Le cabinet de Justin Trudeau tente une nouvelle stratégie pour étendre la portée de son message.

Le premier ministre fédéral était récemment l’invité de quatre balados où il s’est montré ouvert au sujet des défis qui l’attendaient au cours des prochains mois.

Il a aussi parlé de sa foi catholique et de son désir de revenir à l’enseignement lorsqu’il quittera la scène politique.

Ces participations coïncident avec des sondages qui indiquent que le dernier budget fédéral n’a pas renversé le déclin des libéraux au sein de l’électorat.

Le contenu et la longueur — de 30 à 60 minutes — de ces entrevues peuvent varier. Chaque balado attire des audiences très différentes.

D’un côté du spectre, il y a le balado «Today Explained» de Vox, diffusé sur des stations de radio américaines. De l’autre, il y a YXE Underground, qui s’attarde à la vie de héros méconnus à Saskatoon, en Saskatchewan.

La disponibilité du premier ministre pour un aussi petit marché peut surprendre. D’ailleurs, quand le cabinet a contacté l’animateur du balado, Eric Anderson, celui a effacé le courriel, croyant à une farce.

L’objectif est de reconquérir les faveurs électorales des membres de la génération Y et de la génération Z qui l’avaient porté et maintenu au pouvoir lors des précédents scrutins.

La Presse Canadienne a écouté ces entrevues afin de comprendre la pensée actuelle de Justin Trudeau.

La lutte contre les changements climatiques par l’entremise d’une tarification du carbone a été l’un des principaux thèmes abordés.

Le chef conservateur Pierre Poilievre et une majorité de premiers ministres provinciaux ont grande reproché au gouvernement fédéral l’imposition d’une taxe sur le carbone. Selon eux, cette mesure a favorisé l’augmentation du coût de la vie. La taxe a entraîné une augmentation du prix de l’essence de trois cents le litre, une hausse depuis longtemps prévue.

«Quand le prix a augmenté de 20 cents, les gens ont mis ça sur le dos de la taxe sur le carbone, alors qu’elle ne représente que trois cents, a lancé M. Trudeau au balado The Big Story. Et nous avons augmenté en même temps la Remise canadienne sur le carbone. Nous vivons un contexte où les gens cherchent des causes à leur frustration. La taxe est une cible facile.»

Il reconnaît qu’il doit se montrer patient. La population finira bien par entendre son message selon lequel la remise profite aux classes les plus défavorisées.

«Personne ne l’entend à l’heure actuelle, a dit le premier ministre. Mais je continue de la défendre. Et dans un an et demi, quand les électeurs voteront, ils seront plus informés sur l’alternative.»

M. Trudeau a ajouté que s’il avait seulement voulu être populaire, il aurait choisi une autre voie, mais il y aurait eu un prix à payer.

Cela signifierait aussi que les sacrifices imposés à sa vie familiale pour se consacrer à la politique «n’auraient pas valu la peine».

Sur les ondes de Vox, M. Trudeau a mentionné qu’il s’agit de résister à la poussée du populisme et des leaders autoritaires.

«La démocratie est vraiment menacée», a-t-il commenté. 

Selon lui, les Canadiens auront la chance de choisir le pays qu’ils veulent avoir au cours des prochaines élections qui auront lieu au plus tard en octobre 2025.

«Sommes-nous un pays qui croit aux preuves et à la science? Sommes-nous un pays qui croit que nous devons nous entraider? Que le gouvernement doit jouer un rôle pour protéger la population? Que le monde doit agir de manière responsable?»