Robert Couturier, de Notre-Dame de Montauban, était avec le Régiment de la Chaudière le matin du 6 juin sur les plage de Normandie. Il a traversé la moitié de l'Europe et comme ses camarades, était toujours présent le jour de la victoire. Pendant ce temps, son frère Léo servait avec le R22R en Italie.
GUERRE. Il y a 75 ans aujourd’hui, le 6 juin 1944, 14 000 Canadiens prenaient part au débarquement de Normandie en France, moment clé de la Seconde guerre mondiale.
Enseignant à l’école secondaire Paul-Le Jeune, Jean-Pierre Frigon a longtemps sensibilisé ses étudiants à cette journée historique en invitant des vétérans de la région, qui ont participé à cette opération militaire, à venir témoigner de leur expérience. Il a même à quelques reprises organisé des voyages avec ses étudiants pour aller directement sur la plage de Normandie où les soldats alliés ont entrepris la reconquête de l’Europe contre les nazis.
Au fil des ans, le professeur d’histoire a réussi à recenser 19 militaires natifs de la région de Mékinac, tous engagés volontaires, qui ont soit participé au débarquement de Normandie le 6 juin, soit qui sont débarqués dans les jours suivant et ont participé à la campagne de Normandie entre le 6 juin et le 18 août 1944 (fermeture de la poche de Falaise par l’armée canadienne).
Environ 125 000 canadiens ont combattu durant ces neuf semaines infernales et 18 700 furent tués ou blessés. Pour la seule journée du 6 juin 1944, un millier d’entre eux perdront la vie.
Avec la généreuse contribution de Jean-Pierre Frigon, voici les noms des 19 soldats de Mékinac qui ont participé à la campagne de Normandie.
Débarquement de Normandie (6 juin 1944)
Edgar Gagnon (Lac-aux-Sables)
Albert Villeneuve (Lac-aux-Sables)
Jean-Paul Brousseau (Hérouxville)
Robert Couturier (Notre-Dame-de-Montauban)
Henrius Lavoie (Notre-Dame-de-Montauban)
Lucien Picard ((Notre-Dame-de-Montauban)
Marc-André Germain (Saint-Adelphe)
Jules Thiffault (Saint-Tite mais natif de Saint-Stanislas)
Laurent Michaud (Hérouxville)
Campagne de Normandie
Laurent Rompré (Saint-Séverin)
Alphonse Déry (Saint-Séverin)
Joseph Villeneuve (Lac-aux-Sables – frère d’Albert)
Aldéric Gagnon (Lac-aux-Sables – frère d’Edgar)
Francois Perron (Sainte-Thècle)
Les frères Gaston et Léopold Bourassa (Lac-aux-Sables)
Adonaï Chouinard (Saint-Tite)
Ovide Lahaie (Saint-Tite)
Rosaire St-Gelais (Sainte-Thècle)
À noter qu’Ovide Lahaie avait été rapporté tué au combat. Sa famille a porté le deuil jusqu’à ce qu’on découvre qu’il avait été blessé et fait prisonnier par les Allemands. Concernant Rosaire St-Gelais, il a fait partie d’un détachement canadien qui a participé au nettoyage du camp de concentration de Bergen Belsen, celui ou Anne Frank est décédée). Quant aux frères Edgar et Aldéric Gagnon, de Lac-aux-Sables, ils se mariés en Angleterre au terme de la guerre.
Tous ses vétérans sont aujourd’hui décédés, le dernier étant Jules Thiffault. À l’occasion du 50e anniversaire du débarquement en 1994, il témoignait ainsi: «Ce fût l’enfer durant 11 mois sans répit! Je fus blessé plusieurs fois par balles et éclats d’obus et quelques autres accidents! À chaque fois que je sortais de l’hôpital, je revenais au Régiment de la Chaudière, ma famille!»
Avec la collaboration de Jean-Pierre Frigon
Jules Thiffault, natif de Saint-Stanislas et devenu un résident de Saint-Tite par la suite. Il a fait toute la campagne de Normandie, a été blessé au ventre en Hollande et est retourné au combat à sa demande au lieu d’être rapatrié. Il avait recueilli ce petit chien qu’il porte dans ses bras en Hollande et il était devenu son compagnon d’aventure jusqu’à la fin de la guerre.
Edgar Gagnon de Lac-aux Sables (secteur Hervey Jonction). Il a fait le jour J et toute la campagne de Normandie et a traversé la France, la Hollande et l’Allemagne sans aucune blessure. Il s’était marié en Angleterre avec Eleen, une britannique qu’il avait ramené avec lui au retour de la guerre. Malheureusement il est décédé par noyade lors d’une expédition de pêche et Eleen retourna vivre en Angleterre avec ses enfants.
Edgar Gagnon de Lac-aux Sables (secteur Hervey Jonction). Il a fait le jour J et toute la campagne de Normandie et a traversé la France, la Hollande et l’Allemagne sans aucune blessure. Il s’était marié en Angleterre avec Eleen, une britannique qu’il avait ramené avec lui au retour de la guerre. Malheureusement il est décédé par noyade lors d’une expédition de pêche et Eleen retourna vivre en Angleterre avec ses enfants.
Les frères Joseph et Albert Albert Villeneuve de Lac-aux-Sables devant l’épave d’un panzer allemand quelque part en Normandie. Albert (à droite) était du jour J avec le Régiment de la Chaudière alors que son frère Jos est débarqué quelques jours plus tard dans une unité de soutien du Royal Canadian Army Service Corps.
François Perron de Sainte-Thècle avec son épouse Gabrielle Magnan également de Sainte-Thècle. M Perron est arrivé en Normandie quelques jours après le débarquement avec les troupes de soutien. Il faisait partie du Corps Forestier dont la tâche était de couper et de fabriquer les pièces de bois dont le Corps du Génie avait besoin pour ses construction. Son histoire est originale car il était marié et Gabrielle est tombée enceinte avant son départ pour la guerre en 1941. Son fils Jean est née pendant l’absence de son père le 10 juillet 1941 et François a donc du patienter jusqu’à son retour de la guerre en juin 1945 pour tenir dans ses bras son fils agé de 4 ans.
Rosaire Saint-Gelais de Sainte-Thècle sur sa puissante moto. Rosaire est arrivé lui aussi en Normandie quelques jours après le débarquement au sein du 4è régiment d’artillerie. Il était chauffeur de camion, d’engins blindés et de motos. Il était entre autre conducteur du célèbre capitaine Pierre Sévigny et se trouvait à ses côtés à l’endroit précis où l’armée Canadienne referma la poche de Falaise le 18 août 1944 suite à une terrible bataille de 4 jours qui permit d’encercler 70 000 soldats allemands et de mettre fin à la campagne de Normandie. Ce qui le caractérise le plus c’est que Rosaire fut l’un des rares soldats canadiens à pénétrer dans un camp de concentration allemand. En avril 1945, à la toute fin de la guerre, son régiment envoya un détachement dont il faisait partie au camp de Bergen Belsen en Allemagne. M, Saint-Gelais conduisait alors un bulldoser pour pousser des piles de cadavres des juifs exterminés par les nazis dans des fosses communes. Le détachement a ainsi ensevelis près de 25 000 cadavres pendant près d’une semaine.
Adonaï Chouinard de Saint-Tite est arrivée en Normandie lui aussi avec l’artillerie quelques jours après le débarquement. Ce qui est intéressant dans son histoire c’est qu’il a fini la guerre avec les parachutistes, une troupe d’élite qui a fait la jonction avec les troupes russes en mai 1945.
Les frères Gaston et Léopold Bourassa de Lac-aux-Sables qui sont ici photographiés avec leur parents et leurs frères et soeurs au moment de leur départ pour la guerre. Ce qui est remarquable pour ces hommes c’est qu’il s’agit de deux frères qui ont servi au sein du même régiment pendant toute la guerre. En plus ils avaient le même grade, celui de sergent, et ils étaient tout deux chefs de pièce dans un régiment d’artillerie.