«Ça arrive», dit Vladimir Poutine au sujet de la mort d’Alexeï Navalny

Le président russe Vladimir Poutine affirme avoir soutenu l’idée de libérer Alexeï Navalny dans le cadre d’un échange de prisonniers quelques jours seulement avant la mort de l’homme qui était son plus grand ennemi politique.

S’exprimant pour la première fois au sujet de la mort de M. Navalny, M. Poutine a déclaré: «Ça arrive. On ne peut rien y faire. C’est la vie.»

Le discours du président russe était inhabituel dans la mesure où il a fait référence à plusieurs reprises à M. Navalny par son nom pour la première fois depuis des années.

Ce discours survenait également au terme d’un scrutin qui a permis à M. Poutine d’obtenir un cinquième mandat à la présidence de la Russie. Les premiers résultats lui offraient un soutien de 87 % dans une course sans réelle compétition.

Les alliés de M. Navalny ont aussi indiqué en février que des pourparlers avec des responsables russes et occidentaux au sujet d’un échange de prisonniers étaient en cours.

Maria Pevchikh, une associée de longue date de l’homme politique, a précisé que les pourparlers en étaient à leur phase finale quelques jours seulement avant la mort soudaine et inexpliquée du critique du Kremlin dans une colonie pénitentiaire de l’Arctique.

Par la suite, elle a accusé M. Poutine de s’être «débarrassé» de M. Navalny afin de ne pas le libérer, sans présenter de preuves pour étayer ses affirmations.

Lors de son discours, prononcé lundi en Russie, M. Poutine a plaidé, sans fournir de preuves non plus, que quelques jours avant la mort de M. Navalny, «certains collègues, non issus de l’administration (présidentielle)» lui avaient fait part de «l’idée d’échanger Navalny contre certaines personnes détenues dans des établissements pénitentiaires de pays occidentaux».

Il a confirmé avoir été en faveur de cette idée.

«Croyez-le ou non, mais la personne qui me parlait n’avait même pas fini sa phrase lorsque j’ai dit: « Je suis d’accord »», a mentionné M. Poutine en réponse à une question d’un journaliste au sujet de la mort de M. Navalny.

Il a ajouté que sa seule condition était que M. Navalny ne revienne pas en Russie.

«Mais malheureusement, peu importe ce qu’on fait, ce qui est arrivé est arrivé», a ajouté M. Poutine.

Alexeï Navalny, l’opposant politique le plus connu de Russie, est décédé le mois dernier à l’âge de 47 ans alors qu’il purgeait une peine de 19 ans de prison.

Ses alliés, des membres de sa famille et des responsables occidentaux ont imputé sa mort au Kremlin, accusations que celui-ci a rejetées.

Les autorités ont cité des «causes naturelles» sur les documents présentés à la mère de M. Navalny alors qu’elle tentait de récupérer le corps de son fils.