Vaccin contre la COVID-19: Une entreprise d’ici pourrait aider

Un vaccin contre la COVID-19 pouvant être administré par voie orale pourrait bientôt voir le jour à Trois-Rivières. L’entreprise Biotechnologies Ulysse travaille actuellement sur une preuve de concept en vue de débuter bientôt les essais cliniques chez les animaux.

L’utilisation des vaccins oraux est une approche qui est déjà utilisée depuis quelques années autant chez les animaux que chez l’humain. Une des grandes difficultés est de produire une quantité suffisamment importante de vaccin à un coût raisonnable et que ce dernier puisse résister aux conditions extrêmes rencontrées dans le système digestif.

«Chez Biotechnologies Ulysse, on développe des produits antibactériens depuis plusieurs années. On s’est dit pourquoi ne pas essayer d’aider à trouver une solution qui pourrait aider à prévenir. On va utiliser des micro-organismes vivants, soit des bactéries vivantes comme celles que l’on retrouve dans le yogourt, ou des levures comme celles que l’on retrouve dans la bière ou dans le pain. Par modifications génétiques, on va introduire une protéine qui va se retrouver sur la surface du micro-organisme», explique le président de Biotechnologies Ulysse, Yves Hurtubise.

«Une fois qu’on va prendre le vaccin de type oral, notre système immunitaire va être aidé. La levure, mélangée avec les petites protéines du virus, va être connue par des récepteurs et le corps va se dire qu’il est attaqué. Le corps va commencer à produire des anticorps et ça va prévenir à aider à contrer les maladies associées à la COVID-19.  Au fond, l’idée est de faire croire à notre organisme qu’il se fait attaquer par le virus et qu’il doit se défendre. C’est ni plus ni moins un leurre qui, s’il fonctionne, sera incroyablement bénéfique.»

Le docteur en biotechnologie, microbiologie appliquée, biologie moléculaire et enzymologie est un spécialiste de la fermentation. Installée dans le Technocentre d’IDE Trois-Rivières depuis 2015, son entreprise œuvre dans le domaine des bioprocédés industriels. Biotechnologies Ulysse a développé une solide réputation dans le développement de produits bactériens qui sont utilisés comme biostimulants de nouvelles générations dans la croissance des plantes.

«Ces micro-organismes sont faciles à produire en grande quantité et, point important, une production ne prend que quelques jours.  Dans un monde idéal, on pourrait imaginer simplement prendre deux comprimés à une semaine d’intervalle, et c’est tout. Nous sommes d’un optimisme prudent, car tant et aussi longtemps que la preuve de concept ne sera pas terminée, tout peut arriver», ajoute-t-il.

Cette technologie a aussi pour avantage de s’adapter aux différentes mutations touchant la fameuse protéine virale qui est reconnue par notre organisme. «Des mutations sont inévitables et elles ont déjà été observées dans les dernières semaines. On peut imaginer un casse-tête dont toutes les pièces sont fixes, exception faite de la pièce maîtresse. Cette pièce peut être changée en moins de dix jours et on est de nouveau prêt à faire face à une nouvelle attaque du virus muté.»

La réalisation du projet se fera de concert avec plusieurs partenaires. Ces derniers sont la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal, l’Institut national de santé publique du Québec, Simon Barnabé de l’UQTR et Trans Biotech de Lévis. Le Dr. Gilbert Pichette, microbiologiste infectiologue à l’Hôpital Sacré-Cœur à Montréal, appuie également le présent projet.

Subvention de 20 000$

Innovation et Développement économique Trois-Rivières a accordé au projet une subvention de 20 000$ provenant de son fonds spécial pour la COVID-19. «Peu de régions au Québec ont la capacité scientifique de produire des vaccins comme celui-ci. En Mauricie, nous avons cette expertise», a commenté le directeur du Parc Micro Sciences Trois-Rivières, Jean Philippe Chenel.

Le maire de Trois-Rivières, Jean Lamarche, s’est lui aussi montré enthousiaste face au projet, une technologie qui pourrait faciliter grandement la lutte aux différents coronavirus. «Monsieur Hurtubise et son équipe ont développé avec les années une expertise extrêmement poussée en fermentation, qui leur permet d’aborder le problème avec un œil tout à fait différent. Nous avons ici un exemple concret, dans la lutte contre la COVID-19, que les Trifluviens peuvent être extrêmement créatifs.»

Monsieur Hurtubise espère être en mesure de débuter les tests chez le porc et la souris d’ici 4 à 6 semaines, en collaboration avec la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal et de Trans Biotech.