De précieuses minutes quand le temps presse

MÉKINAC. La Fraternité des paramédics de Saint-Tite reçoit à nouveau le soutien du conseil des maires de la MRC de Mékinac pour réclamer la conversion des horaires de faction des techniciens ambulanciers le soir et la nuit en horaires « à l’heure » afin de réduire le temps de réaction aux appels d’urgence.

Le président de la Fraternité, Léo Ricard, multiplie les démarches afin de recueillir des appuis de municipalités touchées, notamment Hérouxville et Trois-Rives, pour que la situation change en dehors de la période de 8 h à 18 h où les paramédics se trouvent à la centrale, prêts à répondre aux appels.

« Les ambulances de Saint-Tite couvrent les territoires de Saint-Tite, Trois-Rives, Hérouxville, Saint-Séverin, Saint-Roch-de-Mékinac, la réserve faunique du Saint-Maurice, la ZEC Chapeau-de-Paille et une partie de Grandes-Piles. Chaque paramédic est à la maison et quand le radio sonne, s’habille, prend son véhicule personnel, se dirige vers la caserne et, à partir de ce moment-là, débute un appel. Les normes du ministère sont de huit à dix minutes de délai maximal pour se préparer et quitter. Quand je suis déjà dans mon uniforme dans mon salon, je me lève puis j’y vais. Mais quand on dort, quand on se douche, ça crée des minutes de délai au niveau des interventions. »

La mairesse de Saint-Tite, Annie Pronovost, infirmière de formation, ne comprend pas pourquoi le dossier n’est toujours pas réglé.

« C’est inconcevable qu’il y ait des horaires de faction. Ça fait longtemps qu’on travaille sur ce dossier-là pour pouvoir avoir des horaires à l’heure. Pour l’attractivité, ce n’est pas ce que vous voulez des horaires de faction et parce que la sécurité, la santé de la population, c’est incontournable. »

À la base, ces périodes « de garde » répondaient à un manque de main d’œuvre.

« Historiquement, cet horaire-là a été basé de façon temporaire pour combler une pénurie de main-d’œuvre, poursuit M. Ricard. Ça  »économise » quatre paramédics. Au lieu d’en avoir huit, il y en a quatre pour couvrir la même période. Ça réduit le coût et le besoin de main-d’œuvre, mais la population est lésée. Dans des secteurs où la demande ambulancière est moins grande, des secteurs comme Manic 5 où ils ont une cinquantaine d’appels par année, ç’a moins d’impact statistique sur la population. Mais à Saint-Tite où on sort mille appels par année et plus, ça n’a plus lieu d’être. C’est jouer avec le feu. Des rapports de coroner partout au Québec dénoncent ce type d’horaires-là. L’employeur a proposé un dossier de conversion au CIUSSS qui l’a approuvé et a demandé du financement. »

Le CIUSSS MCQ précise qu’une analyse détaillée de la couverture ambulancière est effectuée chaque année en fonction du volume et de la durée des transports.

« Suite à cette analyse, nous avons effectué l’automne dernier une demande de financement pour transformer l’horaire de faction en horaire « à l’heure » du côté de Saint-Tite, indique l’agente d’information du CIUSSS, Kellie Forand. C’est le ministère de la Santé et des Services sociaux qui l’autorise. Cette demande n’a pas été retenue cette année. Une autre demande sera déposée d’ici septembre. Nous tenons à souligner la grande collaboration et l’adaptabilité au quotidien d’Ambulance 33-33 et nous tenons également à rassurer la population quant à la disponibilité des ressources ambulancières sur le territoire. Une gestion en temps réel est réalisée afin de s’assurer que des véhicules sont disponibles en tout temps pour répondre à la demande. »

La sécurité de la population n’est pas le seul enjeu au centre de cette situation. Les horaires de faction sont peu attrayants pour les finissants à la recherche d’un milieu de travail.

« Les gradués qui sortent du Cégep de Shawinigan, qui forme en Mauricie, regardent les services ambulanciers puis voient la Coopérative des ambulanciers de la Mauricie qui couvre Trois-Rivières, Nicolet, Shawinigan, qui a exclusivement des horaires à l’heure jusqu’à Batiscan. Ils regardent les ambulances de Grand-Mère, Saint-Paulin, Sainte-Thècle qui ont exclusivement des horaires à l’heure. La Tuque a récemment un nouvel horaire à l’heure. Puis après ils regardent Saint-Tite, ils voient un horaire de faction où t’es obligatoirement sur place 24 heures sur 24 pendant deux à trois jours sans arrêt, payé une heure sur deux. Ce n’est pas intéressant pour la relève. Ça ne favorise pas du tout la rétention de main-d’œuvre. »