Alex Poulin : l’art dans les veines

L’artiste a grandi dans le milieu des arts visuels, entre Trois-Rivières et Saint-Séverin. Son père, Marquis Poulin, était sculpteur et membre de l’Atelier Silex. Ainsi dès son plus jeune âge, Alex Poulin gravitait dans le domaine de la sculpture et des arts. Il n’en demeure pas moins que son désir d’avoir une pratique artistique s’est développé étant jeune adulte.

 « C’est un défi que je m’étais donné à moi-même de créer, puis que ça veuille dire quelque chose, mais je n’ai jamais été un bon élève. Je ne considère pas que j’ai étudié en art. J’ai plutôt eu une approche autodidacte ».

Il a étudié en récréologie à l’Université du Québec à Trois-Rivières, ainsi qu’en action culturelle à l’Université du Québec à Montréal. Il a depuis ce temps été médiateur culturel pour Art Souterrain, coordonnateur artistique à la Biennale nationale de sculpture contemporaine et la Galerie d’art du Parc, en plus d’être nouvellement chargé au développement de l’Atelier Presse Papier.

« À Trois-Rivières, il y a la famille de l’estampe et la famille de la sculpture, puis je fais partie des gens qui sont consanguins, c’est-à-dire qu’on fait le lien, le mélange entre les deux », fait-il remarquer.

Inspirante Grèce

Depuis son retour d’une résidence d’artiste en Grèce, Alex Poulin a la tête pleine de projets. Impliqué dans de multiples organismes culturels de la Mauricie, il développe également sa propre pratique artistique.

« Il y a un an, j’ai soumis ma candidature pour être en résidence à Athènes. Leur réponse s’est retrouvée dans mes courriers indésirables. En fouillant dans mes courriels pour autre chose, je suis finalement tombé sur leur réponse, puis ça disait que j’étais accepté! ».

C’est ainsi que de manière quasi in extremis, l’artiste s’est envolé pour Athènes au mois de novembre pour une durée d’un mois. Cette expérience lui a permis de réfléchir à sa démarche artistique, faire des rencontres enrichissantes et présenter une exposition.

« J’ai travaillé sur le concept de famille choisie qui est un concept vraiment important dans ma communauté, donc je tenais à travailler sur ça. Mon travail parle toujours d’identité, de rapport au territoire et de sentiment d’appartenance, puis là il prend une tendance un peu plus queer ».

 »Famille choisie/Chosen family », exposition d’Alex Poulin présentée à Athènes. (Photo courtoisie)

Il poursuit: « Aller en Grèce, c’était parfait puisque les premières théories queer ont émané en Grèce. Puis, j’abordais spécifiquement la famille choisie, donc quand ton amie par exemple devient ta sœur. D’où ça vient et pourquoi ça existe? D’une certaine manière, tout ça provient en partie des récits mythologiques en Grèce ».

Alex Poulin affirme poser un regard auto-ethnographique via son travail artistique, soit que son point de départ s’avère être son propre vécu, au croisement de certains enjeux sociaux. « Je veux aborder des enjeux qui me concernent, qui me touchent ou dont j’ai besoin de parler, puis souvent c’est concernant l’identité et l’appartenance à un milieu », relève-t-il.

Réfléchir l’identité

 « Je pense que comme Québécois, c’est un gros sujet sensible l’identité. On la cherche beaucoup depuis qu’on est arrivé ici. On a comme des identités multiples ».

Il a réalisé à ce propos un projet qui réfléchit au lien entre le territoire et l’identité en utilisant notamment des pierres qui proviennent de divers endroits au Québec qui sont liés à son bagage identitaire. Il proposait des sérigraphies sur les roches, c’est-à-dire un procédé d’impression qui mobilise des pochoirs. Alex Poulin identifie les pierres comme étant un symbole fort et une matière première de l’identité. Il reviendra d’ailleurs sur cette thématique dans le cadre de son exposition qui aura lieu à l’automne 2024 à l’Atelier Presse Papier.

« Il sera vraiment question d’identité à mon expo de l’automne. Ça va être moi, ce que j’ai appris. Le titre de travail est Sortir des boules à mites. Ça va prendre la forme de trois séries qui abordent des pans de notre histoire ».

Il s’agira d’une exposition multisensorielle où le public sera amené à utiliser ses cinq sens afin de pleinement vivre l’expérience proposée par l’artiste.

Par ailleurs, Alex Poulin décrit ses médiums de prédilection comme étant l’estampe et l’installation. « Je n’aime pas l’idée d’être campé dans une idée fixe… Et je ne me vois pas parler, disons du paysage. Je préfère parler de tout ce qu’il y a en dedans. L’identité, je vois ça comme une partie de mon processus. Le concept d’auto-ethnographie par contre, ça va demeurer », souligne-t-il.

Alex Poulin présentera au cours de l’automne 2024 une exposition à l’Atelier Presse Papier. Une seconde est attendue à la Galerie d’art du Parc en 2026.