Le gaspillage alimentaire dans la mire du Verger Barry

SAINTE-ANNE-DE-LA-PÉRADE. Le Verger Barry a récemment lancé sa première campagne de financement participatif dans le but d’acquérir une presse à jus automatisée qui permettra d’éliminer le gaspillage alimentaire du verger en utilisant tous les surplus et résidus alimentaires.

Sachant qu’il y aurait des pertes à la suite des précipitations de grêle et de pluie abondante de l’été, le propriétaire du Verger Barry, Vincent Barry, a eu l’idée de cette campagne de sociofinancement.

« J’ai commencé à faire du jus et des alcools à partir des pommes du verger, mais ça prend énormément de temps pour presser les pommes. En ce moment, j’ai des pertes parce que c’est trop long de toutes les presser avec mon équipement actuel et les pommes ont le temps de vieillir dans les frigidaires. J’ai beau travailler comme un malade tout l’hiver, je ne réussis pas à ne pas gaspiller de fruits », explique Vincent Barry.

Avec sa presse actuelle, il parvient à produire environ 100 litres de jus en quatre heures. Une presse à jus automatisée lui permettrait d’en produire quatre fois plus.

« On presse sans arrêt, jour et nuit, pendant le temps des pommes et on arrive tout juste à répondre à la demande les fins de semaine, en ce moment avec les équipements actuels. La nouvelle presse nous permettrait de ne jamais manquer de jus de pommes. Tout le monde est plus heureux quand il y a du jus de pommes, lance Vincent Barry en riant. Plus sérieusement, ça nous permettrait de souffler un peu pendant le temps des pommes et on pourrait presser nos pommes plus rapidement le reste de l’année. Le jus serait de meilleure qualité, tout comme nos alcools. »

Par ailleurs, comme la presse à jus est automatisée, elle demande moins d’efforts physiques pour l’utiliser. « Ça fait en sorte que tout le monde pourrait presser le jus, surtout avec la pénurie de main-d’œuvre. Comme c’est moins physique comme travail, ça permet aussi d’éviter les blessures », note-t-il.

Vincent Barry estime qu’il arriverait à gaspiller probablement dix fois moins de pommes, réduisant ainsi les pertes alimentaires sous la barre de 5%. Le propriétaire du Verger Barry souhaite également que l’équipement puisse servir aux autres producteurs des alentours, voire même des résidents de Sainte-Anne-de-la-Pérade qui ont un pommier à la maison.

« Il faut s’entraider! On pourrait réduire beaucoup nos pertes, mais celles de beaucoup d’autres gens aussi. J’ai déjà trouvé de petits arrangements avec des voisins qui ont des pommes qui laissaient leurs pommes là pour qu’on les transforme, à la place. On peut aussi aller chercher les fruits qui sont un peu plus endommagés et leur donner des produits qu’on fait à partir de leurs pommes en échange. Si on a de meilleurs équipements pour transformer les pommes, on va pouvoir s’entraider, se prêter la machinerie. »

Grâce à la campagne de financement participatif, le Verger Barry espère amasser 20 000$ pour l’aider dans l’acquisition d’une presse à jus automatisée. En appuyant cette initiative, la communauté pourra possiblement bénéficier des atouts que cette presse à jus peut offrir.

La campagne de sociofinancement se déroule jusqu’au 5 novembre. Pour contribuer: www.laruchequebec.com/vergerbarry

Moins de dégâts que prévu

L’été a été désastreux pour les producteurs agricoles. Vincent Barry s’attendait au pire, notamment avec la grêle et les pluies abondantes, mais les dommages ont été moins pires que ce qui était anticipé.

« Une météo de ce genre n’est pas bonne, c’est certain. Ça fait qu’il y a plus de maladies qui se répandent dans le verger, dont des maladies qui vont tuer les arbres. Ça ne s’attaque pas aux fruits, mais plutôt aux racines des arbres. À un moment, plutôt que de pulvériser des produits dans le verger, j’ai décidé de laisser la nature faire son œuvre et laisser les fruits plus au naturel », indique-t-il.

« On conscientise les gens sur le fait que les fruits sont peut-être un peu moins beaux, mais qu’ils sont tout aussi bons. On a croisé les doigts et finalement, ce n’est pas si mal, ajoute-t-il. Les quelques dommages sur les pommes ne sont pas nocifs pour la consommation et n’ont aucun impact sur la conservation. Même que les fruits sont meilleurs, car les pommiers qui sont un peu plus en difficulté produisent généralement des fruits meilleurs, plus sucrés. »

Avec les bouleversements climatiques, Vincent Barry s’attend à connaître des années plus difficiles que d’autres. « On sait que ce sera dur à prévoir d’une année à l’autre. On est dans l’inconnu, mais on s’y prépare avec le projet de presse à jus automatisée, mais aussi avec tous nos autres projets et en diversifiant nos activités. On a les alcools, mais on aura aussi des cerises, des poires, des prunes… La diversité, c’est le mot d’or », conclut-il.