Décès d’un travailleur à la ferme Norlou: l’identification des risques en cause

SAINT-LUC-DE-VINCENNES. La Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) dévoile les conclusions de son enquête sur l’accident de travail ayant coûté la vie à un travailleur de la Ferme Norlou inc. le 19 octobre 2022 à Saint-Luc-de-Vincennes.

L’enquête a permis à la CNESST de retenir deux causes pour expliquer l’accident. Dans un premier temps, le travailleur a été entraîné dans le mélangeur par la palette de la vis sans fin en mouvement et a été écrasé contre la paroi de l’équipement. Par ailleurs, la CNESST identifie l’identification des risques liés aux pièces en mouvements auxquels était exposé le travailleur était déficiente, l’accès à la vis en mouvement n’étant ni identifié ni protégé.

« Il n’y avait pas de mécanisme d’identification des risques documenté. Le travailleur avait reçu une formation informelle et il y avait une absence de supervision et du respect des mesures de sécurité. Le manuel du fabricant n’était pas disponible et malgré les mesures d’avertissement de sécurité, il n’y a aucune mesure de prévention appliquée suite à cela », précise Mathieu Ruel, inspecteur à la CNESST.

Le jour de l’accident, le travailleur effectuait la préparation des rations alimentaires pour les vaches à l’aide d’un mélangeur stationnaire à quatre vis. Il a démarré la machine afin de mélanger les différents nutriments qu’il y avait ajoutés à l’aide des convoyeurs à vis et du godet du tracteur. Par la suite, il a ouvert la porte de déchargement du mélangeur en fonction afin que les aliments mélangés soient acheminés par le convoyeur.

Après la distribution de la première ration, le travailleur a accédé à la porte de déchargement alors que le mélangeur était toujours en fonction. Il est alors entré en contact avec une palette d’une vis sans fin en mouvement et a été entraîné par celle-ci à l’intérieur de la machine. Les secours ont été appelés sur les lieux, où son décès a été constaté.

(Source: CNESST)

« Quand on fait l’achat d’un nouvel équipement, il faut procéder à l’analyse de risque pour s’assurer que toutes les zones dangereuses sont inaccessibles. Par la suite, on peut identifier les bons protecteurs à mettre en place pour empêcher l’accès aux zones dangereuses », mentionne M. Ruel.

À la suite de l’accident, la CNESST a interdit à la Ferme Norlou inc. d’utiliser le mélangeur d’aliments impliqué dans l’accident et a exigé l’ajout de protecteurs sur l’équipement. L’employeur s’est conformé à ces exigences le jour même et a fait une analyse des risques et a ajouté une protection fixe qui sécurise le haut du mélangeur, ainsi que l’accès à la porte et au convoyeur.

La Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité au travail rappelle que des solutions existent pour prévenir les accidents lors de l’utilisation d’un mélangeur stationnaire, telles que l’installation d’un protecteur fixe, d’un protecteur mobile avec dispositif de verrouillage, d’un équipement de protection sensible près d’une zone dangereuse ou encore l’installation d’un protecteur à fermeture automatique.

Par ailleurs, avant d’entreprendre tout travail de maintenance, de réparation ou de déblocage dans la zone dangereuse d’une machine, le cadenassage ou toute autre méthode qui assure une sécurité équivalente doit être appliqué.

Sensibiliser le milieu agricole

La CNESST transmettra les conclusions de son enquête à l’Union des producteurs agricoles, aux Producteurs de lait du Québec, à l’Association des marchands de machines aratoires du Québec, à l’Association des grossistes en machinisme agricole du Québec et à l’Association canadienne de sécurité agricole afin que leurs membres en soient informés. Le rapport d’enquête sera également diffusé dans les établissements de formation offrant les programmes d’étude en agriculture pour sensibiliser les futurs travailleurs.

« Il y a plusieurs risques d’accidents dans le milieu agricole, car il y a beaucoup de risques différents, que l’on pense au travail en hauteur, aux pièces en mouvement ou encore au gaz présent dans les silos. Ce sont aussi des milieux qui ont moins de ressources et qui fonctionnent 24 heures sur 24, souligne Robert Larouche, directeur de service, tous trois de la Direction de la prévention-inspection – Capitale-Nationale et Centre-Nord. On voit que les milieux de travail changent et je pense qu’il y a une belle prise en charge du milieu pour sensibiliser les travailleurs et les employeurs. En partageant le rapport à large échelle, on veut maximiser les retombées et sensibiliser un grand nombre de personnes. »