Un jury acquitte Kevin Spacey de toutes les accusations d’agression sexuelle

LONDRES — Kevin Spacey a été acquitté par un jury de toutes les accusations d’agression sexuelle qui pesaient contre lui, mercredi, au terme d’un procès de quatre semaines à Londres.

Lors de son procès, l’acteur avait plaidé qu’il était un «grand dragueur», qui avait eu des aventures consensuelles avec des hommes et dont le seul faux pas était d’avoir touché l’aine d’un homme, qualifiant l’incident de «tentative maladroite». 

Trois hommes avaient accusé l’acteur oscarisé d’avoir saisi leurs entrejambes de façon agressive. Un quatrième plaignant, un acteur en début de carrière à la recherche d’un mentor, a déclaré qu’après s’être rendu à l’appartement de Spacey à Londres pour une bière, il s’était réveillé alors que l’acteur lui faisait une fellation. 

Tous les hommes ont soutenu que les gestes n’étaient pas désirés, mais Spacey a témoigné que le jeune acteur et un autre homme avaient volontairement participé à des actes consensuels. Il a déclaré que l’allégation d’un troisième homme selon laquelle il aurait saisi ses parties intimes comme un «cobra», dans les coulisses d’un théâtre, était «de la pure fantaisie».

Spacey a dit qu’il ne se souvenait pas d’un quatrième incident lors d’une petite fête dans une maison qu’il louait à la campagne, mais il a admis qu’il avait touché l’aine d’un homme qu’il avait rencontré dans un pub un soir de beuverie. Il a dit qu’il avait mal interprété l’intérêt de l’homme pour lui, ajoutant qu’il avait probablement fait une «tentative maladroite».

Son avocat, Patrick Gibbs, a plaidé que trois des hommes étaient des menteurs et que les incidents avaient été «réimaginés avec une tournure sinistre». Il a accusé la plupart d’entre eux de sauter dans un «train en marche» de plaintes contre une célébrité, dans l’espoir de devenir riches.

La procureure Christine Agnew a déclaré aux jurés que Spacey était un «intimidateur sexuel» qui prenait ce qu’il voulait quand il le voulait. Elle a plaidé que l’acteur se savait «triplement protégé»: il se disait que les hommes étaient peu susceptibles de se plaindre, qu’ils ne seraient pas crus si jamais ils portaient plainte, et que lui jouissait d’une impunité parce qu’il était puissant.

Spacey, qui a eu 64 ans mercredi, faisait face à neuf chefs d’accusation, dont plusieurs chefs d’agression sexuelle et un chef d’accusation d’avoir amené une personne à se livrer à une activité sexuelle avec pénétration sans son consentement.

Les accusations datent de 2001 à 2013 et comprennent une période où Spacey — après avoir remporté des Oscar pour «Suspects de convenance» et «Beauté américaine» — était revenu au théâtre, son premier amour. Pendant la majeure partie de cette période, il a été directeur artistique du célèbre «Old Vic Theatre» de Londres.

Plusieurs des hommes ont déclaré qu’ils avaient été hantés par les agressions sexuelles et qu’ils ne pouvaient pas supporter de regarder les films avec Spacey. Un des plaignants a dit qu’il avait commencé à boire et à s’entraîner davantage pour faire face aux agressions qui se seraient produites sporadiquement pendant plusieurs années.

Les hommes ont porté plainte après qu’un acteur américain a accusé Spacey d’un incident d’inconduite sexuelle alors que le mouvement #Moi aussi s’intensifiait en 2017.

L’année dernière, un jury à New York a rapidement blanchi Spacey dans une poursuite au civil de 40 millions $ intentée par l’acteur Anthony Rapp, de la série télévisée «Star Trek: Discovery», sur des allégations remontant à trente ans.

Spacey a été expulsé de la série «House of Cards» et ses scènes dans «Tout l’argent du monde» ont été carrément supprimées — il a été remplacé par Christopher Plummer. Mis à part quelques petits projets, il a à peine travaillé comme acteur depuis six ans.

Kevin Spacey avait considéré le procès de Londres comme une chance de rédemption: il déclarait le mois dernier au magazine allemand «Zeit» qu’il y avait «des gens en ce moment qui sont prêts à m’embaucher dès que je serai innocenté de ces accusations».