«On n’a pas à décider ce que le Canada va se donner comme gouvernement», dit Blanchet

SAGUENAY, Qc — La stratégie du Bloc québécois pour la prochaine campagne électorale sera loin d’un débat sur le parti qui devrait former le gouvernement, soutient le chef de la formation souverainiste, Yves-François Blanchet.

«On n’a pas à décider (…) ce que le Canada va se donner comme gouvernement», a dit jeudi M. Blanchet, au terme de deux jours de retraite avec ses députés à Saguenay.

Selon lui, il s’agira plutôt de vendre l’idée aux électeurs du Québec qu’ils sont mieux servis par des députés bloquistesà Ottawa.

«On a à convaincre les Québécois que, qui qui soit au gouvernement au fédéral, nous on aura l’obligation pas seulement de protéger, mais de mettre l’avant et de faire des propositions dans le sens des intérêts du Québec», a-t-il ajouté.

Le chef bloquiste a précisé qu’il compte aussi rappeler à la population que «la manifestation ultime des intérêts du Québec, c’est de s’approprier tous les attributs de la souveraineté».

Depuis son arrivée au Royaume du Bleuet, M. Blanchet ne cache pas son ambition de ravir la circonscription de Chicoutimi—Le Fjord aux conservateurs, actuellement représentée aux Communes par le député Richard Martel.

L’élu conservateur a pour sa part soutenu en entrevue à Radio-Canada que les électeurs qu’il rencontre lui disent «Richard, vous avez de bonnes chances de prendre le pouvoir aux prochaines élections et on aurait un député au pouvoir».

Selon M. Blanchet, si les conservateurs forment le prochain gouvernement, pas plus de deux ministres seront issus du Québec et M. Martel pourrait se retrouver, s’il remporte son siège, sans portefeuille.

«Tu n’as aucun pouvoir décisionnel et ne fais pas de revendications publiques pour ton comté sans avoir la permission parce que tu vas te faire taper sur les doigts», a dit M. Blanchet.

Ce qu’il qualifie d’«espèce de fantasme» de devenir ministre n’existe pas dans les rangs bloquistes, qui n’aspirent pas à former le gouvernement et qui ne présentent des candidats que dans les circonscriptions fédérales du Québec.

Ainsi, le sort qui attend des députés d’arrière-ban au parti au pouvoir «ne peut pas arriver à un député du Bloc», croit le chef bloquiste.

«S’il y a un député du Bloc québécois dans Chicoutimi—Le Fjord, il va pouvoir faire comme Mario (Simard), puis comme Alexis (Brunelle-Duceppe) ici dans la région. Il va lever les dossiers, il va les amener au bout et, en général, il va les gagner», a fait valoir M. Blanchet en faisant référence au travail de ses députés des circonscriptions avoisinantes.

Les libéraux de Justin Trudeausont à la tête d’un gouvernement minoritaire, mais une entente conclue avec les néo-démocrates doit leur permettre, si tout va comme prévu, de garder le pouvoir jusqu’en 2025.

Les députés bloquistes et leurs adversaires prendront bientôt le chemin vers la capitale fédérale pour la reprise des travaux parlementaires, prévue lundi.

M. Blanchet a prévenu son caucus qu’il sera attendu avec «hostilité» par ses rivaux. Dans une brève allocution de clôture de la retraite à Saguenay, il a incité ses députés à garder le cap sur la volonté bloquiste d’être «l’adulte dans la pièce».

Tout au long de son passage à Saguenay, il a insisté pour dire qu’il se fait un point d’honneur de faire de la politique de façon positive, en faisant des propositions. 

Il s’attend à ce que les questions relatives à l’immigration occupent l’avant-scène au cours de la session d’hiver.

«Maintenant que Toronto a décidé que l’immigration était un sujet légitime, les Québécois ont le droit d’en parler sans se faire traiter de toutes sortes de patentes», a dit M. Blanchet en faisant référence au Canada anglais.

Selon lui, la discussion sert notamment à parler des problèmes d’accès aux services, que ce soit en matière de santé, d’éducation et de logement qui touchent l’ensemble des résidants du Québec, y compris les nouveaux arrivants.

«Lorsqu’on vit une crise du logement, personne ne pointe personne du doigt, mais ça fait mal aux Québécois de toutes origines», a résumé le chef bloquiste.

Les libéraux, au cours de la retraite de leur conseil des ministres, ont abordé l’enjeu de l’immigration. Ils ont profité de l’occasion pour annoncer l’imposition d’un plafond de deux ans pour les admissions d’étudiants étrangers.

Le nombre de nouveaux visas délivrés cette année sera plafonné à 364 000, soit une baisse de 35 % par rapport aux près de 560 000 délivrés l’année dernière. Le chiffre pour 2025 sera fixé après une évaluation de la situation plus tard cette année.