Mélanie Joly effectue une visite de deux jours en Ukraine

OTTAWA — La ministre des Affaires étrangères du Canada, Mélanie Joly, a effectué une visite surprise en Ukraine vendredi pour lancer ce qu’elle espère être un effort mondial visant à assurer le retour des enfants ukrainiens enlevés par la Russie.

«Notre soutien à l’indépendance de l’Ukraine reste inébranlable», a-t-elle déclaré vendredi lors d’une conférence de presse à Kyiv.

«Ceux qui soutiennent l’Ukraine doivent maintenir le cap; nous ne pouvons pas nous permettre de perdre confiance ou de faiblir, même pas pour instant.»

Mme Joly a aussi rencontré vendredi son homologue ukrainien Dmytro Kouleba, ainsi que le président Volodymyr Zelensky.

La visite n’incluait aucune annonce visant à augmenter les 9,7 milliards $ qu’Ottawa a promis à l’Ukraine par le biais de programmes militaires, de développement et d’émigration depuis le début de 2022.

Mme Joly a plutôt lancé, avec l’Ukraine, une initiative visant à solliciter une aide mondiale pour faire pression sur la Russie afin qu’elle ramène des milliers d’enfants ukrainiens qu’elle a expulsés des zones de conflit, en violation du droit international.

La Cour pénale internationale a lancé, il y a près d’un an, un mandat d’arrêt contre le président russe Vladimir Poutine, soupçonné d’avoir forcé des enfants de l’est de l’Ukraine à être adoptés par des familles russes, tout en tentant de les dépouiller de toute identité ukrainienne.

L’Organisation des Nations unies a recensé des cas où les forces armées russes et des groupes armés affiliés ont commis de graves violations contre des enfants, qui ont été illégalement détenus, transférés de force et illégalement expulsés.

Le nouveau projet canadien vise à sensibiliser le public à cette question et à coordonner des campagnes de sensibilisation.

«Le Canada va utiliser son réseau diplomatique pour être en mesure de présenter et de défendre ces cas d’enfants, mais nous allons aussi travailler avec certains pays qui ont des contacts directs avec la Russie», a expliqué la ministre Joly.

Ottawa affirme qu’il offrira également toute l’expertise technique dont l’Ukraine a besoin pour aider au retour des enfants, dont moins de 400 sont jusqu’à présent revenus de Russie.

Avant de rentrer au pays samedi, Mme Joly prévoit également de rencontrer des Ukrainiens touchés par la guerre, notamment des enfants, ainsi que des organisations qui soutiennent les victimes de violences sexuelles et basées sur le genre et les traumatismes liés à la guerre.

Le Canada et ses alliés se sont engagés à soutenir l’Ukraine «aussi longtemps qu’il le faudra», y compris pour contenir le risque d’agression russe après la fin éventuelle du conflit.

Pourtant, le soutien du public à l’Ukraine a diminué dans des pays comme aux États-Unis, dans un contexte d’inflation persistante et de guerre au Moyen-Orient.

Le Canada n’a toujours pas signé d’engagement bilatéral formel en matière de sécurité pour l’Ukraine. Les négociations se poursuivent depuis des mois sur le montant qu’Ottawa s’engagera à verser pour aider à sécuriser le pays.

Dmytro Kouleba a salué le soutien d’Ottawa, affirmant par l’intermédiaire d’un interprète que «le Canada est l’un de nos amis les plus proches», en partie parce qu’il soulève des problèmes lors des réunions du G7.

Il a déclaré que les négociations sur un engagement en matière de sécurité se déroulaient bien et n’étaient pas obscurcies par des subtilités diplomatiques. «Nous pouvons discuter des choses, en substance, de manière très sincère et ouverte», a-t-il indiqué.

L’Ukraine est enthousiaste à l’idée de voir des pays étrangers saisir des actifs appartenant à des filiales de l’État russe, qui seraient ensuite gérés pour contribuer au financement de l’effort de reconstruction de l’Ukraine.

Le Canada encourage une telle démarche depuis plus d’un an, même s’il n’a pas donné suite à la confiscation des biens.

Cela fait plus d’un an qu’Ottawa a gelé un compte bancaire de 26 millions $ détenu par l’oligarque russe Roman Abramovitch et a saisi en juin dernier un énorme avion qui se trouvait sur le tarmac de Toronto.

Mme Joly n’a pas expliqué pourquoi les actifs n’ont pas encore été confisqués, même si elle a fait allusion à la nécessité de poursuivre la procédure judiciaire.

Les conservateurs fédéraux ont dit vendredi qu’Ottawa devrait envoyer des armes excédentaires à l’Ukraine et donner suite à sa promesse d’augmenter la production d’obus d’artillerie.

Le premier ministre Justin Trudeau a déclaré que le Canada continuerait d’envoyer des armes à l’Ukraine. Il a laissé entendre que les retards dans la fourniture d’un système de défense aérienne au pays étaient hors de son contrôle.

«On est toujours là pour l’Ukraine et on a effectivement promis de faciliter l’envoi de ces systèmes. On travaille avec les partenaires qui sont nécessaires pour l’envoi de ces systèmes. Et on continue d’espérer qu’on va pouvoir les livrer bientôt», a affirmé en français M. Trudeau vendredi lors d’un événement à Waterloo, en Ontario.

En anglais, il a indiqué que l’avancement de ce dossier «ne concerne pas seulement le Canada». 

Le mois prochain marquera le dixième anniversaire de l’invasion de la Crimée par la Russie, et deux ans depuis que Moscou a commencé son invasion à grande échelle de l’Ukraine.