«Make Canada Great Again»: Trudeau reprend un slogan de Trump pour attaquer Poilievre

OTTAWA — Les conservateurs veulent ni plus ni moins «Make Canada Great Again», a lancé mercredi le premier ministre Justin Trudeau qui tentait de coller à Pierre Poilievre et à ses troupes cette étiquette inspirée du slogan popularisé par l’ancien président américain Donald Trump.

«Pourquoi ne le dit-il pas sans détour? Il a l’intention de redonner au Canada sa grandeur (Make Canada Great Again). La réalité est que le Canada est formidable. Le Canada est le meilleur pays au monde», a envoyé M. Trudeau lors de la période des questions.

Le premier ministre, qui répondait à toutes les questions depuis près de 45 minutes, venait d’encaisser une autre rafale de reproches envoyés par son adversaire conservateur.

M. Poilievre énumérait à quel point le niveau de vie des Canadiens s’est, selon lui, détérioré depuis que les libéraux sont au pouvoir.

Il a déploré que «des foules de militaires» vivent désormais dans «des villes de tentes», que des «millions» de personnes fassent la queue devant des banques alimentaires comme durant «la Grande Dépression» et que des jeunes peinent à devenir propriétaires avant l’âge de «40 ans».

«La bonne nouvelle, c’est que la vie n’était pas comme ça avant ce premier ministre, et elle ne le sera plus après son départ», a déclaré le chef conservateur, soit une phrase qu’il répète régulièrement dans ses discours.

M. Trudeau a reconnu que «des défis» existent et a affirmé que son gouvernement s’y attarde. Il a notamment cité des investissements de «445 millions $» pour loger les militaires, la mise sur pied d’un programme de soins dentaires pour «les personnes âgées ou les jeunes vulnérables» et la réduction «de moitié» des frais de garde d’enfants.

«Nous serons là pour les Canadiens pendant qu’il propose des coupes dans les services, des coupes dans les programmes et dans le soutien dont les Canadiens ont besoin», a-t-il renchéri.

Quelques minutes plus tôt, dans un autre échange tendu, M. Trudeau prononçait pour la première fois en Chambre les mots «Make Canada Great Again».

Cette fois, M. Poilievre lui demandait de «ramener» dans le système de justice le «gros bon sens», une expression qu’il affectionne particulièrement au point de l’utiliser pour décrire sa vision politique.

Le chef conservateur l’accusait du même souffle d’avoir instauré un système d’arrestations et de remises en liberté qui a «multiplié les crimes» par rapport à la période où l’ancien premier ministre Stephen Harper dirigeait le pays.

«Ce qu’on entend du chef de l’opposition, c’est: « sous le gouvernement conservateur précédent, tout était parfait ». Et ce qu’il propose de faire, c’est de redonner sa grandeur au Canada (Make Canada Great Again). Ce n’est pas ce que veulent les Canadiens.»

Or, a dit le premier ministre, les Canadiens «se souviennent» du bilan de M. Poilievre comme ministre «pourri» du Logement sous Stephen Harper, de l’époque où les droits des Autochtones étaient «violés» et où les conservateurs avaient un plan environnemental «inexistant».

Les libéraux multiplient les comparaisons entre Pierre Poilievre et Donald Trump depuis des semaines, répétant que les conservateurs font de la politique «à l’américaine» et que leur chef est le «Trump du Nord».

Peu avant la relâche des Fêtes, M. Trudeau avait commencé à faire référence au slogan de Donald Trump par son acronyme MAGA.

«Les conservateurs, qui s’inspirent de l’idéologie du mouvement MAGA, souhaitent que la pollution redevienne gratuite et que les Canadiens cessent de recevoir les chèques que le gouvernement leur envoie régulièrement», avait-il par exemple déclaré pour défendre le prix qu’il impose sur la pollution.

Son équipe a également produit à la fin octobre une vidéo reprenant l’échange viral dans lequel M. Poilievre confrontait un journaliste en mangeant nonchalamment une pomme dans un verger, lui demandant de «quelle page» du livre de Donald Trump il se serait inspiré.

La publicité libérale présentait un montage du vocabulaire quasi identique qu’employaient les deux hommes en traitant des «fake news», des médias «corrompus», de l’idéologie de «censure woke», du «politiquement correct», de la «gauche radicale» et en faisant des reproches à la presse.

Les libéraux se présentent comme un rempart contre des tentatives visant à emporter le Canada dans une vague populiste d’extrême droite qui déferle dans d’autres pays démocratiques et qui porte entre autres atteinte aux droits des minorités sexuelles et à l’action climatique.