Le cardinal Cyprien Lacroix, de Québec, visé par des allégations d’agression sexuelle

QUÉBEC — L’archevêque de Québec, le cardinal Gérald Cyprien Lacroix, fait face à des allégations d’agression sexuelle, qui sont contenues dans de nouveaux documents judiciaires déposés dans le cadre d’une action collective contre l’archidiocèse de Québec.

Le nom du cardinal Lacroix, âgé de 66 ans, figure parmi 15 noms ajoutés à une liste d’agresseurs présumés déposée déposée jeudi à la Cour supérieure du Québec dans le cadre de l’action collective pilotée par le cabinet Arsenault Dufresne Wee.

L’action collective, autorisée en 2022 par la Cour supérieure du Québec, implique toute personne, de même que ses héritiers et ayants droit, qui aurait été agressée sexuellement par des membres du clergé ou du personnel laïc qui étaient sous la responsabilité de l’archidiocèse de Québec, depuis les années 1940.

Les allégations visant le cardinal Lacroix, aussi primat de l’Église catholique romaine au Canada, remontent à 1987 et 1988. La victime présumée avait 17 ans au moment de la première agression alléguée.

Les allégations n’ont pas été prouvées devant les tribunaux.

Invité à commenter, jeudi, l’archidiocèse de Québec a indiqué dans un courriel: «à ce point-ci de la journée, nous sommes encore sous le choc, en train d’essayer de comprendre les nouveaux développements dans le dossier de l’action collective». 

«Différentes versions sont véhiculées par rapport aux faits qui seraient reprochés au cardinal Lacroix. Nous tentons de comprendre et nous serons en mesure de commenter plus tard», a indiqué Valérie Roberge-Dion, attachée de presse de l’archevêque de Québec.

Selon une biographie publiée sur le site internet de la Conférence des évêques catholiques du Canada, le cardinal Lacroix a été Secrétaire général de l’Institut séculier Pie X de 1982 à 1987. De 1985 à 1987, il a aussi été directeur de la Maison du renouveau, à Québec, un «centre de formation chrétienne et de ressourcement spirituel» de l’Institut Pie X.

Il a été ordonné diacre en 1988 à Manchester, dans le New Hampshire, puis ordonné prêtre à la paroisse Notre-Dame-de-Recouvrance, qui relève de l’archidiocèse de Québec.

Après le cardinal Ouellet

Les allégations font partie de la même poursuite qui alléguait une inconduite sexuelle du cardinal québécois Marc Ouellet entre 2008 et 2010.

Le cardinal Ouellet, prédécesseur du cardinal Lacroix à l’archevêché de Québec, a nié les allégations et il a intenté une poursuite en diffamation contre la plaignante. Il a ensuite été visé par une autre allégation d’inconduite sexuelle, en 2020, qu’il a également niée.

Monseigneur Ouellet, 79 ans, a pris sa retraite en avril dernier de son poste au Vatican, où il était préfet du puissant Dicastère pour les évêques.

Le cabinet d’avocats Arsenault Dufresne Wee, de Montréal, qui travaille dans ce dossier avec le cabinet Bellemare, de Québec, a déclaré que 147 personnes avaient fait part d’allégations d’agression sexuelle impliquant plus de 100 prêtres ou membres du personnel laïc de l’archidiocèse. 

Certains de ces membres auraient fait plusieurs victimes. Le cabinet d’avocats a noté que le nombre de victimes présumées avait augmenté de 46 depuis août 2022, à mesure que l’affaire est médiatisée.

Primat de l’Église du Canada

Le cardinal Lacroix est l’une des personnalités catholiques les plus influentes du Canada. Il a été nommé archevêque de Québec en 2011— et à ce titre, il devenait, d’office, «primat de l’Église catholique du Canada». Le pape François l’a désigné cardinal en janvier 2014.

Le cabinet d’avocats a déclaré jeudi dans un communiqué que la liste modifiée n’avait pas encore été approuvée par la Cour supérieure. Cet ajout fait partie d’une demande de dépôt d’une liste modifiée des accusés dans cette affaire, qui s’ajouteraient à l’archidiocèse de Québec.

La demande d’action collective avait été initialement déposée en 2020; le juge Bernard Godbout, de la Cour supérieure, l’a autorisée en mai 2022.

Le cabinet d’avocats a déclaré qu’entre 2022 et 2023, des négociations avaient eu lieu pour tenter de régler à l’amiable, sans succès. Dans son communiqué, le cabinet d’avocats soutient que les défendeurs disposent d’actifs d’une valeur de 311 millions $, selon les données de Revenu Canada.

L’archidiocèse de Québec couvre la grande région de Québec et les régions voisines de Chaudière-Appalaches, de Charlevoix et de la Beauce.

Note aux lecteurs: Ceci est une version corrigée. Une version précédente faisait référence à des allégations contenues dans des documents déposés en Cour et qui ont depuis été corrigés par les avocats à l’origine de la demande d’action collective.