L’ancien ministre David Lametti quitte la vie politique

OTTAWA — Exclu du cabinet lors du remaniement ministériel l’été dernier, l’ancien ministre de la Justice David Lametti a annoncé jeudi qu’il démissionnait de son poste de député.

«Les huit années que j’ai passées en fonction élective ont été l’une des expériences les plus enrichissantes de ma vie», écrit dans une lettre celui qui représentait depuis 2015 la circonscription montréalaise de LaSalle—Émard—Verdun.

M. Lametti, qui a occupé les fonctions de ministre de la Justice et procureur général du Canada de janvier 2019 à juillet 2023, affirme qu’il quitte «un poste de rêve», mais concède que son expulsion du cabinet a été suivie d’une période «difficile sur le plan personnel».

«J’ai perdu mes points de repères et j’ai essayé de trouver d’autres façons d’avoir un impact. Finalement, j’ai commencé à regarder d’autres options où je pourrais avoir un impact dans le droit autochtone et le droit de la technologie, et c’est la raison pour laquelle je suis allé vers un cabinet privé», a-t-il expliqué en entrevue.

M. Lametti se joindra au cabinet Fasken Martineau DuMoulin à titre d’avocat-conseil où il pratiquera dans les domaines du droit autochtone et du droit technologique.

L’élu libéral a décliné une proposition soumise l’été dernier par le premier ministre Justin Trudeau de devenir ambassadeur du Canada en Espagne.

«C’était quelque chose que nous avions discuté et j’ai décidé que ce n’était pas pour moi. J’apprécie fortement l’idée, mais je voudrais vraiment continuer dans des domaines où j’ai créé des relations», a-t-il affirmé au bout du fil.

M. Lametti a fait part de sa décision alors qu’il se réunissait à huis clos avec d’autres députés libéraux à Ottawa avant que la Chambre des communes ne reprenne ses travaux lundi prochain.

Dans sa lettre de démission, il se dit «fier» de son bilan «au sein d’un gouvernement progressiste».

Il mentionne notamment l’adoption de 13 projets de loi, dont une réforme du droit pénal, l’élimination de certaines peines minimales obligatoires, la réforme du droit de la famille et l’interdiction des thérapies de conversion.

«J’ai été ministre pendant une période extraordinaire: une pandémie, une occupation des passages frontaliers et du centre-ville d’Ottawa qui a nécessité l’invocation de la Loi sur les mesures d’urgence, et une guerre en Europe», note-t-il.

Dans les deux premiers cas, cela a nécessité de trouver «un équilibre entre les protections de la Charte et la primauté du droit, la santé, la sécurité et le bien-être économique des citoyens».

M. Lametti a également souligné en entrevue sa participation à des réunions internationales pour créer des institutions afin de tenir la Russie responsable de ses actions concernant l’invasion de l’Ukraine.

Dans sa lettre de cinq pages, l’ex-ministre n’adresse aucun remerciement à M. Trudeau. Il assure toutefois que ce n’était pas intentionnel.

«Je l’ai remercié à plusieurs reprises aujourd’hui pour m’avoir nommé [comme ministre]. Si les gens pensent que c’est une omission, c’est une erreur. Ce n’est pas mon intention de ne pas le remercier», a précisé M. Lametti à La Presse Canadienne.

Deux autres ministres s’étaient fait montrer la porte lors du remaniement ministériel en juillet dernier: Marco Mendicino et Mona Fortier. Le premier avait été grandement critiqué, notamment pour sa gestion du dossier sur le transfert du meurtrier Paul Bernardo, et la seconde était à la tête du Conseil du Trésor en pleine grève des fonctionnaires fédéraux.

La démission de David Lametti prendra effet mercredi prochain. M. Lametti prendra également sa retraite à titre de professeur de droit à l’Université McGill.