Un groupe de marionnettistes voit le jour à Saint-Tite

SAINT-TITE. Depuis l’automne dernier, un groupe se rassemble de manière hebdomadaire afin de créer des marionnettes de tout genre. Avec leur intérêt grandissant et leur technique se peaufinant, la troupe Le castelet du bout du rang, créée par Jaber Lutfi et Julie Beauchemin, développe des projets artistiques pour la communauté. 

« L’idée de base est toute simple. C’est de rassembler des artistes et artisans autour de la fabrication de marionnettes », relève d’emblée Jaber Lutfi, cocréateur de la troupe de marionnettistes, Le castelet du bout du rang. L’objectif du groupe est d’œuvrer pour la communauté en prenant pleinement racine dans la MRC de Mékinac. « Mon intention n’est pas qu’on devienne une troupe connue dans le monde. On veut être un endroit où les gens se rencontrent pour créer des marionnettes et présentent des spectacles, puis exposent dans la communauté ».

La troupe regroupe des membres avec de l’expérience en contexte artistique et d’autres sans. L’idée étant de valoriser l’échange et le partage de connaissances, c’est pourquoi les participants se donnent des formations afin de peaufiner leur savoir-faire dans la conception de marionnettes. Leurs créations laissent ainsi place à des marionnettes plus déjantées les unes que les autres.

Julie Beauchemin, cocréatrice de la troupe Le castelet du bout du rang mentionne que la mise sur pied d’une marionnette contient plusieurs défis. « Il faut l’habiller, il faut que ça bouge, il faut la manipuler, puis il faut apprendre à la manipuler. Donc il faut qu’elle soit fonctionnelle, mais il faut aussi apprendre à devenir son manipulateur. Il y a vraiment un lot de compétences. Puis on n’a même pas commencé à parler de scénographie! »

Pour créer leurs marionnettes, le groupe travaille à l’aide de divers matériaux recyclés dans l’optique qu’aucun coût ne soit associé à la création. À titre d’exemple, Guylaine Aubin, membre de la troupe, a conçu une marionnette entièrement à partir d’une sacoche démantelée. « Elle a défait sa sacoche et toutes les parties de la sacoche se retrouvent dans la marionnette », explique Jaber Lutfi.

Pourquoi la marionnette?

C’est lors d’un passage à Toronto que Jaber Lutfi eut l’idée de concevoir des marionnettes. En effet, il entendu parler d’un groupe de fabricants de poupées torontois qui se regroupait pour suivre des formations. Cette formule unique a piqué sa curiosité. 

Jaber Lutfi est un artiste peintre qui œuvre dans le domaine artistique depuis une trentaine d’années. « Je peins toujours des personnages. C’est comme un théâtre de marionnettes fixe qui ne bougent pas finalement ». L’opportunité de fonder un groupe de création de marionnettes dans la MRC s’est véritablement présentée lors d’une soirée réseautage entre artistes tenue dans la communauté de Mékinac. Lors de cette rencontre, Jaber a spontanément lancé l’idée d’une troupe de marionnettistes et plusieurs personnes sur place ont témoigné de leur enthousiasme face au concept, dont Julie Beauchemin, artiste de la relève. 

Comme elle le soulève, certaines formes d’art peuvent s’avérer intimidantes pour le grand public. La marionnette a la capacité d’être un objet rassembleur et étonnamment accessible, ce qui explique l’engouement de la communauté face au projet de création de marionnettes. 

Les projets… en campagne

Pour le duo composé de Jaber Lutfi et Julie Beauchemin, les grands centres sont des bassins importants d’offre culturelle, mais les milieux ruraux ont également des choses à offrir. « Je trouve ça important d’aller dans le fond du rang, au bout du rang et après le rang pour voir là où s’est encore sauvage c’est quoi qui s’illumine. C’est quoi l’étincelle qui est là et souffler sur la braise », soutient Jaber Lufti. Ce à quoi Julie Beauchemin ajoute, « on veut que l’art soit vivant ici aussi. Il est partout autour de nous et en même temps, il n’est pas assez présent et on ne le met pas assez de l’avant ».

Le castelet du bout du rang se réunit ainsi dans un local prêter par le service des loisirs de la municipalité de Saint-Tite. Leur objectif est de mettre en forme un spectacle d’ici la période des Fêtes sous forme de petites saynètes, concept pouvant ainsi se déplacer facilement sur le territoire. La troupe présente actuellement une exposition de leurs marionnettes à la bibliothèque de Sainte-Thècle jusqu’au 20 juin.

« Mon rêve c’est que dans toutes les MRC du Québec, il y ait un club de marionnettes, puis on pourrait éventuellement faire un festival amateur ensemble », ricane Jaber Lutfi. Déjà, le groupe de marionnettistes s’est fait contacter par divers organismes amenant ainsi le potentiel d’éventuelles collaborations.