Maison M. Bussière : 85 ans et toujours solide sur ses pieds

SAINT-TITE.  À l’heure où de nombreux détaillants déposent leur bilan, étouffés par la concurrence d’Amazon et le contexte économique difficile, Maison M. Bussière détonne en ajoutant une section mercerie à sa ligne de chaussures qui a bâti sa réputation depuis son ouverture en 1938.

Le commerce de la rue Notre-Dame à Saint-Tite dévoilait le 23 novembre dernier une exposition temporaire relatant les 85 ans de l’entreprise à travers une dizaine de photographies anciennes. « C’est mon grand-père Maurice Bussière qui a fondé le magasin. Mon oncle René a pris la relève puis depuis 2001, c’est moi et ma conjointe qui sommes les propriétaires. Durant tout ce temps-là, on est resté au même endroit, mais on a toujours innové », souligne fièrement Luc Fraser.

C’était aussi l’occasion d’annoncer qu’une section mercerie venait diversifier l’offre de la Maison M. Bussière. « C’est en place depuis le mois de mai et l’accueil est très bon jusqu’ici. On fait des petits rodages et il y en aura encore. Je me donne deux ans pour cibler vraiment mes clients.  Le commerce de détail, c’est toujours une adaptation continuelle. Il faut que tu t’améliores constamment », explique Luc Fraser en dévoilant sa vision de l’entrepreneuriat.

Il était une époque où la région de Mékinac comptait sept ou huit magasins de chaussures alors que Maison M. Bussière demeure aujourd’hui le seul à avoir bravé le temps. « Même les représentants qui viennent me voir n’en reviennent pas. C’est rare de voir un commerce comme le mien dans une petite localité. La moitié de ma clientèle vient de Grand-Mère et Shawinigan. Je ne cherche pas à concurrencer Wal-Mart ou Yellow. J’ai étudié le marché et je tiens une gamme de produits bien précise », poursuit celui qui a travaillé durant de nombreuses années comme infirmier au centre hospitalier Sainte-Marie à Trois-Rivières avant de se dédier à temps plein à son commerce.

Selon lui, la longévité de Maison M. Bussière tient au service à la clientèle. « Tous les magasins au Québec ont un très gros compétiteur qui s’appelle Amazon et il faut que tu te battes contre ça et la seule façon de le faire, c’est d’offrir un prix compétitif et donner un très bon service. Les gens aiment ça être bien conseillés. »

Luc Fraser s’assure également d’être toujours à la page, en veillant à réaménager ses espaces aux cinq à six ans. « Quand je voyage et que je vois un magasin de chaussures, c’est sûr que je vais le visiter. Je regarde les produits et comment c’est arranger. Ça me donne des idées », souligne celui qui commence tranquillement à passer la main à la 4e génération. « Ma fille Kelyann est enseignante, mais elle va prendre la relève. Elle participe déjà à la gestion de l’entreprise et apporte plein de bonnes idées », raconte-t-il fièrement.

« Un commerce pour que ça marche bien, il faut que le propriétaire soit sur place. Les gens veulent le voir. Si tu ne t’impliques pas, ça ne marchera pas. Un magasin dans un village, c’est un point de rencontre. Si tu n’es pas en mesure de faire ça, vends-le à un passionné qui va prendre la relève », termine Luc Fraser, bien déterminer à amener le sien jusqu’au cap des 100 ans.