L’agricultrice Hélène Champagne de Saint-Maurice honorée
SAINT-MAURICE. La Fédération des agricultrices du Québec a rendu hommage à Hélène Champagne qui exploite la Ferme Guychamps et fils à Saint-Maurice depuis 1987 avec son mari Guy Héroux. Lors du dernier Gala Agricultrices Québec, on a souligné l’engagement et la contribution exemplaire de la mauriçoise.
Hélène Champagne est engagée dans plusieurs organisations agricoles depuis de nombreuses années. Elle a œuvré – tant au niveau régional que national – à l’Union des producteurs agricoles, à l’Association des producteurs de lait, à la Fédération des agricultrices, notamment.
« Quand il y a eu l’assemblée pour le comité provisoire en 1986-87 pour avoir un syndicat régional des agricultrices, ça s’est fait ici, à Saint-Maurice, à la salle municipale. Je suis membre du syndicat des agricultrices depuis la fondation. J’ai commencé à m’impliquer dans les organismes reconnus en 1994. J’ai commencé à la Fédération des agricultrices. Ensuite, vu que j’étais administratrice aux Agricultrices, je siégeais à l’UPA Syndicat de Champlain. »
Le désir de s’impliquer remonte à loin et semble être une seconde nature chez elle.
« Je suis une fille de gang. Quand j’étais au secondaire, j’ai toujours aimé les sports d’équipe, j’aime ça être en équipe, travailler en équipe. »
Elle apprécie l’hommage qu’on vient de lui décerner même si ce n’est pas le premier qu’elle reçoit.
« C’est une belle reconnaissance pour toute l’implication et le cœur que j’ai mis. On ne fait pas ça dans l’espoir de recevoir un prix, mais quand ça arrive, c’est une belle tape dans le dos pour dire qu’on reconnaît ce que tu as fait depuis toutes ces années. En 2000, quand j’ai eu le prix Agricultrice de l’année, j’étais tellement impliquée. Le prix qu’ils nous remettaient, c’est une belle plaque en verre. C’était la silhouette, le logo des agricultrices du Québec. Pour moi, c’est tellement représentatif, ça me parle. Les agricultrices, je les ai tatouées sur le cœur, comme l’UPA. Avoir ça dans mon salon, il n’y a pas de mot pour décrire ce que c’est. Ça m’appartient, je l’ai gagné. Les agricultrices, depuis le comité provisoire, j’ai toujours été convaincue qu’on avait notre raison d’être. »
L’agriculture au féminin
Mme Champagne relate l’importance qu’a eue, et a toujours, la Fédération des agricultrices du Québec.
« Il y a des dossiers qu’on a fait cheminer provincialement. On a gagné des prix au niveau provincial. La semaine de la sécurité sur les fermes, au mois de mars, ce sont les femmes qui ont fait ça. Il y a plein de choses qu’on a faites. Les femmes, on est bonnes pour monter des dossiers, pour revendiquer des choses, mais quand ça fonctionne, il y a un passage de relais qui s’en va vers l’UPA. C’est parce qu’on l’a travaillé à la base. Si on n’avait pas la Fédération des agricultrices, on aurait toutes siégé seulement sur des syndicats de l’UPA, des organisations d’hommes. On n’en serait pas là aujourd’hui, je suis convaincue de ça. »
Même si beaucoup de choses ont changé au fil des décennies pour les agricultrices, Mme Champagne croit qu’il ne faut pas baisser la garde. Il y a encore des enjeux en 2023 pour les femmes en agriculture.
« Avec la pandémie, la ligne est encore mince pour qu’on recule. Il faut continuer à se battre comme agricultrice, comme femme. Je le vois avec mon garçon et sa conjointe. Ils n’ont pas été capables d’avoir une garderie pendant trois mois l’année passée. Les femmes, qu’est-ce qu’elles font? Elles ne peuvent pas retourner sur le marché du travail. On régresse à cause du problème de gardiennage. Ce sont surtout les femmes qui vont rester à la maison avec les enfants. À l’UPA, on a le programme Relève et mixité. La mixité, c’est pour avoir plus de femmes, pour aller chercher l’équité sur les conseils d’administration. »
Une ancienne directrice à la Fédération de l’UPA de la Mauricie, Diane Montour, est une des personnes qui a marqué le parcours d’Hélène.
« Je la nomme souvent, Diane, parce qu’elle était mon modèle. On a eu beaucoup de formations avec Diane. Ça sécurise d’être mieux outillée pour faire face à nos défis. Ça nous a donné de la confiance et de l’assurance pour être capables de continuer à gravir des échelons dans la structure de l’UPA et de toutes les instances qui gravitent autour. »
(Photo courtoisie François Pilon)
L’environnement en priorité
Les propriétaires de la ferme Guychamps, Hélène Champagne et son mari Guy Héroux, ont toujours été soucieux de l’environnement, comme en témoigne un prix remis à l’entreprise en 1996, à une époque où il était moins commun de se préoccuper de l’environnement.
« On aurait voulu être bio, mais dans ce temps-là, tu ne savais pas à qui t’adresser pour avoir de l’aide. Aujourd’hui, avec le MAPAQ, il y a une marche à suivre. Il y en a plus qui sont bio. On a commencé la transition en 2005, on a été certifié en 2009 pour les champs et le lait. Donc, les engrais chimiques, les herbicides, on n’en utilise pas. Au niveau canadien, c’est au Québec qu’on retrouve le plus d’entreprises biologiques. Le Québec est un leader pour le Canada. »
Leur ferme est membre de Lavi-Eau-Champ, un regroupement régional de producteurs agricoles favorisant le développement durable de leur entreprise en adoptant des pratiques agricoles respectueuses de l’environnement.
Depuis plus de dix ans, Hélène Champagne siège au conseil d’administration de la SAMBBA, la Société d’aménagement et de mise en valeur du bassin de la Batiscan. Elle a également été membre du conseil d’administration du Comité du cercle d’amélioration du bétail de la Mauricie.
En 2014, La Table de concertation du mouvement des femmes avait honoré Mme Champagne en lui remettant le prix Mauricienne d’influence dans la catégorie Environnement, agriculture, agroalimentaire.
Choisir ses implications
Celle qui s’est toujours investie dans son milieu est bien consciente qu’elle devra ralentir ses activités et choisir ses implications au cours des prochaines années. Heureusement, le plan de relève de la ferme familiale est déjà amorcé. Le fils de Guy et Hélène, Dominic, représente la quatrième génération qui prendra en charge l’entreprise agricole.
« C’était le grand-père de mon conjoint qui avait la ferme. Il a transféré à son père, puis son père à mon mari. Et là, c’est nous qui transférons à notre garçon. On lui a transféré des parts en juin 2021. Il est déjà impliqué. »
Restent les différents postes d’administratrice et de direction des différents organismes au sein desquels elle siège.
« Je commence à regarder où je vais diminuer. À la Fédération des agricultrices, il y a de la relève pour prendre la place. Je me laisse le temps des fêtes pour réfléchir à ça. »
Ce ne sera pas un processus facile. En plus de son engagement dans les organisations agricoles, Hélène était présente également dans les comités d’écoles et ceux des activités parascolaires de ses enfants.
Elle vient aussi d’accepter la présidence de l’Afeas de Saint-Maurice.
« Je suis contente de mon parcours, de ce que j’ai fait, de mes implications au fil du temps. C’est souvent de fil en aiguille. Au début, tu dis, encore une autre affaire, mais c’est une passion. J’aime ça. »