Des résidus de poils d’alpagas transformés en fertilisant

SAINT-STANISLAS. La Ferme récréative Caza et alpagas de Saint-Stanislas poursuit sa croissance. Le dernier projet des propriétaires Jason Caza et Julie Benoit: récupérer les résidus de poils d’alpagas pour les transformer en fertilisant de jardin. Ils seront parmi les premiers à le faire au Québec.

C’est au fil de discussions avec une amie du couple que l’idée a commencé à faire son chemin.

« Ça existe pour la laine de mouton. Elle nous a demandé si on en faisait, raconte Jason Caza. Ça sonnait comme une bonne idée. On a fait des recherches et on a vu que c’était possible. On a quand même pas mal de fibres qui ne sont pas vraiment bonnes pour faire du fil à tricoter de belle qualité. Ça nous permet de réutiliser ces fibres-là. C’est en harmonie avec la nature et ça fait partie de la mission de l’entreprise. »

Les fibres seront ainsi transformées en granules.

« Pour pouvoir enrichir le sol, soit directement au jardin ou dans des pots, pour faire pousser des tomates, des choses comme ça. Ça agit comme fertilisant et ça aide à conserver l’humidité dans la terre. »

L’entreprise reçoit un appui financier de la MRC des Chenaux via le Fonds de diversification économique, le Fonds local d’investissement et le Fonds local de solidarité, majoritairement sous forme de prêts.

« Notre projet a été approuvé. On place la commande pour les équipements, puis on va voir les possibilités, tester différentes formules. Au courant de l’été, on va commencer à avoir des produits à la ferme et dans les marchés locaux. »

Pour mener à bien ce projet, de la fibre pourra être récupérée chez d’autres producteurs au Québec.

« On s’est déjà fait offrir de prendre la fibre d’alpagas et on la refusait. On en avait amplement pour nos produits finis. Il y a plusieurs petits éleveurs qui n’ont pas grand-chose à faire avec la fibre. »

Une expérience améliorée pour les visiteurs

2024, proclamée Année internationale des camélidés par l’ONU, marquera une étape importante dans l’évolution de la ferme stanoise à laquelle s’ajoute une nouvelle bâtisse, un investissement de plus de 60 000 $.

« On fait déjà des visites interactives avec nos alpagas. Le bâtiment va nous permettre de faire des visites beau temps, mauvais temps. On a commencé la construction l’année dernière. »

Les touristes et les visiteurs de la région constateront que la nouvelle configuration favorisera un meilleur contact avec les animaux.

« Avant, les alpagas restaient dans leur enclos, on pouvait les nourrir à travers une clôture. Il y avait quand même un contact avec eux mais les gens ne pouvaient pas trop les approcher. Maintenant on va pouvoir faire venir à nous les animaux. »

Le copropriétaire de la Ferme Caza et alpagas, Jason Caza. (Photo courtoisie)

Une boutique propose une étonnante panoplie de produits fabriqués directement à la ferme.

« Ça va du fil à tricoter aux bas en laine d’alpaga, c’est évidemment un incontournable chez nous. Pendant les visites on explique le processus de transformation de la fibre avec différentes stations qu’on monte pour le nettoyage et les différentes étapes. »

Bien des gens sont étonnés d’apprendre que les articles de feutre offerts à la boutique, comme les chapeaux, sont entièrement fabriqués par Julie.

« Venir voir les animaux c’est quelque chose qui est très plaisant, mais les gens apprécient beaucoup de voir le processus. Quand les gens voient les chapeaux, ils demandent d’où on les fait venir! Le feutre est fait par ma conjointe. C’est transformé, teint puis moulé sur place. »

La Ferme Caza et alpagas produit aussi de la viande, même si les efforts demeurent majoritairement centrés sur la transformation artisanale de la fibre.

« Les autres produits ce sont des ajouts pour compléter notre offre. La viande n’est pas disponible à l’année. Le goût est très doux, c’est une viande rouge très maigre dont le goût se rapproche du veau ou du bœuf. Notre plus gros client restaurateur c’est la Microbrasserie Le Presbytère. »

Au menu du restaurant situé également à Saint-Stanislas figure un plat de gnocchis au céleri-rave, sauce aux polpettes d’alpaga et aux champignons crabe.

Faire table rase

Jason et Julie ont complètement changé de vie il y a une dizaine d’années alors qu’ils cherchaient un chalet dans la région.

« On demeurait à Montréal. Ma femme est ingénieure électrique et moi je travaillais en finance. On a trouvé l’endroit par hasard. Ç’a été un coup de cœur. Au début c’était un chalet puis on a fini par venir s’installer ici. Ce que les gens apprécient de notre histoire c’est le courage qu’on a eu de faire le saut de notre vie professionnelle à notre vie de rêve. »

Le couple n’a jamais regretté ce choix et l’apprécie encore au quotidien.

« C’est ma motivation tous les jours pour me lever. On continue de travailler très fort pour ne pas avoir à retourner en arrière. On est tombé sur notre X: le bon domaine, le bon endroit et la bonne communauté. Vraiment, on a un coin que je trouve extraordinaire. On a un bon accueil et un bon soutien de notre communauté. Souvent je disais que c’était un projet sur 20 ans. On en a déjà dix de passés. Je signe pour encore 20 ans, certain! »