La musique pour lutter contre le racisme

SAINT-ADELPHE.  Alors que le débat sur la présence d’un racisme systémique au Québec perdure et déchire, une petite entreprise de Saint-Adelphe contribue à sa façon à rapprocher les différentes communautés en misant sur leurs similitudes et leurs différences. 

Fondatrice de La Boîte Interculturelle, Nathalie Lévesque a procédé samedi dernier dans son village d’adoption au visionnement du documentaire Mamu Ensemble Togheter, la suite d’un projet du même nom réalisé en 2020 et 2021 dans la communauté de Mani-utenam (Maliotenan), sur la Côte-Nord, et dans la région de Mékinac.

Dans le document de 50 minutes, on voit Shauit, un auteur-compositeur innu originaire de Mani-utenam, Lasso, un multi-instrumentiste du Burkina Faso, et  Saulo, un multi-instrumentiste du Panama, jouer de la musique ensemble, mais surtout échanger avec le public.

« Je voulais montrer l’interaction entre les musiciens, mais surtout comment la musique peut devenir un outil de dialogue pour lutter contre le racisme. Ils utilisent leurs instruments et leur parcours pour échanger avec des gens vivants en milieu rural et qui ont généralement très peu accès à une diversité culturelle », explique Nathalie Lévesque qui, après avoir habité Toronto durant plus de 30 ans, a choisi la Mauricie comme terre d’adoption pour son retour au Québec. Mamu Ensemble Togheter comprend des extraits d’un concert tourné à Saint-Adelphe et des tables rondes tenues à Grandes-Piles et Sainte-Thècle.

Résidente de Saint-Adelphe, Nathalie Lévesque a un impressionnant parcours dans le secteur des arts et de la culture, ayant notamment à négocier avec les compagnies de disques indépendants du Canada, des États-Unis et de l’Europe.

Dévoilé en grande première à Mani-utenam le 18 septembre dernier, d’autres projections du documentaire sont prévues dans les prochaines semaines à Rimouski, Amqui, Saint-Jean-Port-Joli, Trois-Pistoles et Trois-Rivières. À chaque occasion, la diffusion se termine par une session de questions et réponses. « C’est très important pour moi de faire ce genre de projets en région plutôt que dans les grands centres », souligne celle qui connaissait déjà bien la Mauricie pour y avoir travaillé dans le milieu touristique dans les années 1990.

Fondée en 2016, La Boîte Interculturelle mène des projets internationaux avec toujours, trois éléments récurrents, toujours en trame de ses productions: culture, échange et changement. Nathalie Lévesque a notamment réalisé des documentaires mettant en scène un groupe de tambours autochtones jouant dans le Sahara avec des musiciens du désert. Elle a ensuite emmené ces musiciens de l’Afrique du Nord pour jouer au Canada.

Bien que des secteurs de Saint-Adelphe soient mal desservis en matière de couverture cellulaire et d’Internet haute vitesse, elle n’y voit pas un obstacle dans le développement de son entreprise. « Ce n’est pas optimal pour certaines choses, mais on finit par se débrouiller », indique celle qui loue notamment un local à la municipalité pour justement avoir accès à la haute vitesse.

Parallèlement à la tournée de diffusion de son documentaire à travers le Québec, Nathalie Lévesque est à finaliser les derniers détails d’un nouveau projet à venir. « Je ne peux rien dévoiler pour l’instant, mais c’est différent de ce que j’ai fait jusqu’à présent. Ça sera à l’international », conclut-elle.

Info: boiteinterculturelle.ca