Éduquer les jeunes au don d’organes

ÉDUCATION. Le don d’organes est désormais abordé dans les classes de 5e secondaire de quelques écoles de la Mauricie. L’objectif est d’informer les jeunes au sujet du don d’organes afin qu’ils amènent une discussion dans leur famille concernant leur volonté.

Bien consciente de la complexité d’aborder un sujet tel que le don d’organes avec l’entourage, Lucie Dumont, présidente fondatrice de l’organisme Chaine de vie a développé pendant sept ans un programme d’éducation qui vise à former les professeurs d’anglais à la thématique. Les enseignants peuvent ensuite amener l’information dans leur classe, auprès des élèves de 5e secondaire.

« Avec les croyances, la peur de la mort, de quoi aura l’air le corps, il y a une difficulté à parler de tout ça. Ce que la littérature propose c’est que si ça a été vu dans un contexte scolaire où on présente correctement l’information et qu’on l’amène aux jeunes, on parvient à mobiliser les jeunes. Ensuite, les étudiants sont en mesure d’amener la discussion à la maison », témoigne Lucie Dumont.

En Mauricie, quatre écoles abordent le sujet du don d’organes dans leur cours d’anglais de 5e secondaire, soit l’École secondaire des Pionniers de Trois-Rivières, la Three Rivers Academy de Trois-Rivières, l’École secondaire Paul-Le Jeune de Saint-Tite, ainsi que l’École secondaire Val-Mauricie de Shawinigan.

« Je pense que c’est important que les gens comprennent le sens du don d’organes parce que moi, en faisant la formation, le trois-quart des informations que j’ai reçues, je ne les connaissais pas. Je trouve qu’on est vraiment mal informé. On pense qu’en signant notre carte, c’est terminé », soutient Josée Arcand, professeure à Val-Mauricie.

L’enseignante d’anglais constate par ailleurs la portée d’une telle éducation chez les adolescents. « Je trouve ça tellement important que les jeunes sachent ce qu’est le don d’organes. On peut donner de notre vivant aussi. Les élèves ne savaient pas qu’on pouvait couper un foie en deux. Des choses que je ne savais pas moi non plus! Alors je trouve que c’est important d’informer les ados parce qu’ils sont en secondaire 5, donc ils sont en âge de comprendre ».

« Il faut apporter la discussion à la maison parce que même si les élèves signent leur carte, si leurs parents décident que c’est non, ce sera non. Alors s’ils en ont parlé à la maison, normalement le parent devrait respecter la volonté du jeune, mais s’ils n’en ont pas parlé, c’est plus difficile de prendre cette décision-là », relève Josée Arcand.

Une de ses étudiantes de 5e secondaire, Alice Turner, raconte d’ailleurs son expérience. « On ne savait rien de tout ça! Il y en a parfois qui ont des expériences par rapport au don d’organes avec leur proche, mais nous dans notre classe, il n’y avait personne. Je trouve ça important parce que depuis, il y en a plusieurs qui en ont parlé avec leur famille, mais sinon je ne pense pas qu’on en aurait vraiment parlé ».

Ce sont ainsi 8 cours d’anglais qui sont consacrés au sujet du don d’organes, totalisant 10h de contenu. Le thème est adapté au cursus scolaire en intégrant notamment des questionnaires, des débats, des discussions de groupe et plusieurs autres activités. La matière inclut notamment des témoignages de médecins, de familles de donneurs et de personnes recevant un organe. « J’ai trouvé ça intéressant parce que dans les cours, on voyait vraiment les deux côtés de la médaille », souligne Alice Turner.

L’enseignante Josée Arcand explique qu’elle commence l’année scolaire avec la matière concernant le don d’organes. « En septembre, mes secondaires 5, je leur dis que cette année, je vais leur apprendre des choses concernant le don d’organes. Je sais que c’est un sujet qui n’est pas évident… mais c’est important d’être informé. Moi, je ne suis pas là pour les convaincre de rien, je suis là pour les informer pour qu’ils puissent prendre une décision éclairée à la fin ».

« Les parents m’en reparlent d’ailleurs. À la première rencontre de parents au premier bulletin, j’ai des parents qui me disent vous avez abordé le don d’organes, c’est vraiment intéressant, puis on a eu une discussion à la maison« . Pour la professeure d’anglais, ces témoignages de parents sont gages de mission accomplie puisqu’une conversation fut bel et bien initiée entre les jeunes et leurs proches.

Pour en apprendre plus sur le don d’organes, rendez-vous sur le site chainedevie.org

Le don d’organe en chiffres

• Un donneur peut sauver jusqu’à 8 vies et recouvrer la santé à une vingtaine d’autres personnes.

• Un peu plus de 1 % des personnes qui décèdent répondent aux conditions susceptibles d’envisager le don d’organes.

• Au Québec, le plus jeune donneur d’organes avait 48 heures et le plus âgé avait 92 ans.

• Chaque année, environ 800 personnes attendent une transplantation au Québec.

• On peut donner un lobe du foie ou un rein de son vivant.

• On peut faire le don de la cornée des yeux et de certains tissus jusqu’à l’âge de 85 ans.