De Saint-Luc-de-Vincennes à la jungle amazonienne

IMPLICATION. Au bout du fil, l’homme de 90 ans affiche encore une mémoire phénoménale et une voix assurée. «J’ai toujours été attiré par la jungle. Quand j’étais jeune, je me dépêchais à lire les bandes dessinées de Tarzan dans Le Nouvelliste

Récipiendaire il y a quelques semaines de la médaille du Lieutenant-gouverneur pour les aînés visant à récompenser son bénévolat dans la communauté, Daniel A. Thibeault arbore un parcours de vie exceptionnel.

De 1960 à 2005, ce natif de Saint-Luc-de-Vincennes a vécu au Pérou où il a travaillé à mettre en place différents projets pour améliorer la qualité de vie de la population. «J’étais professeur d’histoire et de mathématique à Trois-Rivières dans les années 1950 et les Franciscains étaient en ville pour recruter quelqu’un pour organiser l’éducation dans la jungle où ils avaient fondé une mission. J’avais déjà appris à lire l’espagnol avec un professeur belge qui maîtrisait 13 langues. J’ai tout de suite été pris, car j’étais le seul candidat qui comprenait la langue. Et au bout de trois mois là-bas, je la parlais sans problème», se souvient Daniel A. Thibeault.

Dans la jungle amazonienne durant 20 ans, il supervisera la fondation d’une coopérative agricole ainsi que la création de plus de 80 écoles de tous les niveaux, allant du jardin d’enfance à un institut supérieur technologique. «Tout le monde voulait étudier. Certains faisaient deux heures de canot sur le fleuve le matin et autant en fin de journée pour venir à l’école. Alors, on a fondé des établissements primaires dans tous les villages de la jungle.» Dans le cadre de son travail. Daniel A. Thibeault côtoiera cinq tribus indigènes. «Les vieux ne parlaient que leur dialecte, mais les plus jeunes connaissaient l’espagnol.»

Une famille au Pérou

Pendant quelques années, il travaillera à l’ambassade du Canada au Pérou. «Après ma carrière dans l’enseignement, J’ai suivi une formation pour devenir travailleur social. J’étais responsable d’environ 70 coopérants canadiens dans les années 1980 et 1990, mais je n’étais pas le type du Monsieur à cravate», explique-t-il.

Son séjour au Pérou devait au départ durer trois ans, mais c’était sans compter sur le destin qui l’amènera à y demeurer près d’un demi-siècle. Dans ce pays d’Amérique du Sud, il rencontre celle qui deviendra sa femme et qui lui donnera un garçon et une fille qui habitent aujourd’hui le Québec. «Je l’avais connu dans la jungle quand je fondais des écoles. Quelques années plus tard, on s’est retrouvé alors que je travaillais comme travailleur social dans les montagnes.»

Presque une fois l’an, le couple canado-péruvien revenait au pays revoir la parenté en Mauricie. «Bien que j’ai quitté Saint-Luc-de-Vincennes en 1950 pour aller étudier à Québec, j’ai toujours été attaché à mon patelin et ma femme a toujours aimé le village aussi. Ça fait que lorsque ma sœur a décidé de vendre sa maison en 2004, je l’ai achetée et on est venu s’y établir le 1er juin 2005.»

À 75 ans et de retour au Québec, Daniel A. Thibeault continuera de s’impliquer comme il l’a fait tout au long de sa vie. Conseiller municipal et marguillier, il donnera également de son temps pour le comité des usagers du CLSC Mékinac-Des Chenaux et à la popote roulante. Pour expliquer son engagement, le récipiendaire de la médaille du Lieutenant-gouverneur pour les aînés rappellera simplement la devise qui l’a guidée tout au long de sa vie: «La plus belle vocation de l’être humain est d’être utile à ses semblables.»

Daniel A. Thibeault, le polyglotte

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