Les Truites de la Mauricie: 40% de la production 2020 est resté dans les étangs
POISSONS. Comme la majorité des aquaculteurs au Québec, Pisciculture Les Truites de la Mauricie à Saint-Tite subira des pertes financières dans la foulée des effets collatéraux provoqués par la COVID-19.
«Parce que nos clients n’ont pas pu ouvrir ce printemps, je vais devoir garder ici environ 40% de mon inventaire cette année», déclare la propriétaire Nancy Émard. Les pourvoiries et clubs de pêche du Québec ont dû attendre jusqu’au 15 juin avant d’ouvrir leurs portes en raison de la crise sanitaire. Conséquemment, les pisciculteurs chargés d’ensemencer leurs lacs au printemps ont vu se multiplier les annulations ou les réductions de commandes.
«Personnellement ici, j’ai la chance d’avoir dix étangs sur mon terrain, je vais donc être en mesure d’éviter qu’ils soient trop entassés et qu’il y a ait de la mortalité», s’encourage la piscicultrice.
Par contre, ces 40% de poissons qui demeureront à Saint-Tite prendront la place des plus petits qui devaient normalement les remplacer. «À ce temps-ci de l’année normalement, j’ai environ 100 000 poissons de plus d’ensemencés chez les clients. Ça me faisait donc des étangs vides prêts à accueillir les plus petits.»
Gérer cet inventaire aura un impact financier qui ne pourra être récupéré note Nancy Émard. «Il y a toujours un risque d’en perdre par la prédation ou la canicule. Et puis, il faut continuer à s’en occuper, à les nourrir. Ça va nous coûter environ 30% de plus pour les garder, mais cette hausse, les clients ne voudront pas l’absorber l’année prochaine.»
Plus gros, plus petits
Ces poissons seront un peu plus gros qu’à l’habitude en 2021, mais pas tellement souligne-t-elle. «En raison du facteur d’entassement, les poissons cessent de grossir à un moment donné. C’est comme un poisson rouge qui reste petit dans un bocal. Si tu le mets dans un aquarium de 30 gallons, il va se mettre à grossir jusqu’à une certaine taille.»
Et puis, une partie de la production de 2021 sera aussi plus petite qu’à l’habitude puisqu’elle aura eu moins de temps pour grossir dans les étangs actuellement occupés par le surplus d’inventaire de cette année.
Pisciculture Les Truites de la Mauricie a été fondée en 1980, mais Nancy Émard en est propriétaire depuis 1988. L’entrepreneure s’est spécialisée dans la production de truites mouchetées (omble de fontaine) avec une lignée indigène. La pisciculture compte environ 300 000 poissons, toutes tailles confondues. «Ma clientèle est principalement en Mauricie, mais j’en ai quelques-uns au Saguenay Lac-Saint-Jean», poursuit-elle.
Le seul aspect positif de la COVID-19 pour la pisciculture de Saint-Tite a été l’achalandage record enregistré au cours du mois de mai dans les étangs réservés aux pêcheurs. «Quand tout était fermé, nous étions ouverts et les gens n’avaient rien à faire. Ils venaient pêcher en famille. C’est une bonne chose, car ça m’a permis de passer une partie de mon surplus d’inventaire», termine Nancy Émard.