Le projet complètement raisin de Cynthia Lupien
CHAMPLAIN. Cynthia Lupien rêvait depuis plus de 10 ans à l’ouverture de son centre d’interprétation du raisin de table lorsqu’elle a déniché l’endroit parfait pour accueillir son projet. Dès la fin des classes, en juin, elle accueillera petits et grands visiteurs sur son site bordant la route 138, à Champlain. Cette saison sera d’ailleurs marquée par l’arrivée de ses premiers raisins plantés en sol champlainois.
Son entreprise, Complètement Raisin, c’est le fruit de plusieurs années de travail, de passion et de persévérance. Arrivée à Champlain en 2019, elle a rencontré plusieurs pépins sur son chemin.
« J’ai enregistré l’entreprise il y a 11 ans parce que je savais déjà ce que je voulais faire, raconte-t-elle. À l’époque, j’avais fait une demande de financement auprès de la Financière agricole, mais ils étaient frileux de me prêter. J’étais seule, une femme en agriculture et je voulais me partir dans le raisin de table. Ils trouvaient ça trop risqué, marginal. Ils ont refusé, même si je demandais seulement 25 000 $. »
Pas question d’abandonner pour autant. Son entreprise, elle l’aurait, même s’il lui fallait faire quelques détours. Elle s’est relevé les manches et a démarré son entreprise de consultation en agroalimentaire.
« De ça, j’ai réussi à me mettre des sous de côté pour partir mon projet de raisins de table, précise Cynthia. Tout ce temps-là, je me cherchais une terre. Je voulais être sur le bord de l’eau, c’était ma seule contrainte. En attendant de trouver, je plantais des vignes à différents endroits pour tester les variétés. »
Elle a cherché une terre pendant huit ans avant de tomber, par hasard, sur un petit lopin en vente face au fleuve. « J’étais de passage en voiture, se souvient-elle. Je me suis stationnée en face, comme tout le monde le fait pour observer. J’ai raccroché mon téléphone et en tournant la tête, j’ai vu la pancarte à vendre. C’était ici. C’était un coup de cœur instantané. »
« Le lendemain matin, j’ai fait la route de Drummondville jusqu’à Champlain pour faire une offre d’achat, poursuit Cynthia. En une journée, je savais que c’était ici. C’était parfait. J’ai 2,5 acres, soit l’équivalent de 10 terrains résidentiels. »
Convertir un casse-croûte en maison
Le 9 juillet 2019, elle a posé ses valises à Champlain. Le moins que l’on puisse dire, ce que les premiers jours n’ont pas été de tout repos. « Je suis allée de surprise en surprise, dit-elle. C’était un ancien casse-croûte ici et ce n’était pas isolé. La maison derrière, là où habitaient les anciens propriétaires, c’était un ancien poulailler, qui avait été converti en entrepôt de carottes, puis converti en deux logements, puis encore converti en maison unifamiliale avec ancienne plomberie et ancienne installation électrique. Quand mon assureur a vu ça, il m’a dit que je ne pouvais pas habiter là. »
La seule option qui s’offrait à elle était de transformer le casse-croûte en maison. Pour que ce soit considéré comme tel, il lui fallait une cuisine et une salle de bain fonctionnelles.
« Il a fallu faire de l’excavation, trouver les tuyaux, etc., relate-t-elle. Je suis allée chez Mercier 40, j’ai trouvé des portes et je me suis fait des armoires de cuisine à partir de ça. On était dans les semaines de la construction, alors j’ai engagé les corps de métier que j’étais capable d’engager. Il est arrivé toutes sortes d’affaires. L’eau coulait de partout un moment donné. J’ai eu l’aide de bons samaritains. Les gens du coin ont eu pitié de moi je pense et ils m’ont beaucoup aidée. En environ 5 semaines, c’était fait. »
Le raisin, sous toutes ses formes
Depuis, Cynthia Lupien travaille sans relâche pour bâtir son centre d’interprétation du raisin. « Le nom de l’entreprise, c’est vraiment à l’image de la propriétaire, lance-t-elle en riant. Je suis une bibitte. J’ai 1001 projets et de l’énergie à revendre. »
Elle n’exagère pas. Sur place, on peut bien sûr faire la cueillette de raisins, mais on peut aussi apprendre et se divertir de plein de façons. Sur le site, on retrouve des panneaux d’interprétation pour tout connaître sur le raisin. Il y a aussi un labyrinthe éducatif avec un jeu intégré pour les enfants. La propriétaire a même une mini-ferme et un jardin autochtone de plantes médicinales.
Dans la boutique, c’est une véritable caverne d’Ali Baba. On y retrouve une foule de produits à base de raisin, dont la plupart sont faits maison. En fait, Complètement Raisin, c’est de tout, sauf du vin.
« Je voulais être dans les pionnières pour faire découvrir le raisin de table, indique Cynthia. Avec ce projet, je voulais revaloriser nos petits fruits. Je voulais rester en permaculture, valoriser et enseigner. Le raisin, c’est riche en valeur nutritionnelle, ce n’est pas plein de pesticides et si tu veux, tu ne perds rien. C’est ce que je veux faire découvrir aux gens. »
« Il y en a qui consomme la sèche au printemps. Tu as le raisin frais, le raisin sec, le raisin congelé et la feuille de vigne qui se mange, renchérit-elle avec passion. La feuille se consomme aussi infusée. Je l’infuse et je l’embouteille, prête à être consommée. Il y a même des cosmétiques faits à base de la vigne. J’embouteille aussi de l’huile de pépins de raisin. Je fais la plupart de mes produits. »
Et ce n’est pas tout. Elle a écrit trois livres pour enfants sur le raisin afin de leur faire découvrir cet univers de façon ludique. Cynthia a même développé une recette de molle végane au raisin qu’elle fait découvrir aux visiteurs l’été.
Cette année, elle ouvrira ses portes à la fin des classes, en juin, et ce, jusqu’à l’Action de grâce. Les visiteurs pourront y découvrir une quinzaine de variétés de raisins, dont une 100 % québécoise. La propriétaire offre également des visites pour les CPE et les écoles.
Pour suivre les activités de l’entreprise ou obtenir des informations supplémentaires : completementraisin.com