Glissements de terrain : la construction résidentielle sur pause

SAINTE-GENEVIÈVE-DE-BATISCAN. À Sainte-Geneviève-de-Batiscan, la construction résidentielle est mise sur pause dans certains secteurs. C’est que la Municipalité a reçu un avis en décembre dernier lui indiquant que le ministère de la Sécurité publique effectue des travaux de révision des zones à risque de glissement de terrain. Et tant que les travaux ne seront pas achevés, la Municipalité ne pourra émettre de permis de construction pour ces secteurs.

Au total, six zones sont touchées par ces travaux, dont celles de la rue des Brumes et de la Pointe Trudel. Cela représente environ quinze terrains, dont un acheté dernièrement sur la rue des Brumes. L’acquéreur du terrain en question avait pour projet d’y bâtir une maison. C’était avant que la Municipalité soit contrainte de ne pas délivrer de permis. Heureusement, la personne a acquis une autre demeure entre-temps et ne se retrouvera pas les mains vides.

«Le gouvernement travaille sur une nouvelle cartographie pour délimiter les secteurs à risque de glissements de terrain. Ça ne veut pas dire que les zones étudiées présentement sont catégorisées à risque, mais elles ont le potentiel de l’être», explique le maire de Sainte-Geneviève-de-Batiscan, Christian Gendron.

Des spécialistes s’affairent à étudier le sol et, selon le maire, il faudra attendre au moins six mois avant de connaître les résultats de leurs efforts. Quant à la nouvelle cartographie, elle est prévue pour le printemps 2020.

«La plupart de la municipalité est construite sur l’argile, comme c’est le cas à plusieurs endroits au Québec, indique M. Gendron. Parfois, les terrains ne sont pas très hauts comparativement à la rivière. C’est un facteur à prendre en considération.»

Les citoyens rencontrés

Le 19 mars, les quelque trente citoyens concernés par les travaux en cours ont été rencontrés. Des représentants du gouvernement et de la Municipalité leur ont dressé le portrait de la situation.

Le maire tient à préciser que même si un secteur est considéré à risque de glissement de terrain, cela ne veut pas dire qu’il ne pourra pas y avoir de nouvelles constructions à cet endroit ni que les résidents actuels seront chassés de chez eux.

«Prenons, par exemple, le cas de la rue des Brumes. Si le secteur devient à risque, il ne serait pas impossible de bâtir une maison sur le terrain qui a été acheté. Par contre, il faudrait peut-être procéder à un rehaussement de terrain. C’est seulement un exemple et ça reste à voir, mais l’idée, c’est de dire qu’on trouvera des façons de s’ajuster à la nouvelle réalité, au besoin», mentionne M. Gendron.

Ce dernier ne croit pas non plus que la valeur des maisons et terrains concernés chutera étant donné qu’il s’agit d’endroits prisés de par leur proximité avec la rivière.

Une révision complète des deux MRC

Ce n’est pas que la municipalité de Sainte-Geneviève-de-Batiscan qui est visée par la nouvelle cartographie. Les cartes des MRC des Chenaux et Mékinac seront révisées au cours des prochaines années. Le ministère de la Sécurité publique effectue les travaux selon un ordre de priorité.

«Les cartes sont produites spécifiquement à des fins d’aménagement du territoire et visent à éviter l’implantation de nouvelles constructions en zones de contraintes et de régir les interventions qui pourraient nuire à la stabilité des talus», indique Patrick Harvey, relationniste pour le ministère de la Sécurité publique.

Dans leurs schémas d’aménagement et de développement actuels, les MRC des Chenaux et Mékinac disposent déjà de cartes de zones exposées aux glissements de terrain produites par le gouvernement dans les années 1980 ou de zones déterminées par les MRC elles-mêmes.

Ce sont les événements des dernières années qui sont à l’origine de la révision des zones à risque pour les deux MRC. Rappelons qu’un glissement de terrain de la taille d’un terrain de baseball était survenu, en novembre 2016, sur le rang Saint-Joseph Ouest à Saint-Luc-de-Vincennes. Une grande portion de la terre agricole de Luc Normandin avait été entraînée vers la rivière Champlain. L’éboulement empêchait d’ailleurs l’eau de circuler dans le cours d’eau.

À peine quelques jours plus tard, toujours en novembre 2016, une famille de Sainte-Geneviève-de-Batiscan était mise à la porte de chez elle en raison d’un glissement de terrain sur le rang des Lahaie. Une portion de terrain d’environ 100 mètres, située derrière la résidence en bordure de la rivière, s’était affaissée.

Récemment, la famille a obtenu le feu vert pour réintégrer sa demeure centenaire. Des travaux pour modifier la pente menant à la rivière et solidifier le terrain ont toutefois dû être réalisés préalablement.

46 glissements de terrain

De 2005 à 2017, le ministère de la Sécurité publique a répertorié trente-cinq glissements de terrain à travers la MRC des Chenaux. C’est la municipalité de Sainte-Geneviève-de-Batiscan qui détient le triste record avec un total de quatorze. Au deuxième rang se trouve la municipalité de Saint-Maurice avec un total de huit glissements de terrain, dont sept sont survenus en 2017. C’est d’ailleurs cette année-là que s’est produit le plus grand nombre de glissements de terrain, soit seize sur les trente-cinq.

À titre de comparaison, la MRC Mékinac enregistre onze glissements de terrain pour la même période et c’est la Ville de Saint-Tite qui en recense le plus avec un total de quatre.

Glissements de terrain survenus de 2005 à 2017

MRC des Chenaux :

  • Sainte-Geneviève-de-Batiscan : deux en 2005, un en 2007, un en 2008, un en 2011, un en 2015, deux en 2016 et six en 2017
  • Saint-Maurice : un en 2006 et sept en 2017
  • Notre-Dame-du-Mont-Carmel : un en 2005, deux en 2009, un en 2014 et un en 2017
  • Saint-Luc-de-Vincennes: deux en 2016 et un en 2017
  • Sainte-Anne-de-la-Pérade : un en 2008 et un en 2013
  • Saint-Prosper-de-Champlain : un en 2005 et un en 2017
  • Saint-Stanislas : 1 en 2009

Total : 35

MRC Mékinac :

  • Saint-Tite : un en 2007, trois en 2008
  • Saint-Roch-de-Mékinac : un en 2011, un en 2014 et un en 2016
  • Saint-Adelphe : un en 2010 et un en 2011
  • Notre-Dame-de-Montauban : un en 2006
  • Trois-Rives : un en 2017

Total : 11

** Selon des données fournies par le ministère de la Sécurité publique