Dame Nature mène la vie dure aux agriculteurs

SAINT-TITE.  Gel tardif, printemps sec, été pluvieux : la saison agricole 2023 est celle des extrêmes et peu de producteurs réussiront à s’en sortir sans subir de pertes.

Agronome au club-conseil en agroenvironnement Lavi-Eau-Champ basé à Saint-Tite, Stéphanie Veilleux note que les conditions météorologiques depuis le début du printemps n’ont été jusqu’ici presque jamais favorables aux agriculteurs.

« Il y a eu plusieurs gels consécutifs au mois de mai qui ont affecté les premières grappes de petits fruits. Par la suite, la sécheresse est arrivée et le foin n’arrivait pas à pousser dans les champs. La première coupe a donc été très ordinaire et à partir de la mi-juin, c’est la pluie qui s’est mise à tomber et là aussi, la 2e coupe de foins en a souffert », rapporte-t-elle.

Des quantités importantes de pluie donc, mais surtout, de fréquentes averses ont causé des dommages importants aux cultures. « En horticulture, c’est un vrai désastre. Chez les producteurs de fraises, on parle de perte de plus de 30% de la production. Il fallait quand même récolter les fruits malades pour éviter que ça contamine les plants. Il n’y a personne qui a fait de l’argent avec les fraises cette année. Avec les framboises, ça sera un peu mieux par contre », estime l’agronome.

Le temps humide a entraîné également beaucoup de maladies de feuillage dans les grandes cultures et les productions maraîchères. « Avec la pluie, c’était difficile d’aller au champ et faire les traitements. Les plants dont le feuillage est attaqué font moins de photosynthèse, ça affecte évidemment les rendements et on s’attend à des pertes », prévoit Stéphanie Veilleux.

Les producteurs qui s’en sortiront le mieux sont ceux qui ont investi dans la santé de leur sol dans les dernières années. « Des sols bien drainés, avec un bon nivellement, pas de compaction. Ça donne des champs plus uniformes au niveau des rendements et qui sont en mesure de mieux tolérer et combattre les maladies provoquées par la pluie. »

Selon l’agronome, il faut remonter à 2004 pour voir la rivière des Envies sortir de son lit en plein été comme ce fut le cas cette année. « Une crue comme on a vu cet été alors que les cultures sont déjà présentes dans les champs, ça représente des pertes complètes en termes de production. Présentement, on voit des sections de champs que l’eau n’avait jamais réussi à atteindre à ce stade de la saison », termine l’agronome.