« 1000 milles, c’est une bonne ride » – Martin Massicotte

DÉFI. Affronter des vents de 80 km/h, se battre contre un orignal enragé, traverser un interminable blizzard puis franchir le fil d’arrivée sain et sauf. L’Iditarod 2022 de Martin Massicotte aura été tout, sauf une ballade du dimanche…

Le musher de Saint-Tite a complété le 17 mars cette course de 1600 kilomètres (1000 milles) en 21e position, avec un temps de 10 jours, 8 heures et 17 minutes. Il est devenu ainsi le premier Québécois à compléter cette épreuve extrême, rejoignant ainsi un club sélect de 825 compétiteurs depuis 1973.

« J’étais heureux que ça finisse », a lancé Martin Massicotte rejoint par L’Hebdo alors qu’il était toujours en Alaska. Son premier geste en arrivant fut bien sûr d’enlacer sa conjointe Marie-Josée Dulong puis immédiatement d’aller donner une caresse sur la tête de tous ses chiens. « Ils ont été écœurants. À chaque commandement, ils obéissaient. On était réellement connecté. »

Seulement 200 milles après le départ, le Saint-Titien a été obligé de retirer le leader de son équipe en raison d’ennuis de santé. « Je stressais avec ça, car c’est un chien qui court en avant de mon équipe depuis huit ans. C’est un chien exceptionnel, mais heureusement, les autres ont pris le relais. »

Bien que la course ait été intense du début à la fin, certains épisodes l’ont été plus que d’autres comme celle où il a dû se défendre contre un orignal enragé. « Ici, c’est un fléau », raconte celui qui n’avait pas d’armes contrairement à la majorité des compétiteurs qui transporte un fusil à l’Iditarod.

À trois reprises, l’orignal a chargé Martin Massicotte qui n’avait qu’un bâton de ski pour se défendre et une lampe frontale utilisée pour aveugler l’animal. Frappant l’original qui s’en prenait à ses chiens, il a réussi à l’éloigner de sa meute pour rejoindre en courant son traîneau et repartir. La bête a eu moins de chance avec le musher suivant qui était équipé d’une carabine… « C’était intense, mais de courte durée, je dirais entre une à deux minutes. C’est sûr que le rythme cardiaque augmente un peu », raconte en riant Martin Massicotte qui se considère chanceux de s’en être sorti sans mal.

Aidé par un Suédois

Dans la dernière étape de l’épreuve, le musher de Saint-Tite a eu aussi un épisode éprouvant en devant affronter un blizzard soufflant des vents de plus de 50 milles à l’heure, durant près d’une heure et demie. « Il y a eu plusieurs abandons à ce moment. Il y en a même un qui s’est cassé une jambe. Moi-même, j’ai pensé revenir en arrière et trouver un refuge, mais un Suédois qui me dépassait m’a dit le suivre. J’avais remarqué durant la course ce gars de six pieds et deux et 225 livres. C’était un tough qui en était à son 7e Iditarod. »

Après la course, Mats Petterson a expliqué à Martin Massicotte que les recrues comme lui font souvent l’erreur de revenir en arrière, en attendant que les vents cessent. « Mais à cet endroit, ils n’arrêtent pratiquement jamais. Il faut vraiment que tu passes au travers », raconte le Saint-Titien reconnaissant envers le Suédois qui l’a motivé à poursuivre.

Maintenant qu’il a pris sa revanche sur l’édition 2020 qu’il avait dû abandonner à la mi-course, Martin Massicotte ne prévoit pas revenir courser en Alaska un jour. « Mon effort est fait et j’ai 53 ans maintenant », dit-il en soulignant que sans sa conjointe qui l’a accompagné, il n’y serait jamais arrivé. « Elle a été d’un appui inestimable. Durant la course, tu es isolé. Elle a été tout le temps ma référence. Je n’y serais pas parvenu. Il fallait qu’elle soit là », conclut-il.