Kevin Raphaël est emballé par le défi qui l’attend avec l’équipe de hockey féminin
MONTRÉAL — Le président de la nouvelle concession de la Premier Hockey Federation (PHF) ne manque pas de bonnes intentions pour assurer la relance du hockey professionnel féminin à Montréal, mais plusieurs questions demeurent encore en suspens.
La PHF a confirmé ses plans d’expansion, mardi matin, en ajoutant une septième équipe à Montréal pour la saison 2022-23, et Kevin Raphaël, personnalité bien connue du monde des médias québécois, en assumera la présidence. S’il est emballé par le défi qui l’attend, il aura fort à faire pour convaincre les meilleures joueuses de se lancer dans l’aventure.
«Je suis impliqué dans le hockey féminin depuis plusieurs années et j’ai travaillé très dur ces quatre dernières années pour ramener une équipe professionnelle à Montréal, a précisé Raphaël, un ambassadeur de longue date du sport à travers la province, en visioconférence en compagnie de la commissaire de la ligue, Reagan Carey.
«Nous voulons construire ensemble le futur du hockey féminin et ça passe par une équipe professionnelle. Il faut que nos filles jouent, qu’on les traite en professionnelles et qu’on les paie de façon décente», a-t-il ajouté.
L’équipe montréalaise est pour l’instant la propriété de l’entreprise américaine BTM Partners, et il sera intéressant de voir si des investisseurs québécois seront éventuellement intéressés à s’impliquer. Le nom et le logo seront dévoilés dans les prochaines semaines, tout comme le personnel d’entraîneurs et l’effectif de la formation.
Le hockey féminin professionnel est absent au Québec depuis la fin des activités de la Ligue canadienne (LCHF), dont faisaient partie les Canadiennes de Montréal, au printemps 2019. Pour justifier la fin des opérations, la ligue avait expliqué que le modèle d’affaires n’était plus rentable.
Raphaël estime que le contexte aujourd’hui est bien différent.
«La raison pour laquelle je suis là, c’est parce que beaucoup de choses ont changé au sein de la ligue», a-t-il répliqué lorsqu’on lui a demandé comment il entend convaincre les meilleures joueuses de se joindre à son équipe.
«Il y a trois ans, j’aurais peut-être dit non, mais aujourd’hui avec les efforts déployés pour améliorer le sort des joueuses, les infrastructures, les investissements et tout le reste, ça me permet de promettre aux joueuses qu’elles vont être traitées professionnellement, être payées mieux qu’en jouant des matchs d’exhibition», a-t-il assuré.
Obtenir la reconnaissance
Le plafond salarial dans la PHF la saison prochaine est fixé à 750 000 $, et Raphaël croit que l’argent n’est pas le seul facteur en jeu.
«Moi, je prévois dépenser 100% du plafond salarial, a-t-il dit. C’est dans le budget. Et nous croyons à l’équité. C’est sûr que les meilleures joueuses vont faire davantage que la fille qui joue sur le troisième ou le quatrième trio.
«Pour en avoir discuté avec certaines joueuses, oui, le salaire est important. C’est d’ailleurs l’objet de la chicane depuis quatre ans. Mais il y a aussi le fait qu’elles veulent obtenir la considération qu’elles méritent», a-t-il renchéri.
Le marché des joueuses autonomes est déjà bien lancé, Mikayla Grant-Mentis étant devenue la joueuse la mieux payée de l’histoire de la ligue avec un contrat d’un an de 80 000 $ avec le club de Buffalo.
Même s’il part en retard, Raphaël est confiant d’être en mesure de faire des annonces très bientôt.
«Je ne vais pas vous mentir en disant que mon téléphone surchauffe en ce moment. Beaucoup de joueuses veulent venir jouer à Montréal», a-t-il dit.
Rivalité?
Rappelons que l’Association des joueuses professionnelles de hockey féminin (PWHPA) envisage aussi de lancer une nouvelle ligue regroupant les meilleures joueuses au monde, et Montréal doit en faire partie.
Cette éventualité n’est pas une source d’inquiétude pour Raphaël, bien au contraire.
«Ça va offrir plus d’opportunités aux joueuses. Moi, je suis 100 pour cent pour les joueuses. S’il y a deux équipes, ça veut dire 46 joueuses qui vont toucher un salaire. Ça ne me stresse pas. Si les gens de la PWHPA veulent discuter avec moi, je ne suis pas fermé. Je ne fais pas partie de la chicane, je parle à tout le monde, j’aime tout le monde.»
La commissaire Carey estime par ailleurs que Montréal était incontournable pour son circuit.
«C’était un marché essentiel pour nous, et nous sommes vraiment excités de voir ce que nous pouvons faire ici», a-t-elle confié.
La PHF en bref
– La nouvelle équipe s’entraînera à Montréal, mais Kevin Raphaël compte en faire l’équipe du Québec en disputant des matchs dans différentes villes de la province.
– Le Centre de hockey de haute performance 21.02, dirigé par Danièle Sauvageau à Verdun, servira de centre d’entraînement principal.
– Outre Montréal, la ligue a actuellement des équipes à Boston, à Toronto, au New Jersey, à St. Paul (Minnesota), au Connecticut et à Buffalo.