La trousse du cueilleur

CHRONIQUE. Que vous soyez un féru ou un néophyte, vos randonnées en forêt seront plus agréable si vous vous offrez un minimum de commodités.

Quel bel été chaud et sans pluie ! Nous achevons la période creuse en mycologie québécoise. Alors, plutôt que de vous parler de champignons forestier ou de culture, cette semaine je vais tenter de vous décrire la trousse d’outils qui vous sera utile lors de votre prochaine cueillette.

Je vous dirais qu’il y a plusieurs catégories d’items à porter sur soi.

Identification

Un bon livre format de poche est toujours un atout mais il n’est pas indispensable pendant la cueillette. Il en existe qui ont des pages plastifiées. Celles-ci seront plus durables et ne seront pas incommodées par une petite pluie, ou les quelques gouttes qui sont demeurées suspendues aux feuilles ou aux épines et qui vous tomberont dessus au moindre mouvement de l’arbre.

Les logiciels de reconnaissance et banques de photos sont légères, peu encombrantes et offrent une grande possibilité ce qui est parfait pour les cellulaires.

Une loupe de 5X à 15X vous permettra de voir les minuscules détails. C’est un item facultatif.

Communication

Si vous êtes en groupe, vous pouvez téléphoner un autre membre qui se trouve dans une autre partie de la forêt afin de savoir dans quelle zone vous diriger ou simplement de coordonner un point de rendez-vous.

Un téléphone pourrait devenir indispensable si un membre de votre groupe ou vous-même aviez un incident qui demande les secours. Bien sûr, il faudrait avoir une couverture cellulaire dans l’endroit où vous vous trouvez.

Les walkies-talkies sont aussi des moyens de communication intéressants pour les  endroits sans couverture cellulaire.

Le sifflet peut aussi servir. Un coup pour se rassembler, trois coups pour demander à l’aide…  J’ai trouvé un sifflet-boussole-loupe-thermomètre à moins de 5$ chez Atmosphère de Shawinigan.

Orientation

Cartes, boussoles et GPS sont des moyens de vous orienter en forêt. Les cellulaires (smart phone) possèdent des applications de cartes virtuelles, de boussoles numériques et de GPS.

Lever les yeux vers l’avant, se retourner vers l’arrière et regarder les alentours en quête de points de repères est une excellente habitude. Beaucoup de gens entre en forêt le nez au sol, et avancent sinueusement à la recherche des champignons, allant d’un spot à l’autre, avide et enthousiaste, puis se rendent compte qu’ils se sont complètement désorientés.

La plus haute branche d’une pruche pointe l’EST, la mousse verte croit surtout du côté NORD des souches. Un ancien scout saura retrouver le NORD en utilisant sa montre à aiguille et le soleil.

L’important est de ne pas se perdre.

Sécurité

Il est impératif de porter des lunettes de protections (branche dans un œil).

Il peut arriver plusieurs petites avaries  pendant nos sorties et une trousse minimale de sécurité serait un atout surtout dans un groupe. Diachylons (mauvaise utilisation du couteau), sifflet (appel à l’aide, bruit devant un animal), ruban fluorescent ou de couleur contrastante avec le décor vous aideront à retrouver vos affaires dans le fouillis végétal de la forêt.

On pourrait ajouter plusieurs items tels que bombe Cayenne contre les ours et injecteur EpiPen pour les allergiques aux piqures d’abeilles.

J’ai vécu une histoire plate se terminant bien l’automne dernier. J’ai perdu mon téléphone cellulaire lors d’une cueillette de groupe sur un terrain nouveau. Je m’étais penché pour ramasser des vesses de loup perlées.  J’avais marché sur une très grande étendue et lors de mon retour, je me suis aperçu que je n’avais plus mon « précieux » cellulaire (avec mes numéros de téléphones, mes photos récentes, et tout le tralala). Mon téléphone a un étui noir, peu voyant. Il était en mode avion comme toujours donc pas moyen de le localiser en le faisant sonner par un appel d’une autre personne du groupe. Mon appareil GPS n’était pas actif, ce qui ne me permettait pas de refaire le même trajet à rebours.

J’ai réalisé qu’il n’y avait qu’une solution, y retourner le lendemain matin pour arpenter toute la superficie que je me rappelais avoir parcourue, au moment où ma sonnerie de réveil matin se ferait retentir. Comme mon réveil est programmé pour 5h30, vous imaginez bien qu’il me fallut me lever à 3h30 pour me préparer et aller en voiture à une heure de route, entrer en forêt avant l’aurore d’octobre, à la lampe frontale, pour rejoindre la zone suspecte à deux kilomètres de marche.

Nous avons cherché pendant 3 heures et euréka ! Le cellulaire gisait juste à l’endroit où j’avais trouvé des champignons. Je ne désire plus revivre cela, trop de stress et de pertes de temps.

Désormais, mon cellulaire comporte une dragonne très colorée (courroie d’une couleur contrastante avec le sol), il est en mode communication pour pouvoir sonner s’il y a des appels, et mon GPS est réinitialisé au départ de la randonnée pour me permettre de revenir sur mes pas en suivant le tracé enregistré si je m’aperçois que j’ai perdu quelque chose.

Cueillette

Enfin, on y arrive. Nous aurons besoin d’un couteau. Il existe plusieurs modèles de couteaux. Le fétiche de la plupart des cueilleurs sera l’OPINEL #08 spécial en inox. La courbure de la lame, sa rigidité, sa longueur, le fait qu’elle se replie, qu’il y a un cran d’arrêt (empêche la lame de se replier sur vos doigts) la présence de poils (soies) de porc pour nettoyer les champignons des aiguilles, de la terre ou des petites protéines indésirables (insectes), et les encoches de racloir au dos de la lame en font un outil des plus appréciés. En Mauricie, vous pouvez vous procurer ces couteaux spécialisés chez Atmosphère de la Plaza de la Mauricie à Shawinigan. Le gérant Martin Quessy m’a confirmé qu’il conserverait un bon inventaire en stock.

Voici les deux couteaux que je porte. Le premier ressemble à la serpe de Panoramix et je m’en sert peu, car il est trop courbé et s’utilise mal pour les champignons. Il est mon préféré pour les herbes. Le second est l’Opinel #08 inox, mon outil de prédilection pour les champignons tendres. Sur la photo, vous remarquerez qu’il y a un trou pour y installer une dragonne. Avec un cordon très coloré, vous risquez encore moins de perdre votre outil le plus important.

Évidemment, pas question de trancher un chaga avec ces outils, une hache serait mieux appropriée.

Vous aurez besoin de sacs de papier. Le sac papier permet aux champignons de respirer à l’encontre des sacs plastiques.  J’utilise les numéros 7, mais vous pourrez choisir un format intermédiaire ou deux formats petits-et-grands.

Enfin le panier de cueillette qui rend les photographies si champêtre vous sera utile pour des promenades relativement courtes. Un bémol concernant les paniers. Qu’ils soient faits en osier ou en tissus, il y a des modèles ouverts et des modèles avec couvercles. Je préfère les modèles fermés car les champignons cueillis ont moins de risques de tomber, et les brindilles et feuilles des arbres ne pourront s’ajouter inopinément à votre butin pendant votre randonnée.

Un appareil photo vous servira aussi à « cueillir l’environnement forestier » où pousse le champignon que vous avez trouvé. Cette photo vous aidera à identifier votre champignon.

Transport et aisance

Dans mon cas, un sac banane que je peux porter soit en arrière ou en avant me permet de transporter tous ces items. Le sac à dos qui est plus grand vous permettra d’apporter des vivres pour un goûter ou un piquenique forestier lors de randonnées plus longues.

Chez l’Équipeur (Plaza de la Mauricie) j’ai trouvé des chemises et des pantalons fabriqués avec un tissu contenant une molécule végétale anti-insectes. Apparemment, ces vêtements seraient efficaces, mais il faudra les laver séparément et ils devraient conserver leur protection pour les 70 premiers lavages.

La plupart de ces items peuvent se trouver dans l’usager, inutile de s’endetter pour s’équiper. Cependant, vous aller avoir plus de plaisir à cueillir si vous avez avec vous, l’équipement minimal pour votre orientation, votre sécurité, vos cueillettes et le transport de votre butin.

Bonnes cueillettes !