Le Québec pourrait compter 10,6 millions de personnes en 2071

MONTRÉAL — La population du Québec pourrait passer de 8,9 à 10,6 millions de personnes d’ici 2071. Cette progression serait portée principalement par l’immigration, alors que les décès devraient surpasser les naissances dans un peu moins de trois ans.

C’est ce qu’avance l’Institut de la statistique du Québec (ISQ) dans ses dernières perspectives démographiques publiées lundi. Il revoit ses hypothèses d’immigration à la hausse tandis que celles de fécondité et d’espérance de vie sont revues à la baisse.

Selon son scénario de référence, l’accroissement annuel entre 2024 et 2027 serait nul en raison de la diminution attendue du nombre de résidents non permanents. La croissance de la population québécoise reprendrait ensuite pour atteindre 10 millions en 2054 et 10,6 millions en 2071.

L’ISQ anticipe toutefois un accroissement naturel négatif avec un nombre de décès dépassant le nombre de naissances à partir de 2027. La hausse des décès serait «principalement la conséquence de l’arrivée des générations du baby-boom aux âges de forte mortalité», souligne l’institut.

Ainsi, «en raison de la baisse soutenue de cet accroissement naturel au cours des prochaines décennies, l’augmentation de la population dépendra de plus en plus de l’accroissement migratoire», peut-on lire dans son rapport.

L’ISQ a tout de même revu à la hausse ses perspectives de croissance de la population québécoise par rapport à ses projections de 2019. Cette année-là, il anticipait que la population atteindrait un peu moins de 10 millions en 2066.

Cette révision s’explique principalement par une augmentation des hypothèses de migration internationale. Auparavant, l’ISQ travaillait avec une hypothèse de 55 000 immigrants permanents, contre 65 000 aujourd’hui.

En prenant en compte les personnes qui quittent le Québec vers d’autres provinces et l’international, le gain migratoire de la Belle province serait de 51 000 personnes.

«Ça reste beaucoup moins élevé que la moyenne d’environ 190 000 des deux dernières années, donc pratiquement environ quatre fois moins», précise le démographe de l’ISQ, Frédéric Fleury-Payeur, en entrevue.

«Si la tendance des deux dernières se maintenait, par exemple, on atteindrait 10 millions de Québécois bien en avant 2054. On l’atteindrait au cours des prochaines années», affirme-t-il.

À noter que l’ISQ présente dans son rapport différents scénarios dans lesquels il entrevoit une évolution plus forte ou plus faible des différentes tendances démographiques.

Québec en forte croissance

La Capitale-Nationale est la région qui pourrait connaître la croissance la plus marquée de sa population (30 %), suivie des Laurentides (27 %), de l’Estrie (24,5 %), du Centre-du-Québec (23,7 %), de Chaudière-Appalaches (23 %), de la Montérégie (22,7 %) et de Lanaudière (22,3 %).

L’île de Montréal serait celle qui enregistrerait la plus faible croissance (3,4 %) parmi les régions où l’on projette une hausse de la population.

La régionalisation de l’immigration, qui semble s’accentuer depuis quelques années, pèse dans la balance pour expliquer une augmentation potentielle plus importante à l’extérieur de la métropole, mentionne M. Fleury-Payeur.

«C’est à la fois l’immigration permanente et l’immigration temporaire qui semblent se régionaliser de plus en plus. Et ça s’observe dans presque toutes les régions du Québec, mais peut-être un peu plus dans les grands centres urbains hors de Montréal, donc Québec en bénéficie», analyse le démographe.

Il note que d’autres facteurs peuvent venir jouer aussi en faveur de l’attractivité de la capitale nationale, comme son fort taux d’emploi et le travail d’organismes locaux pour recruter à l’étranger.

Certaines régions pourraient toutefois afficher une légère décroissance entre 2021 et 2051. Il est question ici de l’Abitibi-Témiscamingue (-2 %), du Bas-Saint-Laurent (- 0,1 %), du Saguenay-Lac-Saint-Jean (- 1 %) et de la Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine (- 3 %).

La Côte-Nord pourrait perdre des habitants de manière plus substantielle avec une décroissance de 13 %.

Vieillissement de la population

L’ISQ rapporte également que le vieillissement de la population serait appelé à s’accentuer encore au cours des prochaines décennies.

En 2071, le nombre de personnes de 65 ans et plus s’élèverait à plus de 2,6 millions et sa part dans la population totale serait de 25 %, alors qu’en 2021 elle était de 20 %. Cette tranche de la population devrait dépasser à compter de cette année le nombre de jeunes de moins de 20 ans.

Ce vieillissement de la population risque de se refléter dans l’occupation des «logements collectifs», soit les résidences privées pour aînés et les CHSLD, notamment.

Pour la première fois dans ses perspectives démographiques, l’ISQ présente des projections pour ce type de logements. Ceux-ci pourraient voir leur nombre d’occupants plus que doubler d’ici 2071 pour s’établir à un peu moins de 400 000.

«C’est intéressant de voir que même si on révise à la baisse un peu l’espérance de vie, le vieillissement demeure», indique M. Fleury-Payeur.

L’espérance de vie à la naissance continuera de progresser jusqu’en 2071 tant chez les hommes (84,8 ans) que chez les femmes (87,1 ans), mais elle se trouve moins élevée que lors des projections de 2019. Elle prend en compte les données des cinq dernières années, évoque le démographe.

Quant au taux de fécondité, il pourrait s’établir à 1,50 enfant par femme à compter de 2030, alors qu’il était anticipé à 1,60 dans l’édition précédente.

L’ISQ prévoit présenter une mise à jour de ses projections démographiques annuellement afin de tenir compte de «l’incertitude» un peu plus présente pour certains indicateurs, comme l’espérance de vie et la fécondité, évoque M. Fleury-Payeur.