Le ministre de l’Éducation a présenté un plan «gruyère», fustige l’opposition

QUÉBEC — Le ministre de l’Éducation Bernard Drainville doit «mieux faire ses devoirs» parce qu’il a présenté jeudi un «plan pas de plan» qui contient plein de «non-réponses», fustige l’opposition officielle.

Le chef intérimaire du Parti libéral, Marc Tanguay, s’est étonné en point de presse que M. Drainville ne sache pas combien il manque d’enseignants dans le réseau et qu’il présente un plan non chiffré. 

«Ce qu’on reproche à ce plan-là, c’est d’être un gruyère, d’avoir de gros trous, a-t-il déclaré. Ça n’a pas de bon sens, ils sont dans leur cinquième année. On dirait que la Coalition avenir Québec (CAQ) vient d’être élue!»

Pourtant, les sept grands objectifs du ministre Drainville rejoignent les demandes du Parti libéral; par exemple, les libéraux veulent augmenter l’aide aux enseignants et améliorer la réussite des élèves en français.

Mais le ministre navigue à vue, déplore la porte-parole libérale en éducation, Marwah Rizqy. «Est-ce normal de faire aujourd’hui une sortie en éducation quand le ministre admet lui-même qu’il n’a pas toute l’information?»

M. Drainville a promis jeudi de corriger les lacunes dans l’enseignement du français, mais n’a pas dit comment. Il veut aussi créer une nouvelle «voie rapide» afin de devenir enseignant.

En outre, le ministre souhaite que chaque école puisse offrir au moins un projet particulier et que tous les élèves puissent être inscrits à un projet. Il veut revaloriser la formation professionnelle et rénover les écoles.

«Ce sont de bonnes priorités, mais c’est surprenant que la CAQ se pose la question de ce qu’il faut faire en éducation seulement à ce stade-ci», a réagi le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon. 

«C’est comme si le premier mandat de la CAQ n’a pas eu lieu», a-t-il lancé.

Le ministre n’explique pas comment il compte atteindre ses objectifs, a déploré à son tour la porte-parole de Québec solidaire en éducation, Ruba Ghazal. 

«Après trois mois de silence, Bernard Drainville a sorti tambours et trompettes pour nous présenter une petite liste d’épicerie. 

«Le ministre ne sait pas combien d’argent va être investi dans son plan, et il est incapable de dire combien de profs manquent actuellement dans le réseau. C’est de l’amateurisme», a-t-elle affirmé dans un communiqué.

Des syndicats réagissent

Selon la Fédération autonome de l’enseignement (FAE), M. Drainville a plutôt présenté un «plan de communication». La Centrale des syndicats du Québec (CSQ) souligne que «tout sera dans le comment».

«C’est un bon tour d’horizon (…) qu’a présenté le ministre. (…) Cela dit, tout sera dans le « comment » et dans les moyens qui seront mis en place», a déclaré par communiqué le président de la CSQ, Éric Gingras.

Concernant la voie rapide pour obtenir un brevet d’enseignement, il faut faire attention de ne pas diminuer la qualité de la formation, prévient-il. 

M. Gingras a également insisté sur la nécessité d’améliorer les conditions de travail dans le réseau pour attirer et retenir le personnel.