Le CRTC ne doit pas considérer l’IA comme du contenu canadien, disent des syndicats

OTTAWA — Le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) ne devrait pas classer le matériel généré par l’intelligence artificielle comme contenu canadien, ont déclaré jeudi les syndicats représentant les acteurs et les écrivains.

Le matériel créé par l’intelligence artificielle ne devrait «en aucun cas» être considéré comme du contenu canadien, affirme l’Alliance des artistes canadiens du cinéma, de la télévision et de la radio (ACTRA).

«Dans le cas contraire, il s’agirait d’une trahison envers nos artistes, qui ont déjà vu leurs droits moraux violés et leurs possibilités d’emploi limitées par l’IA», estime la présidente nationale du syndicat, Eleanor Noble.

Le syndicat des acteurs a comparu lors d’une audience de deux semaines organisée par l’organisme fédéral de réglementation de la radiodiffusion, qui réfléchit à la manière de moderniser sa définition du contenu canadien. Dans le cadre de ce processus, le CRTC avait demandé des commentaires sur l’impact et le rôle de l’intelligence artificielle.

Eleanor Noble a expliqué que l’IA était largement utilisée dans le doublage et a exhorté le CRTC à «protéger les moyens de subsistance des artistes-interprètes canadiens».

La directrice exécutive nationale de l’organisation, Marie Kelly, a quant à elle affirmé qu’il existait des utilisations appropriées de l’IA, telles que l’utilisation de la technologie pour rendre une cascade plus dramatique tout en assurant la sécurité de l’artiste.

«Mais nous sommes opposés à ce que l’IA génère des spectacles», a-t-elle déclaré.

Selon Marie Kelly, l’IA «ne devrait pas prendre la place des créateurs dans l’écosystème dans lequel nous nous trouvons et nous ne devrions pas traiter les artistes générés par l’IA comme s’ils étaient des acteurs canadiens».

La Guilde des écrivains du Canada, qui a participé à l’audience mercredi, a également fait valoir que le contenu généré par l’IA ne devrait pas être considéré comme du contenu canadien.

La définition du contenu canadien du CRTC repose sur l’attribution de points lorsque des Canadiens occupent des postes créatifs clés dans une production. Le CRTC envisage de conserver ce système et de l’élargir pour permettre à un plus grand nombre de postes créatifs de compter dans le total des points.

Le syndicat des scénaristes a déclaré dans son mémoire que l’IA n’était pas compatible avec cette approche. «Les machines n’ont pas de citoyenneté. Elles ne vivent pas et ne résident pas au Canada, ni dans aucune autre juridiction nationale, parce qu’elles ne “vivent” pas et ne “résident” pas».

D’après le groupe, l’utilisation de systèmes d’IA par un Canadien ne fait pas non plus de la production un contenu canadien.

«Promouvoir une IA générative n’est pas la même chose que créer du contenu. C’est fondamentalement et majoritairement la technologie de l’IA qui génère le résultat, et non l’être humain qui saisit les invites», affirme-t-il.

Créditer l’utilisateur de l’IA du produit fini reviendrait à «créditer le plafond de la chapelle Sixtine au pape Jules II, parce qu’il en a commandé la peinture, plutôt qu’à Michel-Ange, qui l’a en fait imaginé et peint», ajoute le syndicat.