La Société canadienne du cancer revendique une amélioration des soins oncologiques

MONTRÉAL — La pandémie a frappé de plein fouet le secteur des soins oncologiques en 2020, limitant l’accès à des dépistages précoces et à des services adaptés. Près de trois ans plus tard, les retards se font toujours sentir: environ un tiers des personnes interrogées (33 %) ont déclaré qu’elles n’étaient pas assurées de recevoir des soins de qualité de manière ponctuelle en cas d’urgence liée au cancer.

Dans le cadre de la Journée mondiale contre le cancer, la Société canadienne du cancer (SCC) a diffusé samedi les résultats d’un sondage pancanadien mené auprès de 700 personnes atteintes de cancer et proches aidants. Les données révèlent que le quart des répondants subiraient encore aujourd’hui des annulations ou des reports de rendez-vous.

«Au Québec, il y a eu une sous-déclaration des cancers d’environ 15 % lors de la première année de la pandémie. Malheureusement, il n’y a pas moins de gens qui ont le cancer, mais plutôt moins de cas qui sont dépistés», déplore David Raynaud, gestionnaire de la Défense de l’intérêt public pour la SCC.

Ces évaluations tardives révèlent souvent des stades de cancer plus avancés qui exigent des traitements plus complexes, exerçant ainsi une pression supplémentaire sur les professionnels en oncologie déjà surchargés.

«Le programme pour le dépistage du cancer du sein, par exemple, a été fermé pendant trois mois, souligne le gestionnaire. Ce sont aussi 160 000 tests de moins qui ont été faits pour détecter le cancer du côlon pendant la première année de la pandémie. Ce retard qu’on a pris, on n’arrive pas à le rattraper.» 

Le rythme des chirurgies oncologiques a également été ralenti par les restrictions de la COVID-19. Au cours des six premiers mois de la pandémie, ces opérations ont été réduites de 20 % à travers le Canada, et de 5 à 10 % au Québec.

En plus d’alourdir le réseau de santé, les délais dans les soins prodigués aux personnes atteintes du cancer accroissent les impacts néfastes sur le plan physique, psychologique et financier des patients et de leurs proches.

Le soutien financier est une revendication centrale des patients et de leurs proches aidants, qui peuvent faire face à des dépenses et à des pertes de revenus majeures causées par l’ensemble du processus de traitement. Selon les données de la SCC, les aidants doivent essuyer, en général, des coûts allant de 15 786 $ à 20 414 $ par patient et par année.

«Quand j’ai fait mes traitements, il y avait des gens assis à côté de moi qui s’en allaient travailler après leur chimiothérapie. Moi, je retournais me reposer chez moi parce que j’avais les moyens, et je n’en revenais pas. Ça devait être extrêmement difficile, mais ils n’avaient pas le choix», raconte Yves Dubé, patient ambassadeur de la SCC, qui a reçu un diagnostic de cancer du côlon à l’âge de 50 ans.

Les personnes atteintes de cancer ont aussi exprimé que la possibilité de poser des questions constitue la ressource dont ils ont le plus besoin pour gérer l’anxiété liée à leurs soins. Toutefois, ces mêmes patients ont indiqué que la consultation avec un spécialiste est, encore aujourd’hui, le type de soin médical le plus difficile à obtenir.

Une campagne de témoignages

Pour souligner la Journée mondiale contre le cancer, la SCC a lancé samedi la campagne «Prompt rétablissement» dans le but d’exhorter les instances gouvernementales à améliorer rapidement la qualité des soins.

Sur une plateforme en ligne, les gens sont invités à remplir une carte de prompt rétablissement virtuelle pour partager les obstacles auxquels ils font face dans l’accès à des soins oncologiques. Ces témoignages seront ensuite imprimés et livrés aux élus, le 18 avril prochain, pour les inciter à adapter les politiques de santé publique.

«Les deux enjeux qu’on voit en ce moment au Québec, c’est de régler les problèmes actuels – donc de rattraper les retards causés par la pandémie –, mais aussi de s’assurer que le système est prêt à faire face à l’augmentation de la demande en lien avec le cancer», soutient M. Raynaud.

Selon la SCC, le Québec doit garantir des ressources humaines suffisantes dans le domaine de la santé, s’assurer que les investissements gouvernementaux priorisent les services en cancérologie ainsi que favoriser les saines habitudes de vie et de dépistage au sein de la population.

«On peut prévenir 4 cas de cancer sur 10 par l’adoption de saines habitudes de vie, ajoute David Raynaud. Plus on le dépiste tôt, meilleures sont les chances de survie et plus légers sont les traitements. Des services de dépistage plus performants pourraient alléger l’impact sur le système de santé, mais aussi sur la qualité de vie des gens.»

Cet article a été produit avec le soutien financier des Bourses Meta et La Presse canadienne pour les nouvelles.