Explosion des coûts des Maisons des aînés: les CHSLD privés à la rescousse

QUÉBEC — Avec le coût des Maisons des aînés qui explose, les CHSLD privés conventionnés proposent une solution: des établissements moins chers à réaliser et plus efficients selon eux.

La semaine dernière, on apprenait dans La Presse et Le Devoir que le prix par chambre des projets de Maisons des aînés pouvait aller jusqu’à 1,8 million $, en raison des dépassements.

Or, en 2020, on estimait le coût à 600 000 $ par chambre, et la moyenne de l’ensemble des projets frôle aujourd’hui 800 000 $ par chambre.

Même si c’est un engagement phare de la CAQ, la ministre responsable des Aînés, Sonia Bélanger, a laissé entendre qu’elle allait y mettre de l’ordre et stopper les projets trop chers.

L’Association des établissements privés conventionnés (AEPC) veut offrir au gouvernement une autre option plus abordable, avec un contrôle des coûts assuré, alors que plus de 3100 personnes sont en attente d’une place en CHSLD, selon les données les plus récentes du ministère de la Santé.

«C’est de plus en plus urgent d’avoir des places additionnelles», a plaidé la directrice générale de l’AEPC, Annick Lavoie, dans une entrevue avec La Presse Canadienne diffusée mardi.

«Notre projet ‘Signature’ s’inspire des Maisons des aînés, mais ce n’est pas exactement le même concept, parce qu’il y a des choses qui ne sont pas efficientes dans les Maisons des aînés», a-t-elle expliqué.

Le modèle de CHSLD qu’elle promeut reprendrait notamment un système de petites maisonnées de 12 unités, à l’instar des Maisons des aînés, qui pourrait être dupliqué sur plusieurs étages.

Plus il y a de maisonnées et d’étages, plus les coûts de construction et d’exploitation diminuent.

La taille «minimale efficiente serait de 128 lits», précise-t-elle.

Mais certains éléments du concept des Maisons des aînés ne seraient pas intégrés, parce que «ce n’est pas une valeur ajoutée pour le résidant», estime Mme Lavoie.

Cependant, les valeurs des CHSLD privés conventionnés et des Maisons des aînés sont les mêmes, «bientraitance, gestion de proximité, aspect humain», a-t-elle assuré.

Et surtout, dans le contexte de restrictions budgétaires du gouvernement, les CHSLD privés veulent offrir un modèle clé en main à un coût moindre, fait valoir la dirigeante de l’AEPC.

«On est capable d’aller chercher des coûts en deçà (de la facture de construction) des Maisons des aînés», soutient-elle.

«En mode privé, on a un contrôle sur les coûts, parce qu’on négocie directement avec les constructeurs, les architectes. On ne veut pas se ramasser dans le rouge. On s’assure que le coût final est celui sur lequel on s’entend.»

L’AEPC veut actuellement renégocier avec le gouvernement les règles de financement annuelles de ses établissements.

L’organisme réclame des ententes à plus long terme et une indexation qui tient compte de l’augmentation draconienne des coûts d’exploitation, puisque des propriétaires d’établissements font face à des déficits.

L’AEPC demandait au gouvernement une enveloppe de 25 millions $ pour boucler le budget 2024-2025, sans quoi 1200 places risquaient d’être fermées, mais elle a finalement obtenu une aide d’urgence de 10 millions $ en avril.

Les CHSLD privés conventionnés sont des entreprises privées qui fournissent un service public, selon des paramètres définis maintenant par la nouvelle agence Santé Québec.

Les tarifs mensuels payés par les résidants sont les mêmes dans les CHSLD privés conventionnés que dans les CHSLD gérés par l’État.

L’AEPC regroupe 29 propriétaires-gestionnaires qui représentent 65 établissements et installations, dont deux hôpitaux de réadaptation.

Le gouvernement Legault a construit 40 maisons des aînés et s’était engagé à en construire 46.

En 2018, la CAQ promettait d’investir 1 milliard $ pour construire environ 30 Maisons des aînés et ainsi combler les 2600 places qui étaient alors manquantes dans les CHSLD.

Mais selon les derniers chiffres avancés par la Société québécoise des infrastructures, l’addition dépasse maintenant les 2 milliards $.