Droits de douane: Donald Trump annoncera des allègements pour le secteur automobile

WASHINGTON — Le président américain Donald Trump a signé mardi des décrets qui, selon lui, apporteront un soulagement temporaire à l’industrie automobile, assiégée par de multiples droits de douane qui ont suscité anxiété et inquiétude sur le marché nord-américain.

«Nous voulions simplement les aider à faire face à cette petite transition, à court terme. (…) S’ils ne peuvent pas obtenir de pièces, vous savez que cela concerne un très petit pourcentage; s’ils ne peuvent pas obtenir de pièces, nous ne voulions pas les pénaliser», a déclaré M. Trump aux journalistes à la Maison-Blanche.

Lors d’une conférence téléphonique avec des journalistes, un responsable du département du Commerce a mentionné que l’administration offrirait aux constructeurs automobiles qui terminent leurs véhicules aux États-Unis une remise sur les pièces automobiles importées égale à 15 % du prix de détail du véhicule. Cette remise serait ramenée à 10 % l’année suivante.

Un droit de douane de 25 % sur les pièces automobiles devait entrer en vigueur le mois prochain. Le responsable du Commerce a précisé que cette modification compenserait son impact.

Au début du mois, M. Trump a imposé des droits de douane de 25 % sur les importations de véhicules aux États-Unis. Les constructeurs visés par ces droits de douane sont aussi touchés par les surtaxes de 25 % imposées sur l’aluminium et l’acier, ainsi que des droits de douane universels de 10 % et des taxes de 145 % sur les importations chinoises.

Le président américain a signé mardi un deuxième décret afin que les entreprises payant les droits de douane sur les véhicules automobiles ne voient pas d’autres droits de douane, notamment ceux sur l’acier et l’aluminium, se cumuler.

Le secrétaire au Trésor, Scott Bessent, a affirmé que M. Trump était déterminé à ramener la production automobile aux États-Unis.

M. Bessent a assuré, lors d’un point de presse à la Maison-Blanche, que le gouvernement veut «permettre aux constructeurs automobiles d’y parvenir rapidement et efficacement, et de créer autant d’emplois que possible».

Un impact difficile à évaluer

L’impact global de cette mesure sur l’industrie automobile canadienne n’était pas encore clair, car elle a bénéficié d’une exemption partielle des droits de douane imposés par M. Trump pour les véhicules conformes à l’Accord commercial Canada-États-Unis-Mexique (ACEUM). Les droits actuels ne touchent que la valeur des pièces non américaines des véhicules fabriqués au Canada.

Candace Laing, présidente et cheffe de la direction de la Chambre de commerce du Canada, a souligné que l’incertitude persistante des droits de douane imposés par M. Trump freine les investissements et les affaires au Canada et aux États-Unis. Seule la suppression des droits de douane apportera un réel soulagement, a-t-elle ajouté.

«Les travailleurs, usines et investisseurs du secteur automobile nord-américain ne peuvent prédire l’humeur de l’administration américaine d’un jour à l’autre, a affirmé Mme Laing dans un communiqué. Les plans d’affaires sont mis sur pause. La pression sur les prix augmente.»

M. Bessent a indiqué que le président avait rencontré des constructeurs automobiles nationaux et étrangers.

La présidente-directrice générale de General Motors, Mary Barra, a déclaré que l’entreprise appréciait les «conversations productives» avec M. Trump et son administration et se réjouissait de «continuer à collaborer».

«Nous pensons que le leadership du président contribue à l’égalité des chances pour des entreprises comme GM et nous permet d’investir encore davantage dans l’économie américaine», a souligné Mme Barra dans un communiqué envoyé par courriel en réponse à l’annonce de la Maison-Blanche.

Six des plus grands groupes de pression de l’industrie automobile ont adressé une lettre à l’administration Trump la semaine dernière, réclamant un allègement des droits de douane et mettant en garde contre les perturbations de la chaîne d’approvisionnement et la hausse des prix. La lettre précisait que «la plupart des fournisseurs automobiles ne sont pas préparés à une perturbation brutale due aux droits de douane».

«Nombreux sont ceux qui sont déjà en difficulté et risquent des arrêts de production, des licenciements et la faillite», affirme la lettre, dont les signataires incluent l’Alliance pour l’innovation automobile, qui représente tous les grands constructeurs automobiles américains, à l’exception de Tesla.

Cette annonce intervient alors que Donald Trump se rendait au cœur de l’industrie automobile américaine pour un rassemblement dans le Michigan, afin de célébrer les 100 premiers jours de son administration.

Le Michigan abrite les trois géants du secteur automobile – Ford, General Motors et Chrysler, désormais intégré à Stellantis – qui ont tous fait pression sur le président contre l’imposition de droits de douane qui bouleverseraient l’industrie automobile nord-américaine, profondément intégrée.

Matt Blunt, président de l’American Automotive Policy Council, qui représente les trois géants, a indiqué que l’application de plusieurs droits de douane à un même produit suscitait de vives inquiétudes. John Elkann, président de Stellantis, a déclaré que l’entreprise appréciait l’allègement tarifaire.

«Alors que nous évaluons l’impact des politiques tarifaires sur nos activités en Amérique du Nord, nous nous réjouissons de poursuivre notre collaboration avec l’administration américaine afin de renforcer la compétitivité de l’industrie automobile américaine et de stimuler les exportations», a soutenu M. Elkann dans un communiqué envoyé par courriel.

Des économies liées

Donald Trump a affirmé que le Canada accaparait des emplois dans le secteur automobile américain, mais les deux pays développent l’industrie conjointement depuis le début des années 1900. L’intégration a été renforcée par le Pacte de l’automobile de 1965 entre le Canada et les États-Unis.

L’ACEUM, négocié sous la première administration Trump, a renforcé les protections pour l’industrie automobile. Les véhicules peuvent traverser la frontière plusieurs fois avant d’en arriver au produit fini, mais les droits de douane imposés par le président américain ont semé la confusion et l’inquiétude des deux côtés de la frontière canado-américaine.

«Que l’administration américaine l’accepte ou non, nos économies sont liées, et une chaîne d’approvisionnement brisée ne se répare pas facilement», a fait valoir M. Laing.

Anderson Economic Group, un cabinet de conseil du Michigan, a estimé plus tôt ce mois-ci qu’une augmentation de 5000 $ US (plus de 6900 $ CAN) pourrait être appliquée aux voitures américaines les moins chères et jusqu’à 12 000 $ US (environ 16 600 $ CAN) pour les VUS grand format. Les droits de douane imposés par le locataire de la Maison-Blanche ont depuis rapidement évolué.

— Avec des informations de l’Associated Press