Augmenter le pouvoir d’achat des aînés sera «la première exigence» du Bloc

MONTEBELLO — Le Bloc québécois aura comme principal cheval de bataille lors de la rentrée parlementaire l’augmentation des pensions des aînés de 65 à 74 ans, au même niveau que celles versées aux 75 ans et plus, au point d’en faire une monnaie d’échange contre un appui permettant aux libéraux de se maintenir au pouvoir lors d’un vote de confiance.

«Vous voulez savoir ce que vont être nos exigences en rentrant? C’est clairement la première», a déclaré mardi le chef bloquiste Yves-François Blanchet, entouré de ses députés au terme de leur caucus présessionnel de deux jours, à Montebello, en Outaouais.

Les bloquistes veulent en fait que le gouvernement fasse accorder la recommandation royale à leur projet de loi C-319. Cela est nécessaire pour tout projet de loi ayant une incidence budgétaire et qui émane d’un député, comme c’est le cas ici. Sans cela, le règlement de la Chambre prévoit que le président mettra un terme aux délibérations et le jugera irrecevable.

Ils ont aussi fait savoir que d’obtenir davantage de pouvoirs pour le Québec en matière d’immigration pourrait également permettre de danser un tango parlementaire lorsque la survie du gouvernement libéral sera mise à l’épreuve.

Questionné sur l’impression de vouloir maintenir les libéraux au pouvoir, M. Blanchet a expliqué qu’il refuse de «laisser tomber (…) des dizaines ou des centaines de milliers» de retraités dont il pourrait «forcer» l’amélioration du pouvoir d’achat.

Il a noté que les bloquistes jouissent d’ailleurs d’une confortable avance dans les intentions de vote et qu’il est impatient d’en découdre avec ses adversaires en campagne électorale. Or, travailler à provoquer des élections ne serait pas «un comportement responsable», a-t-il tranché.

À l’autre bout du pays, à Nanaimo, en Colombie-Britannique, où les libéraux ont rassemblé leur députation, le ministre de l’Immigration, Marc Miller, a qualifié les bloquistes de «trouble-fêtes».

«Ils se pensent parfois les porte-parole des Québécois. C’est le cas en partie: on a plus de députés québécois au Parti libéral qu’ils en ont au sein de leur parti. On a notre mot à dire.»

Et même si les bloquistes «veulent détruire mon pays, le Canada», son parti est prêt à travailler avec eux pourvu qu’ils partagent «une vision commune du Canada». Cette offre s’applique également en ce qui a trait au Nouveau Parti démocratique, a-t-il ajouté.

Les bloquistes souhaitent en fait profiter de leur rapport de force retrouvé grâce au récent déchirement de l’entente qui permettait depuis plus de deux ans aux libéraux de se maintenir au pouvoir avec l’appui des néo-démocrates.

«On a une poignée extraordinaire, a dit leur chef. C’est un gouvernement minoritaire qui vient de redevenir un gouvernement minoritaire.»

M. Blanchet a bien rigolé lorsque la presse parlementaire lui a fait remarquer le décor de la conférence de presse, son podium étant installé devant une arche de mariage et à quelques pas d’un chapiteau. Qu’est-ce que cela lui inspire sur le plan politique?

«Je ne prendrai pas le risque de nous aventurer dans plus que des votes momentanés qui pourraient s’avérer du côté des libéraux, comme qui pourraient s’avérer du côté des conservateurs, avec pour condition que ce soit bon pour le Québec», a-t-il répondu.

Les députés de toutes les formations politiques reconnues aux Communes se rassemblent cette semaine en caucus présessionnels pour préparer la rentrée parlementaire, lundi prochain.

– Avec des informations d’Émilie Bergeron, à Nanaimo, en Colombie-Britannique