Une table vietnamienne gastronomique à Sainte-Anne-de-la-Pérade

SAINTE-ANNE-DE-LA-PÉRADE. Le restaurant vietnamien Plateau Grand-Duc de Sainte-Anne-de-la-Pérade a reçu le Coup de cœur des Prix Prestige de la MRC des Chenaux. Depuis 2022, la famille Tu sert des plats que l’on retrouverait sur la table d’une famille au Vietnam. Tourisme des Chenaux décrit l’établissement comme un joyau de la région.

« Je vois ça plus comme un joyau brut, indique le chef Hien-Thong Tu. C’est quelque chose que j’apprécie comme un surnom qu’ils nous donnent. Si vous venez, vous allez découvrir quelque chose qui est vraiment raffiné. On est dans un coin éloigné du village, les gens ne s’attendent pas à trouver un restaurant d’une telle valeur. »

« C’est de la fine cuisine quotidienne », décrit le propriétaire Vi-Thanh Tu, satisfait de cette formulation qui décrit bien l’inspiration des plats apprêtés au Plateau Grand-Duc qui se distingue des chaînes de restaurants dits asiatiques qui sont plus près de la restauration rapide.

« C’est de la cuisine traditionnelle en gardant l’âme de la cuisine vietnamienne. La nourriture vietnamienne, c’est parfumé floral. C’est très subtil comme goût. Notre fils prend les recettes de grand-père et grand-mère et les remanipule avec des épices subtiles. Le mariage de combinaisons fait en sorte que c’est simple, mais tellement efficace. Je considère que quand c’est bon, ça veut dire que tu peux en manger pendant une semaine. »

La famille Tu veut rester fidèle aux recette originales tout en intégrant les produits disponibles auprès des producteurs locaux.

« Le Vietnam du Sud, ce sont des terres très fertiles, des champs de riz à perte de vue. C’est l’abondance, les fruits, légumes, tout est frais et rapidement accessible. Il y a toutes les recettes qu’on ramène, puis on compose avec ce qu’on a ici, et on arrive à rester fidèle à l’original. C’est pour ça qu’on arrive à un prix très raisonnable pour la gamme de produits qu’on a. »

Toujours dans l’optique d’encourager les producteurs locaux, on sert les bières locales de la microbrasserie les Grands bois de Saint-Casimir et on s’apprête à offrir les vins du Domaine Joriane de Saint-Narcisse.

Les clients peuvent aussi repartir avec quelques plats sous vide à emporter.

Un fin palais

La cuisine est une passion pour toute la famille Tu, mais c’est une condition particulière du fils, Hien-Thong, qui l’incite à se lancer dans le domaine de l’alimentation.

« J’ai un palais qui goûte plus en profondeur et en étapes, explique Hien-Thong. C’est ça que j’essaie de recréer dans les plats. » 

En ouvrant le restaurant, la famille Tu devait se démarquer de la compétition. « On doit faire quelque chose qui est différent des autres, être une coche au-dessus, poursuit le père Vi-Thanh. On a commencé par développer de bons produits de qualité. On les fait tel qu’on les mange à la maison. On vendait à Québec des plats sous vide et surgelés. On a élaboré assez de menus, puis on a décidé d’ouvrir le restaurant. »

La première année ne s’est pas déroulée comme prévu et le restaurant n’a pas remporté le succès escompté, mais la famille s’est retroussé les manches et a rouvert le restaurant dans un meilleur contexte.

« On a fait l’acquisition en 2022. Notre fils a acheté le bâtisse et durant l’été, on a développé nos produits, on a fait des tests. Grâce à toutes nos connaissances, on arrive à développer quelque chose qui sort de l’ordinaire. On est reparti avec un peu d’affichage et le bouche à oreilles. L’appui de la MRC nous donne du vent dans les voiles. »

Une famille enracinée dans sa communauté

M. Tu immigre au Canada en 1979 dans un contexte difficile pour son pays d’origine et sa famille.

« J’ai quitté le Vietnam à 14 ans après la guerre. Je suis l’éclaireur pour la famille, le premier à quitter en cachette. Beaucoup de monde quitte pour des questions politiques. J’étais dans les boat people. Je suis arrivé au Canada. L’ambassadeur du Canada prenait tous les jeunes mineurs célibataires. »

La Mauricie n’est pas le premier endroit qu’il découvre en sol nord-américain.

« On m’a envoyé à Chicoutimi. J’ai fait mon cours en architecture au Cégep de Chicoutimi. J’ai eu une bourse d’études, je suis allé à l’UQAM, en design de l’environnement, J’ai travaillé deux ans en urbanisme à Jonquière. Après, j’ai continué de travailler comme ingénieur en structure. Pendant dix ans, j’ai travaillé beaucoup sur des projets dans le nord pour des communautés autochtones: traînement des eaux, développement résidentiel, j’ai fait pas mal de choses. »

Il passe ensuite une dizaine d’années dans la région de Québec avant d’ouvrir le restaurant à Sainte-Anne-de-la-Pérade où lui et sa famille s’impliquent de différentes manières: en contribuant au Frigo partage, au Club optimiste et à la Corporation de développement communautaire (CDC) des Chenaux.

Projets

Les projets ne manquent pas pour la famille Tu qui aimerait offrir une expérience supplémentaire à la clientèle.

« L’année prochaine, on veut aménager le terrain pour que les gens puissent venir manger et se promener, profiter du bel endroit. C’est grand, c’est beau, tout est boisé et gazonné. Pour la thématique, je pourrais ramener l’histoire du village d’antan, le Village-d’Orvilliers. Il pourrait y avoir des sections, un coin poésie. Il y a plein de trucs artistiques qu’on pense à faire. »

L’idée d’organiser des soupers thématiques sur une base régulière fait aussi partie des projets du fils de la famille.

« J’aime ça faire goûter des trucs moins connus ou pas connus pantoute, souligne Hien-Thong, ou des plats culinaires perdus du Vietnam, qu’on ne mettrait pas au menu tout le temps. » 

Une portion conférence pourrait compléter l’activité.

« Tout le monde va manger la même chose et on va raconter d’où ça vient, ajoute Vi-Thanh. Ça intéresse beaucoup les gens. On peut faire des soirées pour une trentaine de personnes, pas beaucoup plus. Le souper thématique est consacré à goûter et discuter de ce qu’on mange. En petit groupe, c’est parfait. »

Un événement culinaire estival pourrait aussi être mis sur pied, le Petit Vietnam, qui se déroulerait sur un week-end.

« On recréerait l’ambiance de la cuisine de rue, indique Hien-Thong. Les gens circuleraient puis on aurait des kiosques avec des plats typiques de festivité. »

Un de ces kiosques pourrait proposer des breuvages vietnamiens.

« Le coco, le jus de canne à sucre, la limonade vietnamienne. C’est un projet auquel je tiens beaucoup, conclut Vi-Thanh. Le but c’est de partager, faire vivre une expérience culinaire, simplement. »