Une Classique sans canotiers?

MAURICIE. Autre rebondissement dans la saga de la Classique internationale de canots de la Mauricie au cours de la dernière semaine alors qu’on apprenait que la requête des gouverneurs de la Classique afin d’obtenir les pouvoirs de l’organisation a été refusée en Cour supérieure. Toutefois, la formation d’un nouveau conseil d’administration (CA) permettait de poursuivre l’événement dans la légalité.

Une assemblée générale a donc été planifiée en toute hâte le 20 mai dernier, et six membres ont été nommés au sein du nouveau CA, dont Jacques St-Pierre à la présidence, et deux postes demeure à pourvoir. Certains d’entre eux ont d’ailleurs déjà fait partie d’un conseil d’administration de la Classique.

« Les gouverneurs de la Classique ont confiance que ces nouveaux administrateurs vont mettre tous les efforts pour la mise en œuvre de cet événement en 2024 et en assurer la pérennité au cours des années qui suivront, indique le Bureau des gouverneurs, par voie de communiqué. La tâche à venir constitue un défi majeur, mais nous sommes assurés qu’ils sauront le relever. Quant à nous, gouverneurs, notre mandat se termine avec l’élection de ce conseil d’administration. Cependant, si les administrateurs font appel à notre soutien, nous répondrons présents. »

Depuis plusieurs semaines, Icimédias a tenté de parler avec le gouverneur Yvan Magny, sans obtenir de retour. Puis au cours de la dernière semaine, le nouveau président Jacques St-Pierre également n’a pas donné suite à nos demandes.

Rappelons qu’après la tenue de l’événement en 2023, la Classique avait un déficit de 450 000$. Plusieurs partenaires n’ont pu être remboursés pour leurs services, et les villes de Shawinigan et La Tuque ont perdu leur caution de 55 000$.

Vers un boycottage des canotiers?

Plusieurs éléments demeurent à déterminer pour la tenue d’un événement ou non en 2024. À la lumière des discussions que nous avons eues avec de nombreux canotiers, il semble que la communauté du canot se dirige vers un boycottage de l’événement.

Un seul canotier parmi ceux sondés a confirmé qu’il allait participer à la Classique si Classique il y a, même s’il trouve « désolant de voir tout ce qui s’est passé. »

Un autre veut attendre de voir la suite des choses qui sera annoncée par le nouveau CA.

Sinon, tous les autres canotiers sondés ne voulaient pas participer à un événement qui serait organisé par les gouverneurs du passé, soupçonnant même de la fraude liée avec le déficit.

D’autres indiquent ne pas avoir de motivation pour l’entraînement en ce début de saison puisqu’aucun événement n’est encore officiellement annoncé. « Ça commence à être tard pour annoncer une Classique! », opine un autre.

D’autres canotiers n’ont pas aimé la façon dont les gouverneurs ont réalisé l’assemblée générale pour former un nouveau CA sans les consulter… encore une fois. « Ils (les gouverneurs) ont encore fait les démarches par en dessous. »

Le président de l’ACCQ commente le dossier

C’est Alex Bordeleau qui a été nommé à la présidence de l’Association des coureurs en canot du Québec (ACCQ) en février dernier, et ce dernier corrobore le sondage maison réalisé avec les canotiers. « J’ai le même son de cloche des membres de l’ACCQ. Plusieurs ont l’intention de boycotter la Classique. Ça n’a pas fait l’affaire de beaucoup de monde le fait que le Festival de la rivière voulait reprendre l’événement avec des gens qui connaissent le canot et avec un président sérieux en Jérémy Léveillé, et que ça n’a pas fonctionné. Ç’a été plusieurs douches froides depuis que les gouverneurs sont arrivés dans le portrait. Les canotiers sont vraiment tannés malheureusement. »

M. Bordeleau affirme que pour une première fois, le CA de la Classique a cogné à la porte de l’ACCQ pour une rencontre dont la date n’a pas été encore déterminée. « On ne sait pas de quoi ils veulent discuter. La Classique n’a pas encore tout le CA de complet, et on a demandé à ce que le CA en entier soit présent. Ils n’ont pas pensé à inviter l’ACRQ (association des coureurs en rabaska du Québec) et on leur a signifié que c’était important que l’ACRQ soit présente. Ils sont convaincus d’avoir la population avec eux et les canotiers, on a l’impression qu’ils sont un peu déconnectés. Les canotiers en ont gros sur le cœur, ça sera difficile de les ramener. L’ACCQ a une ouverture pour laisser la chance au coureur, mais on sait que plusieurs canotiers n’y seront pas. »