Paramédics de Mékinac: une pétition pour abolir les horaires de faction
La Fraternité des paramédics de Saint-Tite veut sensibiliser la population à la situation des horaires de faction qui prévaut encore afin qu’elle joigne sa voix à celle des élus en signant la pétition qui a recueilli 760 signatures en date du 7 août.
« Nous souhaitons que les citoyens se joignent à nos démarches en partageant cette situation, indique le président de la Fraternité des paramédics de Saint-Tite, Léo Ricard, par voie de communiqué. Plus nous serons nombreux à dénoncer cette réalité peu connue, plus il sera difficile pour nos représentants du ministère de nous ignorer. L’iniquité que subit la population de notre territoire doit être dénoncée et des mesures doivent être prises par le ministère à cet effet. »
La Fraternité avait obtenu l’appui du conseil des maires de la MRC de Mékinac à la séance publique du 17 avril. Depuis, les municipalités de Saint-Tite, Hérouxville, Trois Rives, Saint-Séverin et Lac-aux -Sables ont voté des résolutions de soutien. « Nous sommes dans l’attente des lettres des autres municipalités de la MRC », particulièrement Grandes-Piles et Saint-Roch-de-Mékinac, desservies par le service ambulancier de Saint-Tite.
Le CIUSSS MCQ précise qu’une analyse détaillée de la couverture ambulancière est effectuée chaque année en fonction du volume et de la durée des transports. Une nouvelle demande de financement sera déposée d’ici septembre au ministère de la Santé et des Services sociaux en vue de transformer l’horaire de faction en horaire « à l’heure ».
Le nombre d’appels a augmenté
M. Ricard rappelle que ce type d’horaire a été introduit de façon temporaire en 1988 pour contrer une pénurie de main d’œuvre.
« En 2024, la réalité est bien différente. La population s’est élargie. Saint-Tite et ses alentours comptent en majorité une population vieillissante. Sachant que nos personnes âgées sont celles qui ont le plus souvent recours à nos services, le nombre d’appels augmentent ainsi au fil des années. Cela doit donc être ajusté. Nous ne demandons pas de hausses salariales ou plus d’avantages sociaux. Nous voulons seulement permettre à nos paramédics de partir plus rapidement de façon à améliorer les soins prodigués à la population. L’horaire de faction est le pire horaire que peut avoir une population desservie par un service ambulancier. »
En soirée et durant la nuit, plus précisément de 18 h à 8 h, les paramédics sont « de garde ». Lorsqu’ils reçoivent un appel, le temps qu’ils se dirigent vers la caserne augmente le délai d’intervention.
« En effet, nos paramédics demeurent à leur domicile et attendent le moment où les appels leur sont attribués. Ils se mettent ensuite en direction de la caserne afin de prendre place à bord de l’ambulance en compagnie de leur partenaire de travail. Une fois les deux réunis, ils se mettent en route vers la destination de l’appel. Ceci peut prendre jusqu’à 12 minutes dans certaines circonstances, en tenant compte des conditions climatiques, de la circulation et de la période de la journée. Avec l’horaire à l’heure, nos paramédics sont positionnés sur un point de service. Lors de la réception de l’appel, ils se mettent en route dans la minute. »
Diminution occasionnelle de la couverture
De plus, certains quarts de travail doivent être confiés aux services ambulanciers voisins dans certaines circonstances, peut-on lire dans le texte de la pétition.
« Lorsque le volume d’appel prive le paramédic du repos suffisant pour travailler de façon sécuritaire, celui-ci tombe en repos forcé conformément à la loi de la CNESST. Avec l’augmentation du volume d’appel dans la région de Mékinac, cette situation est devenue fréquente. Lors d’un repos forcé, l’ambulance n’ayant plus de paramédic est fermée pour la durée du repos et non disponible pour répondre aux appels. Ce sont les secteurs voisins comme Sainte-Thècle et Grand-Mère qui doivent répondre aux appels d’urgence, augmentant ainsi drastiquement le délai de réponse. »
Le président de la Fraternité des paramédics de Saint-Tite est conscient qu’un retour à un horaire « à l’heure » sur une plus longue période engendrerait une augmentation des coûts mais estime que les enjeux dépassent la simple question financière.
« Plus vite les paramédics seront au chevet du patient, meilleures seront ses chances de s’en sortir vivant. Avec l’horaire de faction, si une personne nécessitant une urgence demeure à plus de 10 km de la caserne, le temps de réponse des paramédics pour arriver sur les lieux va malheureusement dépasser les 15 à 20 minutes. Lors d’un arrêt cardiaque, les chances de réanimation s’estompent de 10 % à chaque minute qui passe. Abolir l’horaire de faction permettrait de sauver de précieuses minutes lors de nos interventions préhospitalières. On reconnaît que mettre plus de paramédics sur le terrain occasionnerait des coûts, mais si nous regardons l’autre côté de la médaille, cela permettrait d’améliorer les soins à notre population en plus d’épargner des coûts au système de santé. »
La pétition peut être consultée sur le site de Change.org.