Martine à la pouponnière

SAINTE-THÈCLE. La technicienne en loisirs Martine Bourgon a à cœur le bien-être des 40 résidents et résidentes du Centre d’hébergement de Sainte-Thècle. Enjouée, pimpante et complètement investie dans son travail, elle recherche constamment de nouvelles idées pour stimuler les bénéficiaires. Sa dernière trouvaille: mettre sur pied une pouponnière.

Après avoir longtemps travaillé en administration au CIUSSS et opéré une garderie en milieu familial, Martine est retournée aux études en techniques de loisir.

« Le contact avec la clientèle était très important pour moi. Mon plaisir est d’être auprès des gens, leur apporter du bonheur, la petite étincelle dans le sourire ou le petit plissement de lèvres qui fait qu’on sait qu’on a créé le moment magique. »

Elle est en poste au Centre d’hébergement de Sainte-Thècle depuis avril 2023.

« Je me suis rendu compte que ma clientèle avait un besoin autre que ce qui était déjà en place. J’ai approché la Fondation du Foyer de Sainte-Thècle pour l’achat de poupées et d’animaux mécanisés. J’ai eu une belle réaction des résidents. »

Elle a ensuite poursuivi les démarches, attirée par une initiative de la Fédération québécoise du loisir en institution.

« Lors d’un symposium de la FQLI, je suis allée voir l’approche par la poupée. J’avais déjà un intérêt et j’ai vu que j’étais sur la bonne piste. Ça m’a donné le goût de mousser cette approche-là avec la pouponnière. »

Le projet s’est concrétisé rapidement puisque Martine a pu récupérer une pièce complète lorsqu’on a fermé le fumoir du Centre.

« C’était l’endroit idéal. J’ai acheté du matériel, j’ai choisi la couleur en fonction des couvertures. J’ai une équipe formidable: en deux temps trois mouvements, le peintre a procédé à la peinture.  J’ai installé une petite corde à linge avec des vêtements de bébé, j’ai mis des toutous que j’avais. On a un attrait visuel qui est assez intéressant. »

Une telle approche ne s’adresse pas nécessairement à une clientèle spécifique, selon Martine, mais elle peut rejoindre les résidents à différents degrés.

« Ça peut toucher toute la clientèle. La personne en fauteuil grabataire à qui on dépose la poupée, ça crée parfois une réaction et même un mouvement. Il y a vraiment une magie qui opère avec la poupée. »

À d’autres occasions, il s’agit d’un levier pour entrer en contact avec des résidents.

« J’ai une dame avec qui on a très peu d’interaction, on lui parle et elle ne répond pas. Quand je l’ai amenée juste sur le bord de la porte, elle s’est mise à compter le nombre de vêtements à haute voix. J’étais très surprise. Ç’a créé des interactions. La plupart des dames ici ont eu des enfants. Il y a une connexion. »

Dans un milieu où une partie de la clientèle peut être vulnérable, il est important de ne pas infantiliser les usagers avec les toutous ou les poupées en leur laissant croire qu’il s’agit d’animaux ou d’enfants.

« Quand je la présente, on nomme toujours que c’est une poupée. Ça peut arriver que le résident va confondre la poupée avec un vrai bébé. C’est là qu’il faut être plus alerte parce que ça peut devenir anxiogène. S’il pense que le bébé est réel, il peut réaliser qu’il n’est plus capable de s’en occuper. »

Après avoir observé les réactions positives de deux résidentes, les animaux mécanisés, un chat et un chien, leur ont été confiés.

« On laisse rarement un objet aux résidents parce que ça finit par faire partie des meubles, il n’y a plus le même intérêt. Mais ces deux résidentes-là en prennent soin. Une dame que je trouvais déprimée, depuis qu’elle a le chat, elle le brosse tous les jours, elle lui parle. Depuis qu’on a mis ces animaux-là avec elles, il y a une réduction de l’anxiété et de l’agitation. « 

Martine observe donc des impacts positifs quotidiennement.

« Ça peut aider à diminuer l’anxiété, le stress, la peur et les symptômes comportementaux. On préserve aussi les capacités fonctionnelles et cognitives parce qu’on travaille la dextérité manuelle. Si la personne est agressive, on amène la poupée, elle en prend soin, ça la calme. Parfois on peut retarder ou même éviter de la médication. « 

Certains résidents, moins touchés par ce genre d’initiatives, ont-ils émis certaines réserves?

« Non, c’est bien le contraire. Concrètement ça fait un an que je suis avec les résidents et je me rends compte que ce qui a beaucoup d’impact auprès d’eux ce sont les enfants, les animaux et la musique. Alors de quelle façon je peux amener ça à l’intérieur de l’établissement? C’est un bel outil de travail qui a beaucoup d’avantages. Au Québec ça ne fait pas extrêmement longtemps qu’on l’a mise en place mais en Europe ça doit faire plus de 15 ans. »

L’aménagement de la pouponnière et les activités qui en découlent amènent visiblement de la joie à de nombreux résidents qui sont reconnaissants envers Martine d’avoir mis en œuvre cette initiative originale.