« Ils veulent des chiens végétariens couchés sur des sofas »
SAINT-TITE. Après certaines épreuves de rodéo qu’elle veut voir bannir, la SPCA de Montréal s’attaque maintenant aux élevages de chiens de traîneau dont elle veut un encadrement plus strict en matière de bien-être animal.
Cet automne, l’organisme militant a mis en ligne une pétition demandant au ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) de resserrer les règles dans l’industrie qui compterait au Québec plus de 5000 chiens de traîneau répartis entre 130 établissements.
« Tous les chenils sont déjà réglementés par le MAPAQ. Les normes ont déjà été resserrées il y a quelques années. Nous ne sommes plus comme il y a 15 ans. Selon moi, c’est plus une campagne pour amasser des fonds », estime Martin Massicotte, un des mushers les plus réputés au Québec sur le circuit des compétitions.
Le résident de Saint-Tite possède une vingtaine de chiens de traîneau dans son élevage. S’il reconnaît que des abus aient pu avoir lieu dans certains chenils, il s’agit d’une minorité qui salit toute une communauté plaide-t-il.
« L’étau se resserre de plus en plus sur ces individus-là qui abusent, qui maltraitent ou qui ne donnent pas de bons soins. Moi, je suis membre de l’ISDRA (International Sled Dog Racing Association) qui impose déjà ses propres normes », poursuit le Saint-Titien qui est le seul Québécois à avoir complété l’Iditarod, une course de 1600 km en Alaska réputée pour être la plus difficile au monde.
Dans sa pétition, la SPCA de Montréal demande notamment l’interdiction d’attacher les chiens au bout d’une chaîne, de placer un maximum de six chiens par groupe, d’interdire les barils de plastique comme niche, de limiter le nombre de chiens à 50 par élevage, de stériliser systématiquement les chiens qui ne sont pas destinés à la reproduction, de placer dans des « foyers aimant » les chiens retraités, etc.
« Moi, je n’ai jamais eu de problème avec le bien-être animal parce que plus ton chien va être en santé, plus il va être capable de performer. Présentement, je leur donne tout pour qu’ils aient les meilleurs soins, le meilleur confort sur tout. J’ai un chenil de 20 chiens et je compétitionne contre des gars qui en ont 80 et je ne fais pas plus mal qu’eux autres dans les courses. »
En enclos ou enchaînés?
En Europe, la tendance est de mettre les chiens de traîneau en enclos, comme le demande la SPCA de Montréal, plutôt que les attacher à une chaîne. « Il n’y a aucune étude qui démontre que le chien en enclos a une meilleure santé physique et mentale, souligne le musher de Saint-Tite. Moi, personnellement, j’alterne. Physiquement, un chien à la chaîne va développer beaucoup plus sa musculature et son cardio parce qu’il bouge beaucoup. Par contre, quand il fait chaud, j’aime ça les mettre en enclos parce qu’ils peuvent se mettre à l’ombre totale. »
Sur la proposition de confier à des « foyers aimants » les chiens à la retraite, Martin Massicotte confie le faire lui-même quand il le peut. « J’ai un ami à Sainte-Thècle qui fait des balades en traîneaux pour le plaisir. C’est arrivé que je lui donne de mes retraités. Les chiens de traîneau, c’est comme tes collègues au travail. Il y en a que tu t’attaches plus et d’autres moins. Actuellement, j’en ai une de 14 ans qui vit à la maison. En 2023, la leader de la meute qui était avec moi à l’Iditarod est morte d’un cancer. C’est comme si j’avais perdu un enfant », raconte le musher.
« Si c’était juste de la SPCA Montréal, il n’y aurait plus de chiens de traîneau, plus de chiens policiers. Ça fait 40 000 ans que le chien cohabite avec l’homme et 10 000 ans qu’il est utilisé comme chien de travail. À la SPCA, ils viennent de décider que le chien, c’était un végétarien et que ça devait vivre sur un sofa », conclut Martin Massicotte.