Comment redresser son budget après le temps des fêtes
FINANCES. Janvier a le don de nous ramener les pieds sur terre si on a fait des dépenses au-dessus de nos moyens pendant la période des fêtes et qu’on craint de recevoir notre dernier compte de carte de crédit. Une conseillère budgétaire nous donne ses meilleurs conseils financiers de début d’année.
« Idéalement, ce serait de prévoir le temps des fêtes, prendre de l’avance, explique la conseillère budgétaire Sarah-Kim Lafontaine du Centre d’intervention budgétaire et sociale de la Mauricie. Mais admettons que ça n’a pas été fait, la première étape va être de faire son budget pour faire état de la situation : voir à quel point nos cartes de crédit ont augmenté, est-ce qu’on a pris du retard dans nos comptes. Et après ça, ce serait de faire un plan de match réaliste pour rembourser ces dettes-là. Si on se fait un plan avec un budget, ça nous permet de voir c’est quoi notre marge de manœuvre disponible pour baisser notre endettement. »
Il faut prendre le temps d’analyser quelle somme peut être consacrée à ces remboursements en fonction de nos revenus et de nos autres dépenses pour ne pas simplement déplacer le problème.
« Le but n’est pas de tout rembourser le solde de sa carte de crédit pour qu’après on ait de la misère à faire ses paiements pendant le mois, parce qu’on n’aura pas un regard très précis sur si on rembourse vraiment son endettement ou si on fait un peu n’importe quoi. Ça ne baissera pas l’endettement tant que ça. Se faire un plan réaliste qui tient compte de nos dépenses courantes quand même et de prévoir un remboursement sur notre carte de crédit qu’on ne réutilise pas, idéalement, dont on ne remonte pas le solde. »
Certaines dettes sont plus urgentes à rembourser que d’autres.
« Si on a des retards dans nos comptes courants, si on n’a pas payé son logement, son internet, son téléphone, ç’a un impact : on peut se faire couper un service ou perdre son logement. Ce avec quoi on a un service, on paye ça en premier. Après, on peut se tourner vers des dettes qui ont beaucoup d’intérêt. Si on regarde quelle est l’urgence pour chacune des dettes, il y en a où on a de grosses conséquences à ne pas les payer. Il y en a d’autres où la pire des conséquences, c’est qu’on a un taux d’intérêt qu’on va avoir à payer. »
En consultation budgétaire individuelle, une conseillère comme Mme Lafontaine regardera l’ensemble des dettes de la personne et les classera par ordre de priorité.
« Mais on va aussi entendre ce qui est important pour elle. Par exemple, si la personne avait emprunté à son voisin d’en bas 100 $ pour faire des cadeaux de Noël à ses enfants, ça va peut-être être gênant de ne pas le rembourser même s’il n’y a pas vraiment d’impact légal à court terme. »
Pour Mme Lafontaine, établir un budget demeure la clé pour s’attaquer à la réduction des dettes.
« Il faut toujours commencer par ça parce que c’est le budget qui va nous dire les pistes de solutions possibles. On a beau se dire : je vais avoir un gros montant d’allocations familiales en janvier, je vais pouvoir payer telle ou telle dette, mais si on ne se fait pas de plan, peut-être que cet argent-là était déjà destiné à payer des comptes ou le logement. I faut avoir un plan pour avoir un regard qui tient la route. »
« Les personnes qui étaient déjà vulnérables ont encore moins de marge de manœuvre »
Le Centre d’intervention budgétaire et sociale de la Mauricie (CIBES) reçoit davantage de demandes de consultations individuelles et d’ateliers de groupe ces dernières années. L’augmentation marquée du coût de la vie depuis la pandémie affecte de plus en plus de consommateurs.
« Le coût des logements, on peut s’en parler à quel point ç’a augmenté. Les personnes qui étaient déjà vulnérables ont encore moins de marge de manœuvre. Avant, elles pouvaient couper un peu dans les sorties, dans l’épicerie. Là, c’est tellement rendu cher qu’ils ne peuvent plus faire face au coût de la vie. Les gens sont obligés de prendre des décisions plus drastiques comme couper l’internet, couper un téléphone, ne pas avoir de voiture. »
Une fois établi, le budget devient un outil qu’on devrait garder à jour tout au long de l’année afin de planifier les dépenses qui ne sont ni hebdomadaires ni mensuelles mais qui sont tout de même prévisibles.
« Ces dépenses occasionnelles comme la rentrée scolaire, le temps des fêtes, les vacances d’été, on essaie de les voir dans un ensemble puis de mettre un petit montant de côté à chaque mois pour y faire face sinon on n’a pas le choix de se tourner vers la carte de crédit. On est capable d’avoir une idée de ces dépenses occasionnelles que les gens appellent parfois imprévues. Ce n’est pas exactement ça un imprévu. Un imprévu c’est un frigo qui brise, mais Noël, on sait qu’il va arriver, on sait qu’il y aura des réparations d’autos, donc on essaie de prévoir ça. »
Le CIBES offre, gratuitement ou à coût minime, des consultations budgétaires individuelles ou des ateliers de groupe sous différentes thématiques auprès des organismes communautaires ou même en entreprise.