Ces cache-cous qui réchauffent le coeur

SAINTE-THÈCLE.  L’enseignante de 6e année Nicole Rodrigue de l’école primaire Masson de Sainte-Thècle se trouve devant les élèves de sa classe et transmet des notions de mathématiques. Sans bruit, un élève sort son livre de mathématique pour suivre le cours, mais aussi un tricot, tout comme un autre élève sort aussi ses épingles pour poursuivre sa besogne. Tout au long de l’année, huit élèves tricotent des cache-cous qui, le temps venu, seront remis gratuitement à des itinérants de la région.

Plus de la moitié de la classe de Mme Nicole a voulu embarquer dans le projet qu’elle met de l’avant depuis 2019.

« C’est génial parce que j’adore aider. Les cache-cous pourront aider des gens dans le besoin », exprime le jeune Caleb.

« C’est plate parce que les itinérants n’ont pas d’argent. Au moins avec les cache-cous, ils auront moins froid », avance la petite Myranie, candidement.

« On va donner gratuitement les cache-cous et, en plus, on s’amuse quand on tricote », ajoute Rosemarie.

« Ça va faire plaisir à des gens, puis nous on a du fun en tricotant. On a commencé à tricoter dès la première semaine d’école », avance Maéla.

C’est en voyant la série documentaire Face à la rue de Jean-Marie Lapointe sur l’itinérance que l’enseignante Nicole Rodrigue a voulu mettre son grain de sel afin d’aider des gens dans le besoin. « J’avais écrit une lettre à Jean-Marie Lapointe avec mon conseil de classe. Je ne pouvais pas concevoir que quelqu’un dorme dehors au froid. M. Lapointe m’a référé à un de ses amis, André Leroux, de la maison du père, un organisme pour les itinérants à Montréal. Entre 2019 et 2022, mes élèves avaient tricoté 59 cache-cous qu’on lui a remis. On a commencé ça en 2019 et depuis, on continue ça à chaque année parce que mes élèves embarquent dans le projet », explique Mme Nicole.

Ce n’est quand même pas commun de voir des jeunes de 11 et 12 ans tricoter dans une classe. En plus, on retrouve autant de garçons que de filles qui tricotent dans la classe de Mme Nicole. « C’est relaxant! Quand j’enseigne, ils sont capables d’écouter et de tricoter. Quand ils ont fini un travail, ils commencent à tricoter et ça ne dérange personne. Cette fois-ci, quand on aura assez de cache-cous, on va plutôt contacter un organisme de la région à Shawinigan ou Trois-Rivières qui travaillent avec des personnes en situation d’itinérance pour remettre nos cache-cous. »

L’itinérance vue par les jeunes

L’itinérance est trop souvent empreinte de préjugés. « On pense souvent que ces personnes deviennent itinérantes parce qu’elles boivent ou consomment des drogues, mais on n’est pas loin de l’itinérance. Il peut arriver un coup dur à quelqu’un et pouf, il se ramasse dans la rue », exprime Mme Nicole.

À leur tour, les élèves ont donné leur opinion sur la situation d’itinérance. « Il y a plusieurs raisons et pas seulement une, avance Caleb. Il peut arriver quelque chose dans la vie où tout va chuter. La personne peut perdre son emploi, et elle ne peut plus payer sa maison et ses taxes. »

« Ça peut être à cause d’une séparation. La personne est vraiment triste, elle était mariée et ça coûte cher une séparation », ajoute Louka.

Ce n’est assurément pas parce que les itinérants choisissent de vivre dans la rue qu’ils le sont. « Qui voudrait vivre dans la rue? »

« Ça peut être à cause d’un dégât d’eau ou d’un incendie et la personne n’a plus de place pour vivre. Il n’y a pas un scénario pareil pour une personne dans la rue », conclut Myranie.