Le Domaine seigneurial Sainte-Anne inaugure une nouvelle exposition

SAINTE-ANNE-DE-LA-PÉRADE. “Pouvoirs et racines” s’inspire d’une anecdote selon laquelle un arbre aurait poussé à l’intérieur du manoir à l’époque où le bâtiment avait été laissé à l’abandon. L’exposition dévoile les dynamiques de pouvoir qui ont sculpté la seigneurie et l’identité de ses habitants, mettant en lumière certains grands oubliés.

Voilà plus de 20 ans qu’une nouvelle exposition permanente n’avait pas été présentée aux visiteurs du Domaine seigneurial Sainte-Anne. Depuis 2003, le musée faisait découvrir des personnages ayant habité cet ancien manoir et laissé leurs traces à Sainte-Anne-de-la-Pérade: Madeleine de Verchères, Elizabeth Hale et Honoré Mercier. Ces incontournables font encore partie du parcours, mais on a voulu donner plus d’attention à d’autres, moins connus.

“À travers l’exposition, on aborde les dynamiques de pouvoir, l’influence que ça a eu sur le développement de la communauté de Sainte-Anne-de-la-Pérade, mais aussi sur l’identité des gens, indique la coordonnatrice communications et marketing, Emmanuelle LaBarre. On ne va pas passer à côté de nos fameux personnages, mais on voulait mettre la lumière sur des gens qui ont été oubliés par l’histoire, des gens de pouvoir un peu plus discrets mais qui ont quand même eu un impact important au niveau du développement. On aborde aussi la place des femmes et de la communauté Atikamekw Nehirowisiw qui était ici à l’époque coloniale.”

“Par exemple, Marguerite René-Denis a été seigneuresse pendant 26 ans et on n’a à peu près aucune information sur elle, principalement parce qu’elle était une femme, explique le coordonnateur activités et expositions, Alexandre Pétrin. Il y a aussi Du-Tremblay qui a eu une longue saga judiciaire, qui n’était pas exploré. On leur a donné de la place.”

Le rez-de-chaussée du musée sert d’introduction au régime seigneurial.

“Dans cette pièce-là, on a mis en place les thèmes de la seigneurie, comment ça s’établit mais aussi comment ç’a fini et comment le pouvoir est passé du régime seigneurial et a tranquillement glissé vers le pouvoir municipal.”

“C’est pour mettre la base pour les visiteurs, pour que tout le monde puisse comprendre comment fonctionnaient les seigneuries à l’époque, ajoute Mme LaBarre. On a tous eu ce cours d’ histoire-là mais il y a beaucoup de visiteurs de l’étranger. On veut leur expliquer comment ça fonctionnait.”

Au premier étage, un jeu de table permettra une expérience immersive aux visiteurs.

“Vous allez pouvoir comprendre de manière très simplifiée, en une quinzaine de minutes, les défis de l’implantation, explique M. Pétrin. On incarne un seigneur qui essaie de développer sa seigneurie. Aussi, il y a beaucoup de cartes qui vont permettre de voir les transformations du territoire et l’occupation. On a des artefacts de l’industrie qui commence à s’implanter, qui commence à transformer la vie ici.”

Avec la contribution d’aînés de Sainte-Anne-de-la-Pérade, de nombreux souvenirs des lieux sont partagés.

“Au dernier étage, c’est une mémoire plus vive, il y a encore des gens qui peuvent s’en souvenir. Des témoignages ont été enregistrés de gens qui ont un attachement et qui ont expliqué ce qu’ils venaient faire dans leur jeunesse quand c’était abandonné, d’autres viennent raconter leur mauvais coup quand ils venaient jouer dans la tour.”

Les Jardins de Hale, inaugurés l’été dernier, complètent bien l’exposition dans laquelle on s’attarde davantage sur le côté artistique d’Elizabeth Hale.

“On l’a abordée différemment. C’est une des premières personnes qui va mettre en dessin, en aquarelle, les territoires de l’époque au XIXe siècle. C’est la première personne qui va mettre en images Sainte-Anne-de-la-Pérade. On a voulu rendre hommage à ses dessins et ses croquis.”

“On a une banquette pour que les gens puissent observer les œuvres d’Elizabeth Hale, ajoute Mme LaBarre. On a réussi à récolter une panoplie d’artefacts. La plupart viennent du Musée de la civilisation et de la Société d’histoire de Sainte-Anne-de-la-Pérade. Ils vont être distribués un petit peu partout dans l’exposition.”

En 2021, au moment où l’équipe avait la volonté de renouveler l’exposition du domaine, une opportunité de financement s’est présentée.

“On a saisi cette opportunité-là et on a mis sur pied un projet. Le concept de “Pouvoirs et racines” a très peu changé depuis son idéation. On s’est inspiré de la thématique de l’arbre, de la racine. Vous allez voir ce thème un peu partout. Sur les trois étages du musée, vous allez retrouver, dans les visuels, un tronc qui circule d’un étage à l’autre. Aussi, on voulait qu’on se sente dans une maison de campagne anglaise du XIXe siècle. On est allé chercher des textures de papier peint, on fait des clins d’œil au fait que le bâtiment a déjà été à l’abandon, mais qu’il est très beau.”

L’équipe a mis 2000 heures de travail pour créer la nouvelle exposition et quelques nouveautés viendront la bonifier au cours des prochaines semaines.

“On veut peaufiner et continuer à ajouter des petits trucs, des petites gâteries qu’on veut se faire à nous-mêmes, des idées qu’on a eues et qu’on a dû mettre en priorité moindre, mais ça ne veut pas dire qu’on ne veut pas les réaliser.”

Le Domaine seigneurial Sainte-Anne est ouvert tous les jours de 10 h à 17 h jusqu’au 1er septembre.