«Je sens que toutes les fibres de mon corps ont envie de créer»

CHAMPLAIN. 2020 devait être l’année la plus occupée de l’artiste-peintre Zabel, mais la pandémie de COVID-19 est venue renverser la situation.

Il y a d’abord eu l’annulation de l’Expo-Habitat Mauricie auquel devait prendre part l’artiste-peintre. Il s’agissait d’ailleurs de sa seule présence prévue au Québec cette année.

Les efforts de développement international entrepris par Zabel laissaient aussi entrevoir une belle présence du côté des États-Unis en 2020. Cependant, la pandémie a retardé l’ouverture d’une galerie d’art à New York dont elle est l’une des artistes permanentes. Elle avait également été invitée à exposer des œuvres à l’occasion de la Semaine de la mode de Los Angeles, qui a finalement été annulée.

Elle devait également présenter des œuvres dans trois nouvelles galeries à New York, Los Angeles et San Francisco.

«Tous mes partenaires ont fermé partout à une ou deux semaines d’intervalle les uns des autres. J’ai fini par accepter que ce soit une mauvaise année. C’était un deuil parce que j’étais sur une très belle lancée. Ça s’annonçait pour être ma meilleure année en carrière, confie Zabel. J’ai plus peur pour mes partenaires qui ont encore leurs frais fixes à payer même s’ils sont fermés.»

Dès son retour de Californie vers le 20 février, l’artiste-peintre a rapidement commandé le matériel dont elle avait besoin et a donné un gros coup dans sa production destinée à ces galeries. «J’avais peur que les frontières ferment avant de pouvoir les envoyer. J’ai finalement pu envoyer mes œuvres de justesse avant que les frontières ne ferment.»

Difficile de peindre le bonheur

Dès les premières semaines de la pandémie, l’artiste a été happée par la situation aux quatre coins de la planète, au point de se sentir paralysée, à l’image de l’ensemble de la planète. «J’étais vraiment préoccupée. Pendant un mois, j’ai suivi l’ensemble de la situation et pas seulement au Québec. Dans la vie, je peins le bonheur, mais pendant ce mois, j’étais incapable de peindre le bonheur», confie-t-elle.

Le retour du beau temps et des températures plus clémentes, ainsi que l’énergie différente sur les réseaux sociaux, ont fini par redonner à Zabel le goût de recommencer à peindre et à créer durant le confinement.

«Je sens que toutes les fibres de mon corps ont envie de créer», lance-t-elle.

Il faut dire que ce n’est pas la première fois qu’elle fait une pause dans son art. La dernière fois, c’était à la naissance de son garçon. Elle n’avait rien créé pendant un an. Ça s’était répercuté sur son cheminement de façon positive. Elle en était alors ressortie avec un bagage différent et l’envie de livrer des émotions différentes et encore plus fortes.

«Cette récente pause d’un mois ravive ma passion différemment. Ça me rappelle pourquoi je peins. C’est mon oxygène.»

La Champlainoise profite de l’occasion pour poursuivre son exploration de l’art abstrait auquel elle touche depuis un peu plus d’un an.

«J’avais une surcharge de travail et j’étais bloquée dans une œuvre. Spontanément, j’ai pris une toile vierge et je suis allée complètement ailleurs. Il y a peut-être un peu un filon de ce côté. En ce moment, l’appel de l’abstrait est plus fort. Je vais continuer avec le style que j’ai déjà, mais j’ai l’impression que l’art abstrait prendra une place en parallèle», explique Zabel.

«En abstraction, on ne contrôle rien. Il faut trouver un juste et nouvel équilibre. Ce sont des émotions pures et il y a une puissance et une énergie particulières qui ressortent dans l’art abstrait. D’ailleurs, de plus en plus, les amoureux que je peins sont entourés d’abstraction et de textures.»

Sur la route

Zabel imaginait que la période de confinement lui donnerait le temps de créer tranquillement, mais avec quatre enfants faisant l’école à la maison et le quotidien qui s’est retrouvé chamboulé du jour au lendemain, les dernières semaines ne se sont pas avérées si tranquilles!

«À ce moment de l’année, on devait être en Nouvelle-Orléans. La route et les voyages, c’est un gros morceau de ma vie. Ma vie est sur la route normalement. Là, on ne sait pas quand on pourra recommencer à voyager. Ma carrière est basée sur la route. J’y suis bien et ça m’inspire», raconte Zabel.

Craint-elle de manquer d’inspiration avec l’absence de voyage qui semble vouloir se prolonger? Non, dit-elle après y avoir réfléchi.

«Je ne crois pas que l’inspiration va se tarir. La route va me manquer parce que ça représente un certain équilibre dans ma vie. Avant la pandémie, je revenais de Californie avec des idées plein la tête. Je voyage aussi un peu sur le web, bien que ce soit différent. Je vais pouvoir prendre le temps de développer ces idées», précise-t-elle.

Et puis, il n’est pas impossible qu’elle arpente plutôt les routes du Québec, si la situation le permet davantage cet été.

«Le besoin de créer et d’innover est très présent en moi en ce moment. Je le sens vibrer très fort», conclut-elle.