Le défi des villages vieillissants

DÉMOGRAPHIE. À l’heure où la population de la Mauricie, et plus particulièrement celle de la MRC de Mékinac, figure parmi les plus vieillissantes au Québec, la plupart des maires du territoire souhaitent attirer de jeunes familles chez eux, en-dehors des grands centres, pour assurer la vitalité de leur municipalité.

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«Ça nous préoccupe tous, c’est certain», indique Annie Pronovost la mairesse de Saint-Tite. «Il faut essayer de faire un peu la Petite Séduction, nous avons de beaux endroits où vivre dans Mékinac. Il y a une qualité de vie qui est différente, tout le monde se connait, il y a un réseau. Nous avons une belle région et en plus il y a de l’emploi», invite-t-elle.

Saint-Tite a élu cette année la première mairesse de son histoire, en plus de rajeunir son conseil municipal, aujourd’hui principalement constitué de femmes. «Nous aurons une vision peut-être différente pour faire la promotion auprès des jeunes familles», estime-t-elle, tout en rappelant néanmoins que la vente de maisons se porte bien à Saint-Tite et que l’effervescence du parc industriel régional profite à sa municipalité.

Quelques chiffres

29,5% de la population de la MRC de Mékinac qui est âgée de 65 ans et plus. Il s’agit de la proportion la plus élevée en Mauricie (23,5%), une région où la population est déjà nettement plus âgée que celle de l’ensemble du Québec.

50,2 ans: Âge moyen dans la MRC de Mékinac. Il s’agit de la moyenne la plus élevée en Mauricie (45,7 ans) et l’une des moyennes les plus élevées parmi l’ensemble des MRC de Québec (41,9%).

-4,7 pour mille: Décroissance de la population de la MRC de Mékinac de 2011 à 2016, soit la plus grande en Mauricie.

*Source: Bulletin statistique régional 2017 de l’Institut statistique du Québec

À Saint-Adelphe, le maire Paul Labranche est conscient du défi qui l’attend depuis un moment. «Nous avons fait un plan de développement local et nous avons adopté une Politique familiale en 2009. C’est de cette façon que nous avons réussi à avoir des initiatives», explique-t-il. Terrain de pétanque, jeux d’eau, bornes de recharge pour véhicules électriques, potagers urbains… «On essaie par tous les moyens de soutenir et de proposer le plus d’initiatives. Il faut oser. Tout ça demande une concertation des organismes du milieu et d’être sans cesse à l’écoute des gens.» L’an dernier, la municipalité a concrétisé son projet de patinoire multifonctionnelle couverte de 600 000$.

Du côté de Saint-Séverin, la mairesse Julie Trépanier se dit elle aussi au fait de la situation. «Saint-Séverin c’est mon village, je l’ai tatoué sur le cœur. Mon but c’est d’attirer le plus possible de jeunes familles», indique-t-elle, tout en rappelant que son conseil municipal est lui-aussi assez jeune. Il y a deux ans, dans le but notamment de contribuer à éviter l’exode vers la ville, Saint-Séverin s’est dotée d’une salle d’entrainement municipale. La mairesse souligne également que dans les petites municipalités, la vitalité tient souvent à l’engagement de bénévoles pour l’organisation d’activités rassembleuses.

De son côté, Notre-Dame-de-Montauban a évité cette année la fermeture de son école primaire de justesse. «Nous voulons mettre des facilités pour attirer les jeunes familles. On sait qu’il y en a et nous voulons les garder avec le maintien de l’école primaire», indique le nouveau maire Serge Deraspe. Le budget 2018 prévoit notamment l’aménagement de deux parcs pour enfants. Pour la création d’emplois, il croit que la municipalité doit miser sur ses richesses, soit les lacs et la nature. «Nous voulons nous concentrer sur les industries de l’avenir. Le développement touristique, l’écotourisme, la mise en valeur des résidus miniers.»

À Sainte-Thècle, le maire Alain Vallée croit que le dynamisme que connait sa communauté passe par le soutien à l’entrepreneuriat. «Il y a cinq ans, on a créé un programme d’aide au démarrage d’entreprise. C’est ce qui a permis à la boulangerie d’être relancée, je pense aussi au garage, à l’entreprise Belle à Croquer qui va doubler sa surface, au café Aux cinq Sœurs qui crée un engouement, au restaurant le Ranch qui va rouvrir, à l’épicerie Grano-Vrac, au dentiste, à l’auberge… Ce programme nous a aidés à soutenir beaucoup de jeunes qui voulaient démarrer une entreprise», explique le maire.

À Lac-aux-Sables, la municipalité dit prendre en main la situation, tant en soutenant les aînés, mais également en créant des partenariats avec le monde scolaire. À Trois-Rives, les élus se sont rencontrés dernièrement pour évaluer la situation. Puis, à Saint-Roch-de-Mékinac, le maire ne se dit pas préoccupé, voyant que tous les terrains le long de la rivière sont vendus.

«Ensemble et rien d’autre!»

C’est en ces mots que le préfet de la MRC de Mékinac et maire d’Hérouxville, Bernard Thompson, a conclu une conférence sur le sujet cet automne organisée par le Comité territorial de développement social de Mékinac et l’Association québécoise des défenses des droits des retraités de Mékinac.

«Il appartient au courage des élus et des personnes assujetties à ces responsabilités socioéconomiques de guider et d’agir», a-t-il exprimé. «Si Mékinac semble vivre une situation démographique dramatique, gardons-nous ici une certaine réserve, car au-delà du drame naît parfois d’heureuses initiatives porteuses d’un meilleur avenir.»

Un comité qui prend la situation en main

DÉMOGRAPHIE. Dirigé par le citoyen engagé Donat Gingras, le Comité territorial de développement social de Mékinac oriente sa démarche vers la recherche de solutions. L’équipe travaille actuellement sur le projet «Nouveaux arrivants dans Mékinac… pour s’assurer une relève».

«J’ai été le lanceur d’alerte en 2011», raconte Donat Gingras, qui avait à l’époque été frappé en découvrant les statistiques peu encourageantes pour la MRC de Mékinac. «La population vieillit. Les citoyens risquent d’y goûter.» Le but n’est pas de s’apitoyer sur le sort de la région, mais plutôt de conscientiser et trouver des solutions.

L’objectif général du projet «Nouveaux arrivants dans Mékinac… pour s’assurer une relève» du comité est d’atténuer l’impact social du déséquilibre démographique que connaît et connaîtra la MRC de Mékinac.

Comment? Premiers contacts, visites exploratoires du territoire, des entreprises et de la communauté, mise de l’avant des avantages de vivre dans Mékinac, etc. Cette démarche nécessiterait évidemment un accompagnement dans le milieu. Il faudra également «convaincre les mékinaçois de la nécessité de participer collectivement aux efforts visant à atténuer les conséquences du déséquilibre démographique, notamment en s’ouvrant à l’arrivée probable de nouveaux venus provenant en bonne partie de l’immigration», soutient le comité.