Adoption: De Bogota à Lac-aux-Sables

COLOMBIE. Le 25 décembre dernier, trois enfants de Lac-aux-Sables recevaient le plus beau cadeau de Noël de leur jeune existence: une famille. 

Quelques heures plus tôt, Marcella (9 ans) et ses deux jeunes frères, Wilson (7 ans) et Deiby (5 ans), arrivaient de Colombie, en compagnie de leurs nouveaux parents: Dominique Lavallée et Pierre-Luc Gendron.

Vivant dans un orphelinat à Bogota, la fratrie espérait depuis près d’un an trouver un nouveau foyer. L’adoption, le couple de Lac-aux-Sables s’y connaît. En 2011, ils recueillaient un jeune bébé de 14 mois né en Thaïlande. Aymeric venait ainsi rejoindre Anaïs, l’aînée née en 2002. «J’ai eu un garçon en 2006 mais il est décédé quatre jours après l’accouchement. Mon conjoint et moi avons décidé que la grossesse, ce n’était plus une option pour agrandir la famille.»

Au départ, Dominique et  Pierre-Luc voulaient en adopter deux pour en avoir quatre au total comme ils l’avaient toujours souhaité. En Colombie, les seules adoptions autorisées étaient dites « spéciales », c’est-à-dire de jeunes enfants handicapés ou des fratries. Informés de la disponibilité de trois enfants qui avaient été retirés de leur famille en raison de négligence, les Gendron-Lavallée doivent décider rapidement: «On ne voulait pas le regretter. On a dit oui. À partir de là, tout s’est déroulé vite», explique l’éducatrice spécialisée à l’école secondaire Paul-Le Jeune.

«Ils s’habillaient le matin et tout de suite, ils s’en allaient jouer dehors dans la neige.» – Dominique Lavallée

Via Skype, durant deux semaines, parents et enfants communiquent quotidiennement pour s’apprivoiser. «Nous leur présentions leurs nouveaux frère et sœur, leur maison, leur chambre, leurs vêtements. Quand nous sommes arrivés là-bas, ils nous appelaient déjà papa et maman.»

Du soccer au hockey

Selon les règles en Colombie, Marcella et Wilson avaient l’âge pour consentir ou non à l’adoption. «Ils étaient prêts car c’est ce qu’ils voulaient.» À partir du  24 novembre, les Sablois sont à Bogota pour régler les détails de l’adoption puis c’est le retour au Québec dans la neige la veille de Noël.

Un peu plus de 5 mois plus tard, les jeunes néo-québécois sont remarquablement adaptés à leur nouvel environnement. Randonnée en raquettes, patinage sur glace, cours de natation, bicyclette, trottinette; les jeunes colombiens se sont acclimatés rapidement aux mœurs québécoises.

«Marcella ne veut jamais manquer une journée d’école et elle se débrouille déjà super bien en français», raconte la maman. De son côté, Wilson qui rêvait de devenir un joueur de soccer professionnel joue maintenant au hockey. Enfin, Deiby connaît tous les prénoms de ses camarades en classe et adore par-dessous tout présenter ses nouveaux amis à ses parents.  Même le rude hiver québécois n’a pas entamé leur enthousiasme. «Lors de la première journée de belle chaleur ce printemps, ils trouvaient qu’il faisait trop chaud», sourit Dominique.

Les nouveaux arrivants aiment parler de leurs souvenirs en Colombie mais jamais pour dire qu’ils s’ennuient. «Il y a un mois, ils se parlaient entre eux en espagnol mais là, ils parlent de plus en plus en français. On a toujours un dictionnaire sur le comptoir pour nous aider. Des fois, on essaie de leur parler dans leur langue et ils rient en disant que nous inventons des mots», souligne Dominique qui ajoute que le plus grand défi pour elle et son conjoint a été l’organisation.

«Nous n’avons jamais été des gens avec un horaire fixe mais là, avec trois enfants qui arrivent d’un seul coup, il faut être plus organisé mais c’est facile car ils sont toujours partants et super agréables. On ne pouvait espérer un meilleur mix entre leur personnalité et ce que nous sommes comme famille», termine-t-elle.